Deux

12 minutes de lecture

La voilà ma chance ! J'ai enfin obtenu un entretien d'embauche ! Et franchement je ne m'attendais pas à trouver une telle opportunité : donner des cours de danse dans une école pour jeunes débutants et danseurs confirmés, c'est au delà de ce que j'espérais . En plus, cerise sur le gâteau, je serai également en charge de la création des chorégraphies pour des représentations au-travers de toute la Floride. Si j'obtiens ce poste bien entendu. Le seul hic, c'est que la danse fait partie des choses qui m'ont fait quitter la France, même si je sais pertinemment que je suis faite pour ça. Et que c'est une opportunité en or. C'est une de mes cicatrices encore à la plaie ouverte. Mais je ne peux pas me permettre de passer à coté . Il va donc falloir que je prenne sur moi et mettre mon passé de coté, pour mener à bien ce nouveau projet.

Je me répète donc comme un mantra; que donner des cours n'est pas la même chose que danser pour soi même. Là c'est un travail, qui plus est, dont j'ai absolument besoin. Si je suis honnête avec moi-même, je ne pouvais pas rêver mieux.

Si tout se passe bien, je remplacerai le professeur qui part en congé maternité. La directrice de l'établissement avait l'air emballée par mon CV et a trouvé que c'était un plus pour ses élèves que je sois française. La « French touch » quoi.

C'est en me répétant tout ça que je me prépare pour cet entretien et mets toutes les chances de mon côté.

Le bus est mon seul moyen de transport pour me rendre à Deltona, là où se trouve l'école en question.

Arrivée sur place, je sors mon téléphone et lance mon GPS. Je suis complètement perdue dans cette grande ville. Il faut dire que les États-Unis ce n'est pas la France. Tout y est plus démesuré. Il y a beaucoup plus de monde, ça fourmille de partout. C'est un vrai parcours du combattant pour moi. Je commence à perdre espoir de m'orienter dans ces immense rues, quand, après trente minutes de marche, sous une chaleur étouffante, je vois enfin que mon GPS m'indique que je ne suis plus très loin de ma destination.

— Ah super, me dis-je, à voix haute.

Moi qui ne suis pas branchée nouvelle technologie, ça aà quand même du bon finalement. Au moment où je m'apprête à relever la tête de mon smartphone, je percute quelque chose... Ou peut être quelqu'un. J'ai l'impression que la scène se passe au ralenti. J'essaie de me rattraper tant bien que mal, mais je ne fais qu'empirer les choses. Je vrille sur ma jambe droite et tombe lamentablement au sol, en hurlant presque de douleur. Ce que je ressent dans mon genoux est fulgurant, par réflexe je l'emprisonne dans mes mains en espérant que cela calme la douleur. Quand une voix grave et suave à la fois, me parvient aux oreilles au même moment :

— Mais c'est pas possible, putain, c'est vraiment pas ma journée ! Merde !

OK ! Heu... En effet, ce n'était donc pas quelque chose que j'ai percuté mais bien quelqu'un. Et monsieur n'a vraiment pas l'air content.

— Désolé, je ne vous ai vraiment pas vu, lui dis-je sur un ton pas très rassuré, toujours recroquevillé au sol, la tète penché au dessus de mon genoux blessé. En repoussant le moment ou je vais devoir faire face à cet homme au ton pas très rassurant.

— OK, OK, c'est bon, me dit-il. Tout en disant à son interlocuteur qu'il le rappellera plus tard.

Lui aussi était donc déconcentré par son téléphone finalement! Je ne suis pas la seule fautive !

— Donnez-moi votre main, je vais vous aider à vous relever.

Au moment où je me retourne, la douleur dans mon genou droit ce fait encore plus insupportable. Ce qui me fait poussé un cri strident, qui me surprends moi-même.

— Hey ? Qu'est ce qui vous arrive ? Me demande-t-il. Vous pouvez vous relever ?

— Ben... je n'en sais rien. J'ai une horrible douleur dans le genou mais je vais essayer. Vous voulez bien me redonner votre main que je puisse m'appuyer s'il vous plaît ?

Je perçoit d'abord de lui sa main tendu vers moi et une fois que la mienne est solidement maintenue dans la sienne, je relève vraiment les yeux dans sa direction. C'est à ce moment là que je le regarde vraiment. Et j'en reste quelques secondes sans réaction, bouche bée et hypnotisée par ses yeux. Mince alors, ils sont waouhhh !!!

