Chapitre II : Rébellion.

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Non, Charlie n'est pas morte et elle le sait, elle le ressent. La douleur dans sa poitrine s'est estompée et elle sent le corps étranger se déloger avec lenteur. Les bruits autour d'elle lui semble lointain, sa respiration presque inexistante. Elle ignore ce qu'il se passe, elle somnole en revivant les images des dernières secondes écoulées. Elle veut parler, hurler, crier mais sa bouche reste fermée.

Elle ressent enfin la force d'ouvrir les yeux après une éternité de lutte contre elle-même mais un blanc éclatant l'oblige à les garder clos.

« Où suis-je ? » se demande t'elle en essayant de s'adapter à la lumière « Où est Harper ? »

Charlie se redresse difficilement, elle détaille de ses yeux la salle entièrement blanche, du sol au plafond, avec pour seul exception un mur possédant une porte blindée et une vitre teintée sur toute la longueur. La jeune femme est perplexe, cette endroit lui rappelle vaguement quelque chose mais elle ne parvient pas à réfléchir, elle a soif, vraiment très soif.

« Je dois sortir d'ici... »

Elle déglutit douloureusement en se redressant quand un bruit l'a fait sursauter. La balle rebondit sur le sol, le bruit lui semble amplifier. Elle porte sa main contre sa poitrine par réflexe et constate que sa blessure a miraculeusement cicatrisée. Il n'y a plus rien à part du sang et un troue sur son tee-shirt.

« —Bonjour Charlie » la voix robotique provient de part et d'autre de la salle blanche.

« —Pas du tout flippant... » susurre la jeune femme entre ses dents.

« —Nous sommes désolés de cet accueil peu chaleureux mais il s'agit des formalités. »

Le rire mesquin de la jeune femme résonne dans la pièce.

« —"Des formalités" » elle rit avant de reprendre froidement « Vous m'enlevez et me séquestrez ! Il n'y a rien de formel là dedans ! Je suis enfermée dans une pièce complètement blanche et ce n'est pas par courtoisie ! » la jeune femme ne sait pas où regarder « Et voilà que je parle toute seule... »

Sa bouche est pâteuse, à tel point que sa voix n'est plus la même. Elle se sent mal, sa soif lui est douloureuse.

« —Si vous le voulez bien, placez vos mains contre l'écran je vous prie » deux ovales s'affiche sur la vitre tintée, Charlie reste immobile.

« —Pourquoi je ferais ça ? » demande t-elle difficilement.

« —Nous avons tout le temps d'attendre Charlie, le déroulement de ce test ne dépend que de vous. »

« Un test ? » songe t-elle « Mais qu'est-ce que c'est ce foutoirs ?! »

« —Où suis-je ? Où est Harper ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Et qui êtes-vous ?! » questionne t-elle.

« —Nous avons tout le temps d'attendre Charlie, le déroulement de ce test ne dépend que de vous » répète la voix robotique.

Charlie grimace, agacée. Elle se laisse glisser à l'opposer de la vitre tintée en s'armant de patience pour tenir tête à la personne derrière tout ça, hors de question qu'elle obéisse.

Sa peau est devenue très pâle, une éternité semble s'être écoulée sans que la jeune femme ne cède, malgré sa soif insupportable, sa mâchoire douloureuse et ses yeux fragilisés par la lumière vive illuminant la salle blanche. Sa bouche entre-ouverte, les lèvres sèches et deux pointes blanches qui ressortent de ses dents parfaitements alignées. Elle est beaucoup trop épuisée pour s'en être aperçue jusqu'à présent. Sa respiration est faible, presque inexistante mais ses inspirations la torture. Elle a l'impression d'inspirer des lames tranchantes mélangées à un alcool fort qui la brûle intérieurement. Elle est adossée contre le mur, faible et sur le point de s'endormir lorsque un bruit l'oblige à réouvrir les yeux. Une silhouette s'approche et vient s'accroupir en face d'elle. Elle discerne vaguement son visage et ses cheveux aussi noirs que les siens.

« —Une vraie dur à cuire... » lui parvient sa voix masculine « J'apprécis grandement cette qualité quand elle ne va pas à l'encontre de nos règles. »

Il s'arrête de parler pour la dévisager, le visage du jeune homme devient plus nette après quelque secondes, Charlie fronce les sourcils.

« —Vue dans l'état où tu es, il est inutile d'essayer de parler. »

Elle observe ses lèvres bouger avant de remonter son regard sur ses iris grises claires, quelques mèches de ses cheveux lui tombent sur le front lui donnant un air plus qu'attirant, il est jeune, à peine plus âgé qu'elle.

