Quinze

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Hayden

Je n'ai plus les idées très claires ces derniers jours, j'en ai même oublié mon rendez-vous avec la future actrice que j'ai choisie pour le prochain film que je vais produire et réaliser.
Pourtant, il y a encore quelques semaines, ce projet était très important à mes yeux, il faisait partie de mes priorités.

C'est l'adaptation d'une histoire vraie. Elle raconte l'histoire d'une femme battue, qui met tout en œuvre pour sauver ses enfants. pour cela, elle va devoir commettre l'irréparable.

Quand la secrétaire de ma boîte de production m'a appelé pour me prévenir que mon rendez-vous etait arrivé, je me suis senti très con.
Il faut vraiment que je remette de l'ordre très vite dans ma vie.

Cette histoire de soit-disant paternité, Lena rose qui ne sort pas de ma tête... tout ça me bouffe les neurones et m'empêche de bien faire mon taf.
Putain, la nuit dernière j'ai même rêvé d'elle ! Je la prenais dans chaque pièce de ma baraque. Nan mais sérieux, c'est quoi ce bordel dans ma tête ? Voilà que je fais des rêves érotiques comme un adolescent de quinze ans. A mon âge, c'est limite pathétique quand même.

J'en ai parlé à Leny. J'avais besoin d'en parler à quelqu'un car il fallait absolument que je sorte ces images de mon cerveau.
Ce gros con n'a pas trouvé mieux que de se foutre de ma gueule. Pfffff... merci frangin !
D'après lui, je cite : « Ta bite fait un retour en arrière et réagit comme un puceau ! »
Et comme beaucoup de mecs, il est persuadé que son sexe est relié directement à son cerveau.
Lui c'est sûr, il a encore quinze ans dans sa tête !

Bref, sa solution pour faire sortir mon petit chaton de mes pensées c'est : « Réalise ton fantasme en lui faisant crier ton nom toute une nuit ! »
Au début, je l'ai renvoyé chier, mais plus j'y pense plus je me dis que l'idée n'est peut être pas si conne.
Quand j'y pense je me dis que Je dois juste être frustré de ne pas l'avoir prise quand elle était chez moi. Donc, je vais remédier à ça très vite et ça va me passer .

- Tu m'écoutes brother? Combien de temps je vais devoir jouer les chaperons ?

- Hein ? De quoi tu parles ?

Leny est chez moi depuis que je leur ai demandé, à Wyatt et à lui, de me rendre un service.
Monsieur a décrété, que vu qu'il habite à quarante cinq minutes de chez moi, ça lui faisait trop de route et que c'est donc plus simple de rester squatter chez moi.
Ben voyons il m'aura tout fait celui là.

- Putain mais t'es vraiment ailleurs en ce moment ! Cette nana te retourne plus que la queue mec, méfie toi !

- Ta gueule Leny ! C'est toi aussi, comment veux tu que je me concentre alors que tu passes la moitié de ton temps à te trimbaler à moitié à poil chez moi !? Sérieux, t'es obligé de venir manger en caleçon ? lui dis-je en me marrant légèrement.

- Ouais, ouais... c'est ça... mon corps de rêve te perturbe, c'est tout ! Sinon, ton chaton, je la chaperonne encore combien de temps avant que tu la baises ? Car même si ça m'amuse, j'ai du boulot qui m'attend moi aussi.

Bon, je sais, ce n'est pas très glorieux, mais la seule solution que j'ai trouvée après l'avoir acculée dans le salon privé, a été de la faire surveiller au club par Leny et Wyatt. Pourquoi ? En fait, je n'en sais rien moi même.

- Wyatt va au club ce soir. Je lui ai dit que c'était la dernière fois qu'il avait à y aller. J'ai conscience que tout ça ne mène à rien. Je vais donc vous relever de vos fonctions très vite ! réponds-je à mon frère, l'air las.

- Franchement Hayden, t'es sûr que ce n'est qu'une histoire de cul ? Parce que quand même, faire tout ça pour une nana...
Même si, comme tu nous l'as expliqué, la première fois que tu l'as vue, elle avait l'air perdue, sincère et fragile, ça n'explique pas que tu te prennes la tête comme ça. Depuis quand tu es devenue un bon samaritain ?

- C'est toi même qui me l'a dit Leny ! Tu te souviens ? Bite, puceau, fantasme... et la faire jouir toute la nuit. Après tout sera fini.

- Si tu le dis mec ! C'est toi qui vois !

Nous finissions de manger nos plats Thaï, que j'ai commandés au petit traiteur du coin, car la cuisine et moi, ça fait deux.
Nous ne reparlons pas de tout ce bordel, qui gravite autour de moi. J'avoue que ce moment de répit me fait du bien.
Leny me parle de sa dernière conquête. Un homme plus vieux que lui, ce qui, je crois est une première pour lui.

Il a beau avoir vingt neuf ans, quand une personne lui demande son âge, il répond spontanément vingt Quatre ans comme s'il avait fini par s'en convaincre lui-même.
Il me tue mais il est tellement génial en même temps.