— Vous allez bien ? L'impact vous a sonné où c'est moi qui vous trouble ? Me dit-il d'un ton sarcastique.

— Heu, non, désolé, c'est juste que... Je.

Je me sens bête tout à coup.

— OK ! C'est quoi encore ce plan ? Si c'était juste pour attirer mon attention ou m'approcher, je vous préviens, ça ne va pas me faire rire très longtemps !

— Quoi ? Lui dis-je sur un ton surpris et énervé à la fois. Mais vous êtes malade ma parole ! Vous pensez sincèrement que je me serais amusée à m'affaler par terre, comme ça, devant tout le monde et surtout me faire mal, juste pour rigoler ?

— J'en sais rien moi. À vous de me le dire, chaton.

Chaton ??? Nan mais il est grave ce mec. Pour qui il se prend ?

— Ok ! On va laisser les chatons où ils sont, lui rétorqué-je.

Tout en avançant tant bien que mal vers un banc tout proche, pour aller m'y asseoir. Si je reste debout encore une seule petite minute, je risque de pleuré à cause de la douleur qui électrise mon genou et au passage me ridiculisé d'avantage face a lui.

— Premièrement, je ne vous ai pas vu ! Lui dis-je en serrant les dents; car... mince, j'ai vraiment très mal.

Il a du s'en rendre compte, il s'approche de moi et sans que je comprenne ce qui ce passe, me soulève sans aucune difficulté; me pose sur le banc en à peine deux enjambées.

— Heu... Merci.

Mais Monsieur n'a pas l'air de décolérer, il reste de glace; debout devant moi , le regard intense et surtout indéchiffrable.

— De deux, lui dis-je, pour briser le silence, je vous signale que vous étiez également au téléphone. Je ne suis donc pas la seule fautive de ce malencontreux accident.

— Et ?

— Et quoi ? Vous faites un caca nerveux, en m'accusant de je ne sais quoi, alors que franchement c'est moi qui en subis les conséquences dans l'histoire. En ce moment même, je devrais être en train de passer un entretien d'embauche. Et au lieu de ça, je me retrouve avec un genou en moins et un gars désagréable qui se prend pour le centre du monde. Merci bien !

J'ai débité ses mots sans même respirer. C'était ça où je me serais mise à pleurer. Je suis à deux doigts, de le faire d'ailleurs ... Super Lena-rose, tu as encore tout gagné...

— Bon ok, je n'ai pas été très sympa mais franchement ce n'est pas la première fois qu'on me rentre dedans en faisant semblant de ne pas me voir. Alors vous pouvez comprendre que je sois un peu agacé et sur mes gardes ?

Je ne comprends rien à ce qu'il me raconte. Il ne sait pas quoi inventer pour justifier son comportement.

Ok, il est plutôt bel homme.

Enfin... Bel homme est un euphémisme.

Il est à tomber par terre, à se damner même je dirais. Et je suis certaine qu'il le sait. Il a des yeux d'un gris foncés, avec un regard paralysant, qui vous scotch sur place. Une peau hâlée qui accentue la profondeur de son regard. Une barbe d'environ trois jours, qu'il a laissé pousser avec négligence et des cheveux châtains qui dépassent de sa casquette mais élégant malgré tout. Et ce que je perçoit de sa stature et tout aussi impressionnant que son visage. Grand, à l'allure un peu désinvolte, des épaules large et bien bâtie. Malgré son jean's, je peux distingué des jambes longue et bien dessinées. Ouais, il est mortellement canon. Ce qui explique probablement son comportement mal aimable et grossier. Mais de là à m'accuser d'avoir fait exprès de le percuter pour l'aborder, il y a des limites à la connerie tout de même, je n'ai plus quinze ans !

— Écoutez, je ne sais pas ce que vous entendez par là, mais personnellement, tout ce que je voulais, c'était me rendre à mon entretien d'embauche. Au lieu de ça, je vais devoir appeler pour expliquer mon absence. Trouver un bus pour me ramener chez moi, puis prier pour qu'on me redonne une chance de me présenter à cet entretien et surtout ... prier pour que la blessure à mon genou ne soit pas grave. J'en ai besoin, mes jambes sont mon outil de travail.