« —Je sais ce que tu ressens en ce moment même. Tes poumons sont en feu, tu as l'impression d'agoniser à chaque inspiration mais ce n'est que le début. Dans moins d'une heure, tu n'auras plus aucune force, tes muscles te feront d'autant plus mal et tu n'arriveras plus à respirer. Tu t'évanouiras après quelques heures mais te réveilleras torturé par ton corps qui te réclamera ta nourriture. Tu ne mourras pas avant quatre mois et chaque seconde sera pire que tout ce que tu peux imaginer... » il l'observe, cherchant une réaction de sa part mais elle ne montre rien « Maintenant je vais te dire ce qu'il va se passer. Si tu refuses de continuer ce à quoi tu t'es engagée par le passé, tu subiras une longue, une très longue agonie » répète t'il avec lenteur « Mais si tu puises dans tes dernières forces, que tu poursuis ce test, je te donnerais ce que ton corps te réclame. »

Elle souffre tellement que même le plus fidèle des soldats ne peut résister.

« —Je... » sa voix est faible, ce simple son lui arrache une grimace « Veux des... » elle déglutit douloureusement « Réponses... »

Le jeune homme sourit.

« —C'est tout à ton honneur Charlie » pouffe t-il en levant les yeux au ciel amusé avant de reprendre son sérieux « Tu dois d'abord achever ce test. Après ça, tu auras réponses à toutes tes questions. »

Il se lève sans la quitter des yeux, il attend un instant, dans l'espoir qu'elle suive le même mouvement mais il se contante d'hocher la tête, déçu. Il lui tourne le dos et s'avance vers la porte. La jeune femme ressent soudainement une douce chaleur l'envahir, une infime montée d'adrénaline qui la pousse à se lever, son corps la guide et ses mains se retrouvent dans les deux endroits indiqués. Sans même qu'elle s'en soit rendue compte, en moins d'une fraction de seconde, elle se retrouve à l'autre bout de la pièce.

« —Sujet numéro AV-001 confirmé, validation de ses habilitions confirmées. Nous vous souhaitons un bon retour parmi nous Charlie » lance la voix robotique dans toute la pièce.

Le jeune homme l'observe avec un sourire en coin, pendant que les jambes de Charlie cèdent à nouveau sous son poids. Il s'approche d'elle avant de sortir de son uniforme, une poche de sang. La gorge de Charlie se ressert, sa déglutition est d'autant plus douloureuse que sa soif. Il ouvre la poche à l'aide de ses canines et la tend à la jeune femme. L'odeur lui parvient, elle lui semble être la plus douce des odeurs, la plus sucrée, la plus agréable... Si bien qu'elle enfonce ses crocs en une fraction de seconde dans le plastique. Le breuvage provoque une sensation si forte qu'elle en soupire d'extase. Aussi savoureux qu'orgasmique. La pâleur de sa peau disparaît en même temps qu'un frisson la parcours, elle sent la vie s'écouler en elle, ses sens s'accroissent mais sa faim bien qu'étouffé ne faiblit pas. Son étreinte se ressert, des petits grognements s'échappent, la poche de sang est vidée. Elle en veut plus, beaucoup plus. Elle observe le jeune homme, tel un prédateur, il la dévisage, sans la craindre une seule seconde.

« —Non » répond t-il en comprenant son regard « Tu as le droit à une dose par semaine et seulement si tu fais ce que l'on te dit » il lui décroche une grimace.

Charlie se surprend à passer sa langue sur ses lèvres avant de réaliser ce qu'elle vient de faire.

« —Mon Dieu... » susurre t'elle en plaquant ses mains tremblantes contre son front « Mais qu'est-ce qu'il me prend ?! »

Son esprit est floue.

« Je deviens complètement cinglée ! » songe t'elle « Qu'est-ce qu'il m'arrive ?! »

Charlie ferme les yeux, paniquée, elle entend le beau brun s'accroupir en face d'elle, elle se recule brusquement jusqu'au mur. Elle ignore qui il est mais ressent au fond d'elle l'intuition qu'elle peut pourtant lui faire confiance...

« —Écoutes... » commence t'il avec une voix douce « Tu es en sécurité ici, je te le promets. Tes souvenirs te sont encore floues, c'est normal, ça fait partie du processus, l'injection qui t'a été faite il y a quelques années a brouillé ces mêmes souvenirs. Tu vas les retrouver, d'ici quelques jours tu te souviendras de tout. »

Elle l'observe, hypnotisée par ses yeux clairs, d'un gris...

« —Où suis-je ? » demande t'elle.

Il hoche la tête.

« —Je te dirais tout, le moment venu » il tend sa main vers elle « Mais avant tout, je dois savoir si on peut se faire confiance. »

Il ne bouge pas, sa main est tendue vers elle et il la fixe, analysant avec attention son comportement.

« —Qu'est-ce qu'il va se passer ? » questionne t'elle.