Nous sommes interrompus par la sonnerie de mon téléphone. Je le sors de la poche arrière de mon jeans et décroche sans avoir vraiment pris la peine de regarder qui c'est.

- Allô.

- Hayden ? C'est Wyatt. Je crois que ta nana s'est mise dans la merde.

- Bordel ! Ne bouge pas, j'arrive.

************
Lena rose

Cette soirée me paraît encore plus longue que les autres.
Depuis mes déboires avec Emy et ma remise en place par Marco, je me fais toute petite.
J'ai passé ces cinq derniers jours à venir bosser la boule au ventre.

Marco n'est pas revenu me parler depuis et ce n'est pas plus mal. Sa façon de me regarder ce soir là, de me toucher, m'a retourné l'estomac.

J'ai encore l'impression de sentir ses doigts presser mon menton et ses lèvres au bord des miennes.
Quand je suis rentrée ce soir là, j'ai frotté tellement fort cette partie de mon visage, que je m'en suis fait une égratignure. J'avais besoin d'effacer son odeur qui imprégnait mon être.

Il ne me reste que 30 minutes à tirer et après j'ai enfin deux jours off. Je les attends avec impatience vu la semaine que j'ai passée.

Au programme : recherche d'un appartement, car ça devient urgent. Et le reste du temps me cacher au fond de mon lit, sous ma couette, avec un bon livre et quelques sucreries qui me remonteront le moral.

Après tout, j'en ai bien besoin.

Ce soir, l'homme bizarre qui a l'air de s'ennuyer n'est pas là . Il y a un autre homme, d'âge mûr à la place , qui ne m'a pas quittée des yeux de la soirée. Il se passait la langue sur la lèvre supérieure et m'envoyait constamment des clins d'œil. A un moment, je l'ai même surpris à discuter avec Nick en me pointant du doigt. Instinctivement j'ai bien compris qu'il voulait un moment avec moi en salon privé.
Alors ma colère a spontanément dirigé mes actes, mais avec subtilité.

Vu qu'il était juste devant moi, je me suis mise à éternuer plusieurs fois, tout en reniflant grossièrement en m'essuyant le nez avec ma main droite.
Je sais, ce n'est pas très classe, mais c'était le but.
Et c'est cette main droite que j' ai tendue vers lui pour toucher sa joue.
On a le droit d'avoir un léger contact physique avec les clients parfois, afin qu'ils lâchent un peu plus de pourboires.
Je ne l'avais jamais fait auparavant, mais là c'était une question de survie.
Il était hors de question que je retourne en salon privé.
Et mon plan a fonctionné. Le type m'a regardée avec un air dégoûté, aà sorti un mouchoir en tissu de la pochette de sa veste de smoking, sc'est s'essuyé la joue et il est parti sans demander son reste.
Lena rose 1 Le sale type pervers 0

Mon temps de travail au club est enfin fini pour ce soir. Avant de passer par la loge, je veux voir si Yvanna serait intéressé qu'on aille boire un verre un de ces jours avec moi. C'est la seule fille du club qui n'a pas l'air mauvaise et j'aimerai bien avoir quelqu'un de mon âge avec qui parler de tout et de rien.

Je me suis donc mise à sa recherche.
Elle est descendue de la scène un peu avant moi, je l'ai vu parler avec Nick près du couloir des salons privés, tout près de la loge tout à l'heure.

Je m'y dirige donc assez rapidement, mais je me fais arrêter net par un des videurs, qui tend son bras devant moi et me demande ce que je cherche comme ça.

De quoi il se mêle celui-là ? Je ne fais rien de mal. Je lui réponds donc, que je cherche Yvanna et il me dit :

- Je l'ai vu se diriger vers la loge, elle était en train de chialer, comme toujours.

Mais quel gros con celui-là ma parole. Qu'est ce qu'ils ont tous à nous prendre pour des potiches ?
On a un cœur, des sentiments, on est des êtres humains, comme eux. Est-ce qu'il traiterait sa mère comme ça sérieux?
Voilà ce que je lui dirais si j'avais des couilles. A la place, je lui dis simplement :

- Ok. Merci.
Je commence à me déplacer pour partir vers le lieu qu'il m'a indiqué, mais il me retient par le bras :

- Si un de ces soirs tu as envie de grimper au rideau poulette, fais le moi savoir, je serai ton homme.

Nan mais quel connard puissance mille !
J'extirpe sèchement mon bras de sa prise, en me faisant mal au passage.
Je ne prends même pas la peine de répondre quoi que ce soit à ça et je reprends mon chemin.

Arrivée au niveau de la loge, je ne vois aucune trace d'Yvanna. Je demande aux filles si quelqu'un l'a vu au cas où. Mais non, elle n'est pas encore venue ici, me fais savoir l'une d'entre elles.
Je fais donc demi-tour, quand au croisement d'un couloir j'entends des bruits étouffés, qui ressemble à des chuchotements.
Je ne sais pas pourquoi je me dirige vers ces bruits, mais mon instinct me dit de le faire.