Il me regarde alors, toujours avec méfiance, mais je vois que ma petite tirade a quand même fait mouche.

— Bon ! Je ne vais pas vous laissez repartir comme ça ! Je vous emmène à l'hôpital.

— Heu, non merci. Je ne vais pas à l'hôpital.

— Et pourquoi ça, chaton ?

Faut qu'il arrête avec ses chatons sérieux ! Il a un souci avec les félins ? Il est fétichiste peut être ? J'en sais rien mais ma réflexion me fait sourire.

— Ok, je ne vois pas ce qui vous fait marrer dans ma proposition de vous emmener à l'hôpital ! Et encore moins le fait que vous ne souhaitiez pas y aller.

— Pour dire vrai, lui répondis-je d'un air gêné, je ne peux pas y aller, parce que je n'ai pas d'assurance maladie.

— Je vois ! J'avais bien compris que vous étiez étrangère. Pour être honnête, votre anglais n'est pas super, mais votre accent est... Plutôt mignon, dit-il amusé. Mais de nos jours, tous les étrangers prennent une assurance !

Nan mais de quoi je me mêle ? Il n'est pas possible ce mec ! S'il savait ce qu'il lui dit mon anglais !

— Donc, essayais-je de lui dire calmement, je vais rentrer chez moi et oublier ce qu'il vient de se passer. Et surtout vous oubliez !

Et toc ! Dans tes dents Monsieur l'arrogant.

— Alors chaton, pour le...

Je le coupe net.

— Lena-rose !

— Quoi ?

— Je m'appelle Lena-rose !

— C'est très jolie. Enchanté Lena-rose, mais chaton vous va mieux. Me dit il une lueur de malice dans les yeux et un petit sourire en coin.

Là c'est sur, il m'énerve ! Je préfère ne même pas répondre à ça !

— Donc, je disais, reprend-il, pour le moment vous n'allez nulle part. Je passe un coup de fil et je reviens.

— Sérieusement ?

Mais pour qui se prend-il ?

— Oui sérieusement. Ne bougez pas d'un centimètre, c'est bien compris !

Je crois que je vais commettre un meurtre !

Et pourtant, allez savoir pourquoi, je lui obéis comme une petite fille bien sage et disciplinée. Pff... Quelle imbécile ou trouillarde. Son ordre ne laisse pas de place à l'objection. Du coup, pendant qu'il passe son appel, j'en profite de mon côté pour contacter la directrice de l'école de danse. Je lui explique, grosso modo ce qui s'est passé, sans vraiment rentrer dans les détails. Elle me répond qu'elle est désolée d'apprendre ma mésaventure, mais qu'elle va devoir continuer à chercher quelqu'un pour le poste. Cependant, si toutefois ma blessure n'est pas trop grave, je pourrais la recontacter dès que je serai rétablie, au cas ou le poste ne soit pas pourvu. Je la remercie chaleureusement et raccroche au moment même où le dieu grec arrogant refait son apparition.

— Bon, j'ai eu mon avocat. Il faut quand même que vous consultiez un médecin afin que tout soit en règle. Il faut également que je vous fasse signer un papier qui me protégera, au cas où, l'envie vous prenne de vous retourner contre moi.

Mais c'est quoi ce délire ! Un avocat ! C'est de pire en pire ! On m'avait bien prévenu que les Américains étaient procéduriers, mais quand même, je ne m'attendais à ce que ce soit a ce point.

— Ok Monsieur ! Arrogant et cinglé ! Et j'en passe.

Il s'étrangle presque avec sa salive en entendant ces mots.

— Je ne sais vraiment pas ce qui se passe dans votre tête ! Je vous ai déjà expliqué que je n'ai pas de couverture santé. Je ne peux donc pas voir de médecin. Et en ce qui concerne votre papier, s'il n'y a que ça pour que vous me foutiez la paix, pas de soucis, faites le moi parvenir par e-mail et vous serez tranquille.

— Mais bien sûr ! Vous me prenez pour un débile ou quoi ? Sincèrement ? Vous pensez vraiment que je vais vous laisser partir comme ça et vous envoyer par e-mail le document, en sachant très bien que vous ne me le renverrez jamais.

