Charlie frappe à la porte du bureau d'Erik, elle attend qu'il lui ouvre en observant certains métamorphoses passer à côté d'elle en la fusillant du regard.

« —Tu es en retard... » lance le jeune homme en sortant de son bureau.

« —J'appréciais ma douche » dit-elle en faisant allusion au peu de temps qu'il lui avait laissé pour se laver « Je peux savoir pourquoi j'ai le droit à ces regards haineux ? » elle fait un signe de tête en direction des loup-garous s'éloignant.

« —Oh, j'imagine que c'est parce que Jessica est toujours en isolement » répond t-il en l'invitant à le suivre.

Charlie affiche un sourire ravie mais ne peut s'empêcher de vouloir connaître la raison.

« —Pourquoi j'ai le droit à ce traitement de faveur... ? » demande t-elle.

« —Tu devras te rendre en salle de réunion à chaque fois que ton biper sonnera » change t-il de sujet « Genny t'en donnera un... » il s'arrête devant une porte à l'angle d'un couloir pour lui faire face « L'accès à cette salle t'est autorisé à présent, s'est ici que se réuni le cercle restreint et s'est ici que nos décisions sont prises. Tout ce qui se passe entre ces murs, reste entre ces murs. »

La jeune femme regarde derrière elle en soupirant avant d'acquiescer, contrariée qu'il évite ses questions.

« —Très bien... » susurre t-elle en passant son poignet devant le boîtier et en évitant de lui prêter attention.

La porte s'ouvre mais Erik la retient lorsqu'elle s'apprête à entrer.

« —Ça n'a rien de personnel Charlie, c'est juste professionnel. »

Elle lui rit au nez.

« —Sérieusement, tu justifies toutes tes actions par cette réplique absurde ? » elle rit en voyant son regard s'assombrir « Je te souhaite bon courage pour convaincre les humains de te suivre avec ça ! »

Il referme la porte avant qu'elle passe.

« —Quoi ? Tu n'apprécies pas quand quelqu'un soulève l'absurdité de tes mots Erik ? » le provoque t'elle en fronçant ses sourcils.

« —Non, je n'apprécie pas. »

« —C'est marrant ça... C'est la première fois que je te crois sur paroles ! » s'énerve t-elle.

« —Je viens de me souvenir t'avoir déjà envoyé en isolement pour moins que ça... » siffle t-il.

Charlie s'apprête à répliquer mais elle est brusquement interrompue par la voix de Dylan.

« —Charlie ?! » le blondinet s'approche joyeusement d'elle.

Les traits de la jeune femme se détendent aussitôt, comme si le simple fait d'entendre la voix de son ami l'apaisait. Le blondinet la sert dans ses bras sous le regard de braise de l'hybride.

« —C'est bon de te revoir... » soupire t-elle dans ses bras.

Les deux restent dans cette position quand un raclement de gorge les ramène à la réalité, ils se séparent puis entrent dans la salle de réunion. Plusieurs personnes sont attablées, tous entrain de se concentrer sur une carte au centre de la table. La jeune femme reste sans voix, la carte est entièrement numérique. Après avoir balayé la salle du regard, elle de se rend compte qu'absolument tout est informatisé dans une technologie bien plus avancée.

« —Bordel à nénuphars... » susurre t-elle intriguée par les filaments bleues projetés.

Charlie passe sa main au milieu de la carte et reste ébahi lorsque sa main traverse les détails bleutés du globe terrestre.

[ « —Fascinant n'est-ce pas ? » lui lance Genny.

« —Sans rire ! Vous avez fait de sacré progrès depuis ma dernière visite ! » s'extasie la jeune femme en détaillant toutes les nouvelles fonctionnalités. ]

« —Fascinant n'est-ce pas ? » lui parvient une voix familière.

Charlie lève les yeux vers la rouquine, un immense sourire aux lèvres. Les deux femmes se dévisagent avant de se serrer à dans les bras.

« —Sans déconner ? » grogne l'hybride « On est pas dans le monde des bisounours, alors remuez-vous ! On a une guerre a programmé ! »

Elles se séparent sans dire un mot de plus et elles s'installent, Dylan s'assoit à l'autre bout de la table, en face de l'Alpha, pendant que Erik prend place devant un tableau numérique armé d'un stylo à capteur.