Une fois dans le couloir en question, je ne vois personne, mais j'entends les mêmes bruits plus distinctement cette fois .
Je m'avance alors doucement et j'aperçois une porte d'un salon ouverte. Yvanna se tient là, debout, tétanisée, les joues inondées de larmes, avec Nick face à elle la tenant par la nuque.
Sur le coup, je reste bloquée, sans pouvoir faire autre chose que regarder l'affligeant spectacle qui se joue devant moi.

Nick lui dit :
- Écoute moi bien salope, car c'est la dernière fois que je te préviens. Si la prochaine fois un client te demande une petite faveur qui n'est pas écrite dans le règlement club, tu t'exécutes, ok !? Tu nous dois bien ça ! N'oublie pas qu'on t'a sorti du caniveau. Si nous n'avions pas été là, tu ferais le trottoir à l'heure qu'il est dans ton pays de merde . Alors estime-toi heureuse d'être ici.

Je vois Yvanna hocher la tête. Je suis toujours là, au même endroit, je n'ai pas bougé.

- Maintenant, dégage de ma vue ! Poursuit nick à l'encontre d'Yvanna

Il l'a pousse alors tellement fort, qu'elle manque de justesse de me rentrer dedans.
Quand elle me voit, ses pleurs redoublent d'intensité.
Je ne réfléchis pas, je la prends par la main et la traîne derrière moi tout en courant vers les toilettes réservés aux clientes. Au moment d'y entrer, je me fais projeter contre le mur. Mon dos m'envoit une décharge électrique de douleur et mon souffle se coupe sur le coup de l'impacte.
Mon cerveau n'a pas le temps de bien assimilé ce qu'il se passe, que j'entends une voix menaçante me dire :

- Qu'est ce que tu fou avec elle, toi, la sainte ni touche.

Je comprend alors que c'est a Nick que j'ai a faire . Il a du nous voir partir ensemble et comprendre que j'avais été témoin de la scène.

Il m'attrape par la gorge et me dit entre ses dents :

- Toi aussi tu as besoin d'une piqûre de rappel ? S'il t'arrive quoi que ce soit, personne ne le saura. Tu es seule dans ce pays. Nous le savons. Donc si j'étais toi je ne me ferais pas remarquer.
Un accident est si vite arrivé.

Mes jambes tremblent et ma tête se met à tourner. Je ne sais pas quoi faire ni quoi dire.

- Nick, je ne vois pas de quoi tu parles, je...

- Il y a un problème mesdemoiselles ?

Un homme vient de nous interrompre. Nick me lâche aussitôt, recule et retrouve son visage lisse, celui qu'il montre aux clients.

- Juste un petit souci de personnel Monsieur. Rien de grave, répondis ce dernier.

L'homme me regarde alors et semble me demander, si je vais bien , au travers de son regard brun.
Comme je ne suis pas en position de force, je lui réponds tous bas, que oui, tout allait bien.
C'est le moment que choisit Yvanna pour intervenir enfin :

- Merci pour votre sollicitude monsieur, mais c'est juste un mal entendu.
Elle se tourne ensuite vers Nick et lui dit :

- Nick, tu as mal interprété les choses, je t'assure. Lena rose a juste voulu être gentille avec moi.
Elle m'a vu pleurer quand je suis arrivé dans la loge. Je lui ai expliqué que je m'étais tordu la cheville et elle a donc proposé de m'accompagner aux toilettes pour mettre de l'eau froide sur mon pied. C'est tout.

- Ok, dit Nick, sans vraiment y croire, en faisant demi-tour sans chercher à en savoir plus.

Nous sommes début octobre et l'air frais de cette fin de soirée me fait du bien. Je me dirige, comme d'habitude après le travail, vers mon arrêt de bus, tout en repensant à ce qu'il vient de se passer.
Je me doutais bien que ce club n'était pas ce qu'il semblait être à première vue. Mais je commence vraiment à me rendre compte à quel point...

Je m'assois sur le banc, et profite un peu du calme de fin de soirée qui règne dehors à cette heure si. Je regarde les gens passer et repasser, quand tout à coup, mon regard reste bloqué sur une voiture garer de l'autre côté de la rue, un peu plus haut sur ma droite. Je ne sais pas pourquoi j'ai repéré celle-ci parmi toutes les autres, mais je n'arrive pas à décrocher mon regard de celle ci.

Enfin si, pour être honnête, je sais exactement pourquoi. Elle ressemble étrangement à celle d'Hayden.
Il faut vraiment que j'arrête avec ce mec. Je ne vois pas ce qu'il ferait là de toute façon !

Je m'apprête à changer mon regard de direction, quand le véhicule qui me perturbe tant démarre.

Il se dirige lentement vers moi. Mon cœur saute un battement...
L'homme de mes derniers fantasmes est assis là, dans son gros 4x4. Il Passe devant moi, tourne la tête dans ma direction, me jette un regard indéchiffrable. Oui il accélère en me laissant là avec mes mille questions qui tournent maintenant dans ma tête .
Stupéfaite, j'en reste immobile, sans savoir quoi en penser.

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