« —C'est trop tard pour poser la question... » pouffe t-il « Aller, suis-moi » dit-il autoritairement cette fois-ci.

Charlie l'observe, elle le ressent au fond d'elle, un lien les unis, un lien fort... Alors, elle prend sa main et accepte de le suivre.

Ils entrent tous deux dans l'une des salles du long couloir gris. La jeune femme écarquille les yeux lorsqu'elle passe l'énorme porte métallique pour se retrouver dans un bureau agréablement décoré. Sur la gauche en entrant se trouve une immense bibliothèque remplie de livres diverses, un immense plan recouvre le mur tristement grisâtre, certaines annotations apparaissent en rouge, un bureau en bois noir occupe une partie de l'entrée avec des chaises de part et d'autre de celui-ci. À l'arrière, un salon avec un canapé d'angle et une télévision puis un peu plus loin, un lit double caché par un immense rideau tiré que Charlie aperçoit en se penchant au dessus du bureau.

« —Tu bois quelque chose ? » intervient soudainement le garçon, elle le voit se servir un verre de bourbon d'une main visiblement habituée par ce geste.

« —Non... » susurre t'elle en se redressant « Je déteste les alcools » se sent-elle obligée d'ajouter en remarquant le haussement léger de ses sourcils noirs.

L'homme repose la bouteille dans son immense bar puis s'avance jusqu'à son bureau où il si installe allègrement. Il observe pensivement le liquide dans son verre avant de porter à nouveau son regard sur la jeune femme.

« —Tu retrouveras tes souvenirs progressivement, je sais que tu brûles d'envie de me poser tes questions mais je... »

« —Où suis-je ? » l'interrompt t'elle brusquement en l'agaçant « Qu'est-ce qu'il m'arrive ?! Qui es-tu ?! »

Il se met à grogner en se redressant sur sa chaise.

« —Où est Harper ?! Comment je peux encore être en vie ? Je me suis faite tirée dessus ! C'est physiquement impossible et je ne... » la main du jeune homme se retrouve plaquée contre sa bouche, son visage est à quelques centimètres du sien si bien qu'elle sent sa respiration caresser ses joues qui deviennent brûlantes sous son contact.

« —Quand je t'ai dit que je répondrais à toutes tes questions le moment venu, Charlie, je ne parlais pas d'aujourd'hui » dit-il agacé.

Charlie retient sa respiration, sentant son corps frissonner à se contact, elle fronce les sourcils, perplexe. L'homme retourne derrière son bureau en un battement de cils, laissant la jeune femme dans sa frustration.

« —Harper va bien... » il se racle la gorge pour retrouver sa voix assurée « Nous sommes dans le même camp, elle est sûrement dans la salle d'entraînement à l'heure qu'il est. »

Il prend le verre dans sa main d'un air pensif, pendant un instant son esprit semble divaguer dans ses pensées mais il se ressaisit en constatant que son regard s'est perdu dans celui de la jeune femme qui a maintenu le contact.

« —Mais tu auras l'occasion de la voir, demain » ajoute t'il maladroitement « Des gardes vont te conduire dans ton dortoir, il faut que tu te reposes, la nuit risque de t'être longue... » il se redresse puis contourne son bureau.

Le jeune homme passe à côté d'elle en l'effleurant avant de faire entrer deux gardes. Charlie l'observe, intriguée de le voir à la fois renfermer et perceptible...

« —J'ai le droit de savoir au moins ton nom ou ça aussi je dois sagement l'attendre ? » demande t'elle assurément.

Il l'observe, amusé et surpris.

« —Erik... » répond t-il « Mais tu t'en serais sûrement souvenu... » il se racle à nouveau la gorge avant de l'inviter à sortir de son bureau.

Elle s'exécute sans dire un mot de plus et suit les deux gardiens dans les couloirs. Ils s'arrêtent devant l'une des portes métalliques avant que l'un d'eux l'invite à entrer, ce qu'elle ne comprend pas puisqu'il n'y a pas de poignée. Le garde lui prend son bras droit avant de passer son poignet devant le boîtier qui déclenche l'ouverture de la porte. Charlie s'apprête à ouvrir la bouche mais l'autre garde la pousse en la faisant rentrer dans la cellule grise et en refermant la porte derrière elle. Charlie se retourne et frappe de toutes ses forces dans la porte en grognant.

« —Encore enfermée, bordel à nénuphars ! » gémit-elle en embrassant son poing.

« —Une petite pensée au type enfermé avec une folle... » lui parvient une voix derrière elle qui l'a fait sursauter.

Elle se retourne en constatant la présence de l'homme allongé sur la couchette du haut. Le blondinet aux yeux gris clairs l'observe à moitié endormie avant de lui offrir son plus beau sourire.

« —Me voilà veinard, je retrouve enfin ma coéquipière... » ajoute t-il souriant.

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