Chapitre 7

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Nicolae ferma la trappe derrière lui et ils descendirent les marches en silence. Les sous-sols plongés dans une quasi-obscurité ne bénéficiaient que de la faible lueur de chandelles accrochées au mur. Illythia regarda autour d’elle, que des cellules. À l'intérieur se trouvaient des lits aux matelas usés sans aucune couverture. Personne derrière ces barreaux de fer austères.

— Ça ne me dit rien qui vaille, murmura Illythia. Sommes-nous dans la prison des orcs ?

— La prison et les quartiers des esclaves.

La princesse poussa un cri étouffé. Ils se trouvaient dans le cachot, non ? Elle se doutaient que les esclaves ne vivaient pas une vie de luxe mais ça dépassait tout ce qu’Illythia imaginait, en pire.

Remarquant sa réaction, Naevys lui fit un sourire qui se voulait rassurant. Il semblait plus forcé que réel.

— Ça fait longtemps que je vis ainsi alors j'ai l'habitude.

Ça ne fit rien pour rassurer la princesse qui n'osait même pas imaginer les conditions de vie de ces gens qui vivaient sous l'esclavagisme des orcs. Ils dormaient dans le cachot et devaient faire selon leurs ordres. Illythia se plaignait de sa vie au château avec peu de liberté mais maintenant elle le regrettait.

— Continuons, leur dit Naevys sans montrer d’émotions.

— Attendez, ordonna Dregan.

Tous cessèrent de bouger.

— Comment allons-nous échapper à la surveillance des gardes.

— J’ai une idée, répondit Nicolae.

Il prit son grimoire et murmura:

— Nitvedit mantla.

Le sorcier disparu devant leurs yeux ébahis.

— Montrez-moi vos mains.

Ils présentèrent la paume de leur main gauche à Nicolae qui, plaçant la sienne dans celle de chacun d’entre eux tour à tour, répéta la même formule pour tous les dissimuler.

La magie de Nicolae s’avéra fort utile. Si à leurs propres yeux, personne ne se trouvait autour d’eux, les orcs ne les repéreraient pas. Demeurait le problème de l’ouïe. Ils passeraient sans problèmes inaperçus mais qu’ils aient entendu Nicolae même sous le sort d’invisibilité prouvait que le manteau d’invisibilité n’était pas imperméable aux autres sens. Progressant dans les sous-sols moisis, l’elfe les guida vers des escaliers identiques à ceux vus plus tôt. Un long couloir les attendaient. La présence de bougies aux murs permettaient à Nicolae et Naevys de voir un peu mieux qu’en pleine obscurité. Personne ne parlait et ils marchaient dans le plus grand silence. Tout était calme, bien trop calme. Illythia avait l’impression de revivre son cauchemar. Sauf que cette fois, elle n’était pas seule. La princesse ne succomberait pas à la peur qui la rongeait à l’intérieur.

Ils ouvrirent de nombreuses portes. Chambres à coucher, salons, aucune trace de Raelinn. Des gardes passèrent près d’eux et ils cessèrent tout mouvement. Les orcs ne leur prêtèrent pas attention.

— Ils ne nous voient vraiment pas, souffla Illythia une fois éloignés des gardes.

— Ce sort est infaillible, répondit Nicolae à voix basse.

Aussitôt eût-il finit de parler que l’écran qui les entourait se mit à disparaître.

— Ou pas…

— Quoi ? D'où viennent ces intrus ?

— Courrez ! hurla Dregan.

Adieu la discrétion désormais. Les orcs les avaient repérés. Ils avaient l’avantage comparés aux orcs et leur lenteur. Sans cesser de courir, ils entrèrent dans l’une des salles du palais, toute peinte en noir. Des rangées d’étagères remplies de livres s’y trouvaient.

— Les orcs lisent ? chuchota Illythia, mi-étonnée, mi-impressionnée.

— Chut, fit Klyn. Nous ne sommes pas seuls.

