Dix Sept

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Hayden

Je me trouve dans mon bureau quand j'entends la sonnette retentir. Je suis surpris car d'habitude personne ne se sert de celle-ci, vu qu'il y a un interphone vidéo au portail.
Je me dirige vers la porte d'entrée pour voir qui a sonné. Je n'ai pas eu le temps de faire la moitié du trajet, que j'entend Leny hurler :

- Hayden, il y a un petit chaton... je n'entend pas la suite, mon cerveau a déjà compris.
Je finis le chemin qui me sépare d'elle d'un pas plus pressant en me posant des milliers de questions.

Quand j'arrive à la hauteur de Leny, je le découvre torse nu, pieds nus avec juste une serviette autour de la taille.

Je n'ai pas  le temps de lui demander ce qu'il fout comme ça, que mon chaton ouvre les hostilités.

- Vous pouvez m'expliquer !? m'ordonne-t-elle, en pointant son doigt vers mon frère, avec des yeux à vous tuer sur place.

Je passe la main dans mes cheveux et lui réponds :

- Moi aussi j'aimerais bien savoir ce que mon frère fout à moitié à poils ? dis- je sur le ton de la rigolade. Mais avant tout, bonjour à toi aussi Lena rose, indiqué-je avec mon sourire charmeur.
Qu'est ce qui t'amène ?

- Qu'est ce que je viens faire là ? Qu'est ce que vous, vous faisiez hier soir devant le club où je travaille ? Et surtout pourquoi votre frère y était un jour sur deux aussi?

Ok je suis grillé. Je passe devant Leny, qui n'a pas bougé d'un pouce afin de profiter du spectacle qui se joue devant lui.
J'attrape la petite furie par la main et l'emmène dans le salon pour mettre tout ça au clair.

Comme je m'y attends, elle ne se laisse pas vraiment faire, mais je ne lui laisse pas le choix.

Mon squatteur de frère en profite pour s'éclipser. On se retrouvent donc tout les deux, face à face, debout à côté de la table basse. Elle croise les bras sur sa poitrine et me regarde comme si ma dernière heure avait sonné.

J'essaie de me la jouer plus décontracté, même si au fond je ne sais pas du tout comment je vais gérer la situation. Je sais qu'en optant pour cette solution, je vais réussir à la déstabiliser et me donner l'avantage.
Et oui, manipulateur et calculateur en plus d'être un connard...

- Alors ? s'impatiente-t-elle.

- Même si je n'ai pas à me justifier, je vais t'expliquer. Oui, j'étais bien près de ton club hier soir. Mais au risque de te décevoir, cela n'avait rien à voir avec toi. J'accompagnais juste une amie au restaurant.

A ma réponse je la vois se décomposer. Ça en est presque jouissif. Malgré ma position j'arrive encore à m'en sortir !
En réalité, j'étais bien là-bas pour elle. Mais il est hors de question qu'elle le sache.
Quand Wyatt m'a téléphoné pour me dire qu'il avait interrompu une altercation entre elle et un des employés du club, j'ai vu rouge. Je n'ai pas cherché à en savoir plus. J'ai sauté dans ma voiture et suis parti la rejoindre. Quand je suis arrivé sur place, Wyatt m'a dit qu'elle venait de finir et qu'elle s'apprêtait à partir. Alors je suis resté dans ma voiture, juste pour voir si elle allait bien.
Quand j'ai cru qu'elle m'avait repéré, j'ai paniqué et je suis parti.
Bon au moins maintenant j'ai la réponse à la question qui m'a prit la tête toute la nuit...
Elle m'a bien vu !

- Je... non... je ne suis pas déçue, loin de là, arrive-t-elle à répondre tant bien que mal.

Ses bras se serrent un peu plus sur sa poitrine, comme si ils pouvaient la protéger.
Mais ils ne font que souligner un peu plus sa jolie petite poitrine que je ne distinguais pas avant cela, sous son large tee-shirt.
Vu sa tenue, on a l'impression qu'elle n'avait pas l'intention de sortir de chez elle à première vue.
Mais même habillée comme ça, cette nana est sublime.
Elle a juste passé une sorte de collant opaque noir, un tee-shirt d'une couleur improbable et des Cortez noires. Ses cheveux, d'un châtain doré, sont posés sur sa tête comme si elle n'avait pas eu le temps de se coiffer.
Elle a juste un peu de mascara en guise de maquillage, ce qui sublime encore plus ses yeux incroyablement beaux. Et ses lèvres portent un léger gloss rosé, qui me donne envie de les mordiller.
Ouais, il faut que je fasse quelque chose avec cette nana, sinon, je vais en mourir de frustration.

- Pour mon frère, continué-je, c'est une autre histoire que je ne suis pas sûr de vouloir t'expliquer.

- Nan mais vous plaisantez !? Vous pensez que je vais rester comme ça ? Sans réponses ? Parce que monsieur l'arrogant l'a décidé ! Alors là, vous vous mettez le doigt dans l'œil ! me dit-elle en haussant le ton.

