Chapitre XVIII : Enfer personnel.

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[ Charlie ouvre les yeux, elle est enfermée dans l’isolement...

« —Bordel à nénuphars... » grogne t’elle en faisant le tour de la pièce.

Elle fronce les sourcils en comprenant que ce n’est pas l’isolement du bunker, il n’y a aucune porte et aucune vitre... Juste des murs blancs et la solitude.

« —Où est-ce que je suis... ? » se demande t’elle.

« —C’est marrant que tu poses cette question. »

Elle se tourne vers l’intervenant et se renferme en reconnaissant Philippe.

« —Comment est-ce que tu es entrée ? » lui lance t’elle en vérifiant autour d’elle.

« —Sérieusement ? » se moque t’il en lui tournant autour.

L’hybride est calme, les mains dans le dos et le torse relevé.

« —Où est-ce que tu m’as encore emmené ? » elle croise les bras sous sa poitrine.

« —J’avoue, je suis surpris. Je n’aurais jamais pensé que ta pire angoisse était de rester enfermée, seule. »

Il affiche un sourire narquois sous le regard soudainement paniqué de la jeune femme.

« —Ne me dis pas que... » sa voix s’étouffe dans sa gorge.

« —Tu es enfermée ici, seule avec toi même dans ton enfer personnel ! »

Charlie tente de se jeter sur lui mais il l’esquive sans aucune difficulté.

« —Lamentable. Tu es faible et incapable d’obéir aux ordres, quelle honte... » siffle t’il.

Elle s’appuie contre l’un des murs, dévisageant Philippe, elle essaie de cacher la peur qui lui glace le sang.

« —Tu finiras par être oublié, tu seras seule pour le reste de ton immortalité, tu te dessècheras, assoiffée par ton besoin de boire du sang... La mort ne viendra pas pour toi. »

Elle sert les poings, luttant contre l’envie de démembrer l’hybride.

« —Tu n’es pas différente de ta mère Charlie. »

Elle relève ses yeux embrumés.

« —Elle aussi était faible. »

Sa mâchoire se crispe.

« —Je sais ce que tu essaies de faire... Mais ça ne marchera pas sur moi » l’interrompt t’elle froidement « Ma mère était faible mais je suis tout l’inverse de ce qu’elle était. »

Il rit à gorge déployée en s’approchant d’elle.

« —Tu t’es pourtant laissé aveugler par tes sentiments... La fille sans cœur s’est laissée aller, elle a mit de côté sa mission pour laisser l’amour dicter sa conduite. »

La bouche de la jeune femme s’ouvre pour riposter lorsque sa raison la ramène à l’ordre.

« Impossible » songe t’elle « Personne ne peut-être au courant, je suis entrain de rêver... »

« —Oh... Tu crois vraiment ça Charlie ? » son regard s’assombrit.

L’Alpha frissonne mais alors qu’elle pense avoir trouvé la réponse, Philippe la plaque contre le mur. Une douleur fracassante. Charlie pousse un hurlement en regardant la main de l’hybride s’enfoncer dans sa poitrine.

« —Ce n’est pas assez réel pour toi ?! »

Elle sent sa main s’immiscer jusqu’à son cœur, elle sent ses doigts l’entourer, elle les sent se resserrer autour de celui-ci. Les yeux grands ouverts, grimaçant sous la douleur, elle ressent la peur. Philippe ricane en arrachant soudainement le cœur de l’Alpha. Charlie s’effondre, sa tête frappe le sol et sa vue s’assombrit, elle est enveloppée d’un frisson glacial et de solitude... ]

Le corps paralysé par la douleur, Charlie somnole sans parvenir à ouvrir les yeux.

« —Ça te rend faible frangin » lui parvient une voix lointaine.

« —Épargne-moi tes leçons de morale, tu es loin d’être la mieux placée pour me faire cette réflexion ! » s’énerve une autre voix.

La discussion semble venir de loin, elle résonne dans la tête de la jeune femme encore à moitié endormie.

« —Elle nous a ralenti, tu t’es focalisé sur elle plus que sur notre mission ! »

« —Si elle meurt, on perd tous les Bêtas ! Elle est plus importante que n’importe qui ici et je t’interdis de dire le contraire ! »

« —Donc maintenant tu veux me faire croire que c’est uniquement pour son rôle ?! »

« —Bien sûr que non ! » il met quelques instants avant de reprendre plus calmement « Je ne nies pas ce que je ressens mais ça n’empêche en rien qu’elle est indispensable à la mission... » sa voix semble s’affaiblir « Je tiens à elle. »

« —Sans déconner ?! » siffle t’elle.

« —Arrêtes d’être sur la défensive. »

« —Elle s’est servie de moi et toi, tu tombes raide dingue d’elle en moins de deux ! Ne me fais pas croire que tu as des sentiments Erik, je te connais, tu es le type le moins à fleur de peau qui existe ! »

Un long silence s’installe, durant lequel Charlie frissonne d’effrois.

