Chapitre 1

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Royaume d’Héllibore. Galiorn.

 Le laboratoire était probablement l’un des endroits les plus lugubres du palais. Plusieurs pièces le constituaient, toutes reliées par un couloir. Ces salles, éclairées par des néons blancs, laissaient les ténèbres envahir chaque recoin. Plusieurs hologrammes s’agitaient sur l’entière paroi d’un mur. On pouvait y observer les nombreuses recherches des scientifiques. Sur chaque table était placés toutes sortes d’outils et de produits dont on ne connaissait le but.

 En continuant notre chemin vers le fond du couloir, on parvenait face à une pièce entièrement vitrée. Des compartiments enfermaient les Éteints. Fréquemment assis à même le sol, ces derniers affichaient un visage inexpressif.

 Un gaz, propagé dans chaque cellule, empêchait ainsi les gamins de réagir. Ils servaient de cobaye aux scientifiques qui testaient sur eux des prototypes d’antidote.

 D’un regard triste, le médecin observa le garçon endormi sur le lit d’une des pièces du laboratoire. Le jeune devait avoir tout au plus dix-sept ans. Sans doute arraché à sa famille lors d’une nuit calme, il avait subi le fléau de ces dernières années. L’injection. Celle que tant de chercheurs Hélliboriens tentaient de combattre.

 Espérer trouver un antidote à l’injection revenait un peu à pouvoir remettre un pied sur Terre. Impossible ? Non. Un mince espoir survivait, tel une lueur après un incendie dévastateur. Seulement, la guerre n’aidait pas les recherches. La barbe naissante et les cernes violacées du médecin Nelson pouvaient en témoigner.

 Il craignait particulièrement la douleur. Le scientifique en avait horreur, mais il savait que le garçon souffrirait quand le prototype de phase finale agirait. Tous, avant cet Éteint, avaient souffert d’une manière ou d’une autre.

 — Tiens bon mon petit, lui murmura le médecin.

 Il prit la seringue et la plongea dans sa peau, puis il observa le jeune en attendant une réaction. Au bout de cinq minutes le cadet eut quelques soubresauts qui se transformèrent vite en de violentes convulsions.

 — Vite ! Que quelqu’un vienne m’aider ! cria le médecin. L’Éteint fait une crise d’épilepsie !

 Un autre médecin arriva précipitamment et prit la tête de l’adolescent entre ses mains afin de le protéger.

 — Son visage pâlit ! observa le nouvel arrivant.

 — Vérifie s’il respire, s’empressa de répondre le médecin.

 — Il respire avec difficulté.

 Les yeux exorbités du mineur semblaient appeler à l’aide, ils roulaient dans tous les sens. Ses veines étaient gonflées puis, brusquement, il cessa de trembler et devint inerte. Les médecins se regardèrent et comprirent qu’il était trop tard. Désormais, ils faisaient face à un corps inanimé au regard vitreux. Une mort rapide avait cueilli le garçon.

 Affligés, les deux compères baissèrent leur tête et laissèrent leurs bras pendants. Quel avenir offrir à cette nouvelle génération ? Un futur hasardeux dirigé par la peur et la destruction ? Hors de question ! Ils allaient trouver le remède. Une nouvelle énergie gagna Nelson qui prit les devants.

 — Occupe-toi du corps, je vais faire mon rapport aux souverains comme l’exige le protocole. Tu sais qu’ils sont à cheval sur la question des Éteints. Informe aussi l’équipe que le prototype SE45 a été un fiasco.

 Sur ces mots, le médecin sortit du laboratoire et se dirigea vers la salle du trône. Le roi et la reine s’y trouvaient forcément. Une fois devant la porte, un des deux vigiles lui demanda son laissez-passer qu’il sortit aussitôt de sa poche. Le garde vérifia la carte et hocha la tête à son collège qui ouvrit la porte sur le roi Elton Woodyn et sa femme la reine Adelina. Ces derniers discutaient d’attaques contre l’usurpateur.