- Han naaan ! Vous n'êtes pas cool sérieux ! Vous auriez pu m'attendre pour commencer le spectacle. J'allais me préparer des popcorns et un soda ! s'esclaffe ce salopard de Leny, en passant devant l'entrée du salon.
Je suppose qu'il était parti se changer car il est habillé maintenant.
Malgré son intervention, on ne s'est toujours pas lâché du regard avec la furie et ce fut d'une même voix qu'on lui réponds :

- Toi, ta gueule !
- La ferme !

Bon bien sûr, elle un peu plus poliment que moi.

- Ok, ok, comme vous voulez. Je vais laisser le lion dévorer le chaton dans ce cas, nous dit-il tout en reculant vers la sortie avec les mains levées au-dessus de la tête.

Il ne peut jamais être sérieux celui-là ! Il arrive quand même à me faire marrer, malgré la situation.

- Mais c'est qu'il est comique votre frère ! Franchement, c'est quoi votre délire dans la famille ? Vous avez un problème avec les animaux ?

Nous n'avons toujours pas bougé, comme si nous attendions un signal pour reprendre notre engueulade.

Son corps irradie la fragilité mais a contrario, son visage exprime la colère, limite de la haine, ce qui la rend encore plus sexy à mes yeux.

La porte d'entrée claque, j'en déduis que Leny est parti.
Lena rose est surprise par le bruit , sursaute, et ce retrouve déséquilibré un instant, m'obligeant à la retenir pour qu'elle ne s'étale pas sur ma table basse, en chêne vieilli et en métal, qui est juste derrière elle.

Elle se retrouve donc collée à moi, à mon torse, ses mains posées sur mes  abdominaux, son visage écrasé sur mes pectoraux. Dans cette position elle parait si fragile. La chaleur de son petit corps enivre le mien, de légers picotements s'emparent de ma colonne vertébrale. elle ne bouge pas un cil, sa respiration est saccadée, je sens les battements de son cœur tambourinaient contre sa poitrine.
A cet instant précis, je me sent bien. Une sensation de quiétude m'envahit,relaxante, apaisante.

- Ça va ? lui demandé-je.

N'obtenant aucune réponse, je passe un doigt entre mon torse et son visage et lui souleve le menton.

Ce que je lis dans ses yeux me touche profondément. Un mélange d'épuisement, d'abandon, de lassitude...

Sans la brusquer, je la fais reculer en direction du canapé, l'aide à s'asseoir, me positionne à ses côtés et reprends d'une voix plus douce :

- Écoute chaton. Je la vois tiquer et me reprends. Lena rose, je sais qu'on ne se connaît pas depuis longtemps, mais je vois bien qu'il y a quelque chose qui te tracasse. Je peux t'aider si tu veux ?

Elle a un léger mouvement du à la longue expiration qu'elle laisse sortir de ses poumons, puis me regardel'air abattu.

- Vous ne pouvez pas m'aider.

Je me sens tellement con. Je ne sais pas quoi faire ni quelle réponse lui donner sans passer pour un psychopathe, la faisant surveiller chaque soir depuis des jours.
En deux secondes, elle passe d'une lionne en cage à un chaton apeuré, sans que je ne comprenne pourquoi. Elle semble baisser les armes. Qu'est ce que je fais moi ? Je ne vais pas simplement lui dire de rentrer chez elle, en ignorant son désarroi qui ressemble plus à du désespoir.

Je fais donc ce que moi j'aurais fait à sa place !

- Tu aimes la mer ? Lui demandé-je

****.*****

Lena rose

Je suis assise là, sur son canapé, depuis un temps indéfini. J'ai débarqué chez lui avec l'idée d'en découdre.
Et voilà que je suis finalement humiliée. Une folle furieuse qui venait demander des comptes, à un homme ultra populaire, qui en a rien à foutre de ma petite personne. Je ne sais pas à quoi je m'attendais en venant ici.
Bien sûr qu'il était au resto avec une femme sublime je suppose en plus.
Pourquoi un homme comme lui s'intéresserait à une fille comme moi franchement ?
Je débarque de nulle part, je suis plus que banal, je ne fais pas partie de son monde, je fais partie du commun des mortels.
Après son explication sur sa présence devant le club, mon cerveau s'est arrêté et m'a rappelé à quel point je suis pathétique. Et pour ne rien arranger, je suis encore passé à deux doigts de me ridiculiser en basculant sur sa petite table quand la porte s'est claquée.

Heu... je rêve où il vient de me demander si j'aimais la mer ?

Il pose sa main sur la mienne et comme à chaque fois que cet homme me touche, mon corps tout entier se met à fourmiller.

- Lena rose ? Tu aimes la mer ?

La sensation qu'il me procure... ce que je ressens là tout de suite...
Heu... non non non !
Je retire doucement ma main et réponds enfin :

- Heuu... oui beaucoup. En France j'adorais m'y balader tôt le matin.

Pourquoi je lui dis ça moi ? Je ne veux pas parler de mon passé !

- Intéressant, me dit-il. Dans ce cas, je pense qu'un bon café sur le sable chaud en contemplant la mer te fera le plus grand bien.