— Mais mince à la fin ! On ne se connaît pas ! Arrêtez de me juger comme ça et laissez-moi tranquille ! Je ne comprends pas pourquoi vous flipper à ce point-là. Je ne vous ai rien demandé et je ne vous demanderai rien.

Je vois ses poings se serrer à s'en rendre les phalanges toutes blanches. Il prend sur lui et essaie de me le dire à nouveau, le plus calmement possible.

— J'ai bien conscience que nous sommes partis sur de mauvaises bases. Je vais vous demander de me faire confiance s'il vous plaît. Le plus simple serait que vous veniez chez moi. Je vais faire venir mon médecin pour vous examiner et j'en profiterai pour vous transmettre les documents dont j'ai besoin afin que vous les signiez. Je vous expliquerai tout en détails. Vous pourrez me poser toutes les questions que vous voudrez. Mais en attendant, je ne peux pas me permettre de vous laisser partir dans la nature sans avoir de quoi me protéger. Vous comprenez ?

OK, là je panique. Je ne vais quand même pas aller chez lui !? Si ça se trouve, c'est un tueur en série ou je ne sais quoi d'autre. Si je réfléchis bien. Il porte une casquette bien enfoncée sur la tête, qui dissimule son visage. Il est habillé d'un jeans brut, d'un tee-shirt blanc Basic. En gros la parfaite panoplie pour passer inaperçu. Il lui manque juste les lunettes de soleil !

— Désolé ! Mais non ! Je ne viens pas !

— Tu n'as pas compris chaton, me dit-il en s'approchant de moi, bien trop près. Ce n'était pas une question, me susurre-t-il à l'oreille.

Bon ben là, comment dire, j'ai chaud... Et merde, il sent bon en plus... Et ses yeux... Ses yeux !

Nan nan, stop Lena rose, reprend-toi, mince alors.

— Sans vouloir vous vexer, il n'est pas question que je vienne avec vous.

— Bon, ma patience à des limites ! Soit tu m'accompagnes gentiment, soit je t'embarque à ma façon !

Je fais quoi moi ? Je ne peux même me sauver en courant. D'ailleurs je ne peux même pas marcher tout court. Je sens que mon genou a gonflé et il me lance de plus en plus. De toute façon, il ne va pas me kidnapper en plein jour, au milieu de la rue quand même ?

— Je ne sais même pas comment vous vous appelez ? Et comment je saurai qu'il ne va rien m'arriver ? Et de quel droit vous vous permettez de me dire ce que je dois faire et...

— Stop ! Dit-il. Hayden.... c'est mon prénom, et je suis certain que tu le savais déjà ! mais passons. M'apprend-il tout en se rapprochant encore plus de moi l'air de plus en plus agacée.

— Ok, mais heuuuuu...

Je n'ai pas eu le temps de finir ma phrase, qu'il me prend dans ses bras, tout en faisant néanmoins attention à mon genou. Je suis tellement surprise et estomaquée que j'en reste sans mots, ne sachant même pas comment réagir et quoi faire de mon corps. Deux minutes plus tard, on arrive à sa voiture, enfin, plutôt un gros 4×4 noirs aux vitres teintées. Ce qui me fait encore plus paniquer. Le fameux Hayden donc, me dépose délicatement au sol, ouvre la portière et m'aide à m'installer confortablement. Mais la peur me prend et je résiste comme je le peux, vu la blessure de mon genou et le fait que je suis coincé entre lui et la carrosserie. Mon initiative, échoue avant d'avoir pu commencer.

- Ecoute Lena-rose, je me doute que la situation doit être inquiétante pour toi. Mais je te jure que tu ne risques rien. Je veux juste réglé ce problème au plus vite pour que l'on puisse, toi comme moi, retourné à notre routine.

Voilà comment je me retrouve dans sa voiture, sans avoir eu le temps de protester. Néanmoins, pour ma défense, je suis encore sonnée par la situation; sans oublié l'état de mon genou qui m'inquiète.

Me voilà dans une belle galère !

— Attaches-toi, on en a pour trente minutes.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Voici le deuxième chapitre.

Nos deux protagoniste commence fort. Et je peux vous dire que c' est loin être fini.

Si le chapitre vous a plu, âcher un petit cœur et faites moi part de vos commentaires.

A très vite

19/08/2020

N

N

p

o

o

s

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 4 versions.

Vous aimez lire Luxevita ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0