 — Non, cela ne marcherait pas, ils nous tireraient dessus dès l’instant où nous mettrions nos pieds dans la ville, répliqua Adelina.

 Le garde annonça la venue du docteur aux souverains.

 — C’est bon laissez-le entrer, ordonna la reine aux gardes.

 Ceux-ci obtempérèrent et sortirent de la salle en fermant la porte derrière eux.

 La pièce entièrement blanche impressionnait par ses colonnes immenses. Deux trônes surélevés prenaient place au bout, attendant d’accueillir un fessier royal. Nelson préférait la tragique blancheur de son laboratoire, il y était plus à l’aise, dans son élément.

 — Vos Majestés, dit le médecin en se prosternant devant le couple royal. Navré de vous interrompre. Je viens pour le compte rendu concernant l’avancée de nos actions.

 — Ce n’est rien docteur. Cela faisait un moment que nous ne vous avions pas vu, constata le roi Elton en regardant le médecin s’approcher. Nous vous écoutons.

 — Nous avons entamé le test avec le prototype SE45 aujourd’hui. Au vu des résultats non favorables, nous ne pouvons pas nous permettre de donner une suite concrète à l’SE45. L’adolescent est mort il y a peu. Nous avons pu recueillir quelques données, aussi sont-elles déjà en cours d’analyse par certains de mes collègues. L’idéal serait de parvenir à trouver quels éléments chimiques posent problèmes. Personnellement, j’émets déjà quelques doutes quant aux plantes que nous utilisons.

 La reine Adelina se rembrunit.

 — Pauvre enfant… L’identité de ses parents nous est-elle connue ?

 — Malheureusement non. Aucun ne s’est manifesté jusqu’à présent et nous sommes dans l’incapacité de les retrouver. Il en est de même concernant les autres membres de sa famille.

 — Nous lui rendrons hommage dès que possible.

 — Bien sûr Votre Majesté.

 — Le projet SE45 n’a pas marché. Qu’en est-il des autres ? se renseigna Adelina.

 — Deux sont actuellement en cours : l’un en phase pré-finale, il viserait à remplacer les cellules infectées. L’autre n’en est encore qu’à l’état de brouillon organisé. Le concept serait d’introduire des micro-organismes vivants dans le corps d’un soldat de Theoden, ils se nourriraient d’un des composants de l’injection. Le problème majeur reste les attaques intempestives de l’usurpateur qui retardent nos projets.

 — Nous avons conscience que vos recherches, dans un tel contexte civil, ne peuvent avancer comme elles le devraient. C’est pourquoi nous allons mettre à votre disposition toute l’aide possible.

 Le médecin remercia le roi et la reine de l’avoir écouté, s’inclina encore une fois et fit volte-face vers la sortie. En longeant une longue allée il s’arrêta soudainement, une sorte de schéma venait de se dessiner dans sa tête. Ni une, ni deux, il sortit de sa poche un carnet déjà bien noirci et griffonna sur les rares espaces vierges. Peut-être tenait-il enfin la solution ?

 Il se précipita vers le laboratoire. En arrivant, il constata que le corps du jeune avait déjà été enlevé. Il s’installa à son bureau pour mettre de l’ordre dans ses pensées.

 Soudain, quelqu'un frappa à la porte. Le médecin, dérangé en pleine réflexion, se retourna et vit un de ses collègues entrer dans la pièce.

 — Salut Nelson, lança celui-ci, on a besoin de toi. De nouveaux Éteints viennent d’arriver. On doit faire des tests sur eux.

 Le médecin finit de dessiner un de ses schémas, et suivit son collègue. Ils allèrent directement devant la salle entièrement vitrée aux nombreux compartiments.

 — Ils sont là-bas, regarde. Ils sont arrivés il y a une demi-heure. Sept au total : cinq garçons et deux filles.

 — Avez-vous commencé à les interroger ? demanda Nelson.

 — Non pas encore.

 — Bien, nous commencerons par la rouquine alors.

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