« —Trop aimable... » ajoute t-il une fois le silence installé « Bien, Charlie rejoint officiellement le cercle et Genny je te prierai de lui attribuer un biper... »

La porte de la salle se déverrouille et quelqu'un entre en interrompant l'hybride dans sa lancée.

« —J'ai été retenue par l'un des louveteaux, incapable de démembrer un avatar virtuel... » Harper entre en s'avançant vers la seul chaise libre, puis réalise qu'elle se situe juste à côté de Charlie « Trop génial... » se murmure t-elle en s'asseyant.

Charlie soupire, en sentant le malaise s'emparer d'elle, elle essaie de se concentrer sur Erik en évitant de jeter un regard à sa nouvelle voisine.

« —Je disais donc... » reprend Erik après avoir jeté un regard noir à sa sœur « Genny, tu donneras à Charlie un biper » la rouquine acquiesce « Il y a deux jours, nous nous étions arrêtés au sujet concernant les ravitaillements sur nos camps » il s'arrête en dévisageant sa sœur « Peut-être que tu pourrais nous éclairer Harper ? » lui lance t-il d'un ton froid.

« —J'ai réfléchi à des points stratégiques » elle s'avance de son siège en tapotant sur la table comme sur un clavier et la carte s'illumine en plusieurs points rouges « La nourriture sera stockée dans des conteneurs, approximativement tous les cents mille kilomètres. En ce qui concerne les vampires, leur nourriture sera plus qu'abondante, ils leur suffiront de s'attaquer aux humains, pour les loups-garous c'est plus compliqué mais pas impossible. »

Elle affiche plusieurs graphiques et chiffres incompréhensibles qui font perdre l'attention de Charlie. Elle observe le plafond devenue soudainement plus intéressant quand elle se souvient que ce projet n'a ni queue ni tête.

« —Donc... » lance t-elle sans même se rendre compte qu'elle prend la parole « On va sortir de notre planque, tuer deux, trois humains puis l'on dirigera le monde... ? » elle se redresse sur le siège et constate que tout le monde l'observe.

« —Dans un résumé simpliste, oui » répond Dylan.

« —Une première vague sera lancée » ajoute Erik.

« —Une première vague ? » reprend t-elle « Très bien, donc on sort de notre planque, on tue deux, trois humains, puis on revient pour débattre ? »

« —La première vague est bien plus importante Charlie, elle va nous permettre d'analyser le comportement des mortels face à cette situation imprévue, quels pays interviendront, quelles réactions ils auront et comment essaieront t'ils de nous terrasser »

« —Qu'est-ce qui les empêcheront de nous bombarder ? On a beau être immortels, je mettrai ma main au feu que les bombes nucléaires en plaine face ne se contenteront pas de simplement nous chatouiller... »

« —Les humains ne nous bombarderons pas, ils tiennent beaucoup trop à la vie humaine pour sacrifier un territoire... » se justifie t-il.

Charlie pouffe de rire, sous le regard interrogateur de ses camarades.

« —Comme si les hauts placés en avaient quelque chose à foutre des humains... » elle dévisage uniquement Erik qui l'écoute d'une oreille attentive « Si ils nous voient arriver il n'hésiteront pas, comme tu n'hésite pas à nous envoyer les démembrer... »

L'hybride acquiesce, un sourire en coin.

« —Et que proposes-tu ? » demande t-il tout naturellement.

Charlie sa redresse dans son siège, comme pour relever un défie.

« —Revendiquons cette guerre. Proposons dans un premier temps, que tous ceux qui veulent survivre à notre attaque, s'enferment chez eux »

« —Personne ne suivra cette indication ridicule... »

« —C'est justement le plan ! » se justifie t-elle « Leur laisser croire qu'ils ont le choix ! Après la première vague, quand ils verront que les mutants sont plus forts, la grande majorité se ralliera ! »

Certains murmures s'élèvent dans la salle quand Charlie les interrompt en reprenant la parole.

« —Après cette revendication, aucun pays n'osera nous bombarder sous peine d'un soulèvement du peuple... » elle s'arme d'un sourire narquois avant d'ajouter « Les dirigeants seront coincés, prit au piège. »

Cette fois, toutes les personnes prennent la parole en même temps pour donner son avis mais le regard de Erik et de Charlie ne se quitte pas malgré le brouhaha, il lui sourit, la félicitant silencieusement.

« —Ils seront à ta merci, laisse leur simplement croire qu'ils ont le choix... » dit-elle dans un murmure à peine audible.