Pdv Eyden

Ce n'est pas normal. Elle ne devrait pas provoquer autant de réaction en moi. Avec elle, j'ai l'impression de me rapprocher de moi-même tout en étant très différent. J'ai envie de la comprendre mais c'est en même temps ce qui me retient d'aller franchement vers elle. Je ne dois pas m'attacher, je ne suis pas fait pour aimer les gens. Ils finissent toujours par souffrir à mes côtés, il me l'a bien dit.

Je sais que je ne réussirai pas à m'endormir. Je suis bien trop occupé à me rappeler la sensation de ses lèvres contre les miennes. Elle m'a vraiment pris au dépourvu une fois de plus. Elle ne m'écoute pas, elle me tient tête et reste têtue mais j'ai l'impression de ne pas réussir à détourner mon regard d'elle depuis que je l'ai rencontré. Tout était si morne et sans intérêt jusqu'à ce qu'elle arrive. Mais la vitesse à laquelle elle arrive à occuper mes pensées m'effraie. Ce n'est pas bon.

Comme en écho à mes pensées, mon téléphone se met à sonner. C'est lui. Je laisse passer trois sonneries pour me préparer mentalement avant de décrocher pour déclarer d'une voix qui se veut neutre :

— Ouais ?

— T'en as mis du temps. Qu'est-ce que tu foutais ?

— Rien, je terminais ma clope. Qu'est-ce que tu veux ?

— Pas avec moi. Je te connais Eyden, tu me caches un truc. C'est encore en rapport avec la fille.

— Ça n'a rien à voir, je grogne.

— Je vois que j'ai touché à quelque chose de sensible. Voyons Eyden, il me semblait t'avoir dit de garder tes distances. Tu sais bien que c'est pour vous deux que je dis ça. Tu ne voudrais pas qu'elle aussi soit blessée par ta faute, si ?

— Non, je souffle.

— Je n'ai pas compris, répète un peu.

— Non, je grommelle avec plus de force.

— Je savais que tu retrouverais la raison. Tu sais ce qu'il te reste à faire Eyden.

Et il raccroche. Il sait y faire pour mettre le chaos dans ma tête en quelques phrases. Mais il a raison, il n'est jamais bon de me fréquenter.

Pourtant, ces derniers temps, j'ai plus que jamais envie d'être un type bien et je sais que la personne qui dort dans la pièce à côté n'est pas étrangère à ce sentiment. Je pousse un profond soupir. Pardonne-moi Hana...