Je ne sais pas quoi répondre. Alors je le laisse prendre les choses en mains et quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons derrière la maison, sur sa plage privée, seuls au monde, face à une mer magnifique, qui me fais oublier un instant la catatonie qu'est ma vie.

- Dis moi chaton, qu'est ce que tu viens faire ici, au état Unis ?

Alors là, hors de question que je réponde à son interrogatoire !
Il me regarde avec insistance, je soutiens son regard quelques secondes et je finis par répondre malgré tout.

- Je voulais tenter le rêve américain, répond- je vaguement. Et vous, pourquoi me donner vous ce surnom enfantin ?

- Pour commencer, tu pourrais me tutoyais ! Et chaton !? C'est parce que tes yeux ressemblent à ceux d'un chat. Et maintenant que je te connais un peu mieux, j'ai bien l'impression que ton caractère y ressemble aussi. Fragile mais sauvage, docile mais espiègle, douce et robuste à la fois...

Merde ! Il m'a bien cernée. Je me sens légèrement rougir. Il le remarque et rigole légèrement.

Face à cette incroyable vue que nous offre la mer, il n'est pas le même homme.
Il semble plus apaisé, moins sur la défensive, plus vrai !
Ce qu'il dégage en cet instant est rassurant et sécurisant.

Je pourrais rester des heures à le regarder, ici.
Mais je ne le peux pas. Je dois impérativement me l'interdire.
Je ne dois pas me laisser guider par mes sentiments, un jour ou l'autre ça recommencera... l'amour, celui de mes livres, n'existe pas !

Je décide donc de mettre fin à cette situation, bien trop tentatrice pour moi.

- Je suis désolé pour tous le désagréments que je t'ai causés. Tu avais surement mieux à faire. Je n'ai pas réfléchie avant de venir chez toi, excuse-moi.
Sur ce, je commence à rassembler mes affaires. Je remets mes chaussures que j'avais enlevées pour sentir le sable caresser mes pieds. Je mets la petite bouteille d'eau qu'Hayden m'a donnée avant de sortir de chez lui et je croise son regard en me relevant.

- Tu fais quoi là chaton ? Tu te barres ? Comme ça ?

- Je ne veux pas te déranger plus longtemps.

- Tu ne me dérange pas. Je dirais même que tu m'as rendu un grand service ! Tu as réussie à faire fuir mon frère.

Je souris à sa remarque. C'est vrai que je ne sais toujours pas ce que son frère faisait au club aussi souvent ces derniers jours. Si ça se trouve, ce n'est qu'un concours de circonstances. Je préfére ne pas reposer la question pour ne pas me ridiculiser une nouvelle fois.
Par contre, ce qui est sûr, c'est que je suis bien avec lui ici, et au fond c'est bien ça le problème, il faut que je trouve une excuse pour partir sans paraître impolie.

- Je suis vraiment désolé mais j'ai plusieurs rendez-vous pour visiter des appartements. Il faut vraiment que j'y aille, tu comprends ?
Voilà ! Ce n'est pas tout à fait un mensonge et ça ne fait pas la fille qui veut fuir loin, parce qu'elle est chamboulée par le gars hyper sexy et bestial qui se trouve à côté d'elle.

Il prend mon sac d'une main et de l'autre ma main pour m'aider à me relever. La décharge que je reçois me liquéfie totalement. Afin de me remettre sur mes deux jambes, je me retiens à son bras et me retrouve à quelques centimètres de son visage. Mes yeux sont levés vers lui et les siens plantés dans les miens.

Mon cœur vient de s'arrêter et ma respiration se coupe.

- Hayden, je..., dis-je dans un souffle.
Je, quoi d'ailleurs ?

- Oui chaton, me répond-il en approchant tout doucement ses lèvres des miennes.

C'est sûr ! Je ne vais pas survivre si il m'...

Je n'ai pas le temps de finir ma réflexion, que ses lèvres viennent se poser tendrement sur les miennes.

Je reste là, le temps d'une seconde, en état de choc...

Ses lèvres sont fermes et pulpeuses. Son baiser est doux, il remue légèrement ses lèvres contre les miennes. Je ne suis plus que sensation. Il mordille délicatement ma lèvre inférieure pour m'inciter à entrouvrir la bouche. Je me surprend moi- même à ne lui opposer aucune résistance. Il glisse sa langue sensuellement contre la mienne et presse sa main au creux de mes reins, ce qui intensifie considérablement son baissé.

Mon corps bouillonne, mon cœur va exploser tellement il s'emballe, une sensation de bien-être me submerge.
Il est doux et tendre, il me laisse le temps de parcourir à mon rythme sa langue. Je me sens fondre dans ses bras. Son autre main caresse ma taille et de son pouce vient toucher le bas gauche de mon ventre.
Et là, la réalité me rattrape..., mon passé refait surface comme une gifle. Je le repousse aussi fort que mon corps en est capable et me met à courir loin de lui, loin de ce qui vient de se passer.

Il ne pouvait pas savoir... il a fallu que son pouce se pose là ! A cet endroit précis, celui qui me rappellera toujours ce qui s'est passé, comme une trace indélébile...
Plus jamais je ne pourrais aimer et faire comfiance, pas après ce qu'il s'est passé.

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