Ils se placèrent derrière l’une des étagères et prêtèrent attention. Des voix bourrues leur parvinrent. Deux orcs se trouvaient tout près et parlaient entre eux. Grâce à leur cachette, les créatures ne les remarquèrent pas et ils écoutèrent chacun de leurs mots.

— Cette fille que Alexander a ramenée... Elle va épouser Sa Majesté ?

Alexander… Ce devait être l’homme qui avait prit Raelinn. Pas un orc, et il ne devait pas être tout à fait humain. Bien sûr, un sorcier. Un sorcier qui travaillait pour le roi des orcs. Nicolae se figea sur place, les yeux écarquillés et soufflant ce nom à répétition. Le garçon n'accordait plus d'attention à la conversation des créatures.

— Ouais, fit son camarade. Mais j’ignore pourquoi elle en particulier.

— Pour avoir l’hybride parfait.

“L’hybride parfait”. Illythia avait le cerveau embrouillé. Que voulait-il dire ?

— Mais, pourquoi elle ? Cette Raelinn a une sœur, non ?

Ils ignoraient que la princesse se trouvait à moins de deux mètres d’eux.

—Oui, mais bien trop jeune.

Illythia cessa de bouger et de respirer. Donc, ils l’auraient enlevée elle si elle avait eu l’âge. Raelinn deviendrait la femme du roi des orcs parce qu’elle était plus âgée. Elle bouillonnait de rage en pensant à ce que sa sœur vivait. Pourtant, elle ne tremblait pas que de rage contenue. Illythia, qui venait de découvrir les conditions de vie des esclaves, craignait pour la sécurité de sa sœur.

— Quand ce mariage aura-t-il lieu ?

— Ce soir, peu avant minuit.

Ils avaient appris ce qu’ils devaient savoir. Dregan ouvrit la porte de la bibliothèque et ils sortirent avec discrétion. Deux d'entre eux avaient la tête ailleurs. Nicolae repassait le nom Alexander dans son esprit confus. Illythia brûlait d'envie d'interroger ses compères au sujet de l'hybride parfait. Klyn, remarquant le regard distrait du sorcier, posa une main sur l'épaule de Nicolae.

— Quelque chose ne va pas ?

Pris par surprise, le garçon se tourna pour faire face au soldat. Il se ressaisit.

— Ce nom, Alexander… Non, oubliez. Nous ferions mieux de réactiver le sort d'invisibilité.

Nicolae refit comme avant et ils disparurent aux yeux de tous. Non loin d'eux, plus d'une dizaine d'orcs. Le nombre de gardes bien plus important qu'avant rendait impossible les fouilles aux alentours. Illythia, qui ne parvenait pas à oublier la conversation des orcs, concentra sa force mentale pour entrer en contact télépathique avec Dregan.

— Dregan, tu m’entends ?

— Oui, je vous entend. Que se passe-t-il ?

— Qu’est-ce que c’est, l’hybride parfait ?

Avec un soupir, Dregan expliqua :

— Comme vous le savez, les hybrides possèdent les traits des deux espèces.

— Oui, comme toi.

— Celui qu’ils appellent l’hybride parfait serait un être né d’un orc et d’une vampire.

— Pourquoi “parfait” ?

— C’est une légende.

Il lui récita alors un passage:

— Diko nascenim ze ork suverain te vampy princesa tze i perfectzia hibrid. Thet vil putericat lets orks.

“Un enfant né du souverain des orcs et d’une princesse vampire est l’hybride parfait. Il renforcera les orcs.”

Elle s'apprêtait à demander plus d'explication quand la voix de Naevys fit taire le silence.

— Nous y voici.

L’elfe les avaient dirigés vers une porte de l’aile ouest qui portait l’écriteau : Chapelle. Tous se fixèrent sans un mot. Dregan rassembla son courage et entrouvrit la porte. Les autres se placèrent de façon à voir ce qui se passaient. Ce qu’ils virent les cloua sur place.

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