« —Vas t’en » ordonne t’il froidement.

« —Il faut que tu ouvres les yeux et que tu arrêtes de te leurrer... »

« —De me leurrer ?! Tu as le culot de me dire ça alors qu’il n’y a pas moins de trois mois tu rampais à mes pieds pour me supplier de l’épargner ?! » cette fois l’hybride est hors de lui « Tu rejettes tes fautes sur moi, tu es tombée amoureuse et maintenant que tu t’es fait jeter, tu viens cracher ton venin sur moi ! »

« —C’est tellement bas... » siffle la sœur.

Le bruit de la porte se fait entendre, le froid envahie la jeune femme allongée dans le lit. Charlie essaie de parler mais seul un grognement parvient à sortir. Elle sent soudainement la caresse d’une main sur son bras et l’odeur féline de l’hybride.

« —Comment est-ce que tu te sens ? » demande t’il d’une voix soulagée.

L’Alpha ouvre difficilement les yeux, son hybride à ses côtés, l’observant attentivement.

« —Comme si je revenais des enfers... » susurre t’elle un brin ironique « Et toi... ? »

Erik pouffe à sa question.

« —Bien, j’imagine ? » il sourit.

Charlie commence a trembler, elle essaie de retenir les spasmes incontrôlables de son corps mais Erik le remarque. Il dépose avec délicatesse le dos de sa main sur le front de sa belle et fronce les sourcils.

« —Tu es brûlante... » il susurre en s’asseyant à côté d’elle « Ce n’est pas normal... »

« —Ça va... Je me sens bien... » elle essaie de se redresser mais la douleur dans son épaule se réveille.

La jeune femme étouffe son cri dans l’oreiller.

« —Restes tranquille Charlie ! » s’énerve t’il en la voyant pâlir sous la douleur « Pour une fois, obéit. »

Elle pouffe mais grimace d’avantage lorsque la douleur s’amplifie. Le regard de Erik montre une profonde tristesse, il souffre de la voir dans cette état.

« —J’aurais pu éviter ça... » plaide t’il...

« —Arrêtes de dire n’importe quoi » grogne t’elle en serrant sa main dans la sienne malgré le peu de force « Je t’interdis de te torturer pour des conneries... »

« —Ce ne sont pas des conneries Charlie, regarde se qu’ils t’ont fait ! Tu étais quasiment... » il déglutit « Inconsciente quand je t’ai retrouvé... »

« —Mourante serait plus exact ! » ricane une voix masculine derrière l’hybride.

Charlie se liquéfie, son regard se fige sur l’homme derrière Erik.

« —Charlie ? »

« —Ça va... » murmure t’elle difficilement.

« —C’est pas comme si tu voyais des fantômes après tout... » se moque Philippe.

« C’est pas réel... » songe t’elle.

« —Évidemment que je ne suis pas réel ! »

« —Charlie ! » l’intonation de sa voix la ramène brusquement.

Philippe disparaît pendant que le regard de Erik s’inquiète davantage.

« —Je suis... fatiguée... » balbutie t’elle.

« —Ouais... » il soupire « Je vais te laisser te reposer... »

L’hybride se lève mais elle le retient, le suppliant silencieusement avant de prendre la parole.

« —Non ! » elle enlace leurs doigts « S’il te plaît, restes avec moi... » la supplie t’elle.

Erik la dévisage, hésitant un instant avant de s’allonger à ses côtés, sans la quitter des yeux.

« —Merci... »

Il caresse sa joue de sa main libre puis s’attarde sur ses lèvres.

« —Quand je t’ai retrouvé... » commence t’il d’une voix coupable « Tu étais très mal au point Charlie... Tu étais blessée, tu saignais et tu ne cicatrisais pas... » il marque un arrêt, s’excusant silencieusement « Tu... as commencé à somnoler et j’ai senti que, si je ne faisais rien, tu ne te réveillerais pas... »

Elle le dévisage, sans comprendre où il veut en venir.

« —Alors je t’ai donné de mon sang en espérant que ça t’aiderai à cicatriser et ça a marché... Tu ne saignais plus et tes blessures ont commencé à cicatriser... »

Elle affiche un sourire béat malgré elle mais le sommeil la guette.

« —Tu ne présentais aucun signe de rejet ou même de maladie jusqu’à maintenant... »

« —Je suis pas malade... Je suis juste, fatiguée... » ses paupières se font lourdes.

Ses muscles se détendent.

« —Charlie... » susurre t’il à nouveau inquiet « Je ne veux pas te perdre... »

Elle ferme les yeux, murmurant quelque chose d’incompréhensible avant de s’endormir dans ses bras.

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