Chapitre 1

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Dregan grimpait le grand escalier du palais des vampires. Sa queue de cheval argentée frappait contre son dos à chacun de ses pas. Une cape sombre traînait derrière lui. Malgré la carrure imposante de Dregan, elle touchait le sol. Le silence régnait. Il ignorait l'heure exacte, et les épais rideaux fermés empêchaient de voir dehors. Il atteignit l'étage en un instant et prit la porte la plus au sud. La femme qui ouvrit avaient une apparence âgée et portait une tenue de servante. Ses yeux rubis perçaient dans ceux améthyste de Dregan. Le visage de la servante ne trahissait aucune émotion.

— Oh, Capitaine Dregan. Vous voilà.

— Je suis venu chercher Princesse Illythia.

— Vous êtes tôt. Son Altesse n'est pas encore prête. Attendez un peu.

La porte se referma et Dregan se plaça à côtés. Puisqu'ils sortaient, Dregan s'était dévêtu de son armure, trop visible. Son épée restait au palais elle aussi. Seul un poignard lui servirait d'arme, si jamais la situation le nécessitait.

— Dregan ?

La porte s'ouvrit sur une jeune fille à la silhouette frêle. Ses cheveux avaient la couleur argentée typique des vampires, noués en une natte simple. Il plaça son capuchon sur sa tête et intima la princesse à en faire de même. Tous obéissaient aux règles. La principale consistait à ne pas quitter la cité des vampires sans porter un capuchon. Les humains paniqueraient à la vue d'êtres aux cheveux argentés et aux yeux rouges.

— Bien, mettons-nous en route.

Lorsqu'ils mirent les pieds hors du palais, le ciel obscur habituel les accueillie. Cette situation avantageait les vampires qui peinait au soleil. Près des murs de la cour du palais, un carrosse aux décoration dorées les attendaient. Le cocher leur fit signe de monter. Dregan aida Illythia avant de monter à son tour. Ils quittèrent pour la cité des vampires. Les habitants s'éloignèrent des rues à leur arrivée. Le carrosse quitta la cité sans s'y attarder. Une route de pierres blanches les séparaient de Rozesburg, la capitale humaine. Un trajet monotone, pensa Illythia.

— Dregan...

L'homme la regarda sans rien dire. Ce qui l'invita à continuer.

— À quoi ressemble le monde en dehors d'Askaria ?

— Ne vous en préoccupez pas.

Toujours cette réponse.

— J'aimerais bien le voir.

Elle lisait beaucoup, mais les livres ne se comparaient en rien au monde réel.

— Impossible. Vous seriez exposée au danger.

Une autre phrase trop souvent répétée. Tout le monde la couvait et ça l'agaçait.

Illythia gardait un visage impassible, comme on le lui avait toujours appris. À l'intérieur, elle fulmimait. Elle tenta de se calmer, mais seuls ses sentiments pouvaient se taire. Un bûcher grandissait en elle. Tout son corps brûlait, comme si du feu liquide coulait dans ses veines à la place de sang. Sa gorge déséchée la tiraillait sans cesse. Ses canines poussaient dans sa bouche. La soif de sang débutait toujours ainsi. Les vampires s'abrevaient une fois par semaine. Entre deux repas de sang, ils survivaient avec de la viande crue et des aliments chargés en fer. Toutefois, rien ne les soulageait une fois la soif apparue.

Au bout de la route, ils apperçurent un panneau écrit « Rozesburg ». Un mur sombre les entoura. La barrière qui les cachaient aux yeux des humains. Ils en sortirent derrière un bâtiment. Aussitôt, le soleil brilla dans leurs yeux. Illythia se les couvrit avec sa main. Le capuchon servait pour autre chose. Le soleil ne les tuait pas, ne causait aucun dommage permanant, mais demeurait inconfortable. En plus du capuchon, ils gardaient des manches longues et des gants. Les vampires, cachés derrière une barrière, ne s'exposaient au soleil qu'en de rares occasions. La principale consistait à se nourrir. Ils entrèrent dans la ville en mode furtif. La barrière n'existait qu'aux yeux des non-humains alors ils devaient éviter d'être vus sortir de nulle part.

Dregan en tête et sur ses gardes, ils progressaient vers la place principale. Les rues déjà bondées à cette heure leur permit de se fondre dans la masse. Illythia tenait la main de Dregan. Dans cette foule, elle perdrait sa trace. Les voix des humains se melangeaient en une cacophonie insupportable. Des odeurs variées la troublaient.

— Continuons.

Dregan les mena vers la place principale. On y reperait surtout des magasins et l'auberge de la ville. Le nombre d'humains demeurait impressionnant mais la taille de l'endroit apportait une différence marquante. Le duo s'arrêta à la fontaine de la ville. En plein centre de la place principale, la rose qui y trônait donnait son nom à la ville. Les humains vaquaient à leurs occupations sans se préoccuper d'eux.

Illythia ressentait toujours la soif, chaque instant augmentait son intensité. Les parrois de sa gorge lui parurent rétrécir, comme pour l'etouffer. Elle observa, son objectif clair dans son esprit. Si elle tentait de l'oublier, son corps le lui rappelait aussitôt. Illythia entendait la boulangère qui criait « Venez acheter de mon pain frais ! ». Elle appréciait le pain et les desserts sucrés, mais pas en ce moment. L'odeur lui parut bien fade en ce moment. La princesse continuait de chercher. Deux femmes se promenaient avec leurs paniers de courses. Leur odeur lui chatouilla le nez et le feu en elle monta en intensité. Il fallait une personne seule. Elle remarqua deux fillettes jouant à chat sur la place. L'une d'elle la bouscula.

« Désolée. »

Illythia sourit sans montrer ses dents. Sa propre enfance remontait à bien longtemps, ses souvenirs bien flous. Les vies humaines, comparées à celles des vampires, étaient bien éphémères.

L'odeur lui vint sans qu'elle ne la cherche vraiment. Un parfum si doux qu'elle cru devenir folle. Elle regarda autour d'elle et vu un garçon qui quittait la place. L'odeur provenait bel et bien de lui. Son corps bougea de lui-même, comme conscient du soulagement iminant. Ses crocs s'allongèrent encore plus, allant jusqu'à la peau de ses lèvres. Son corps entier brû lait, carbonnisé. Elle pressa le pas. Sa filature se termina dans une ruelle sombre et déserte. Le jeune homme s'y trouvait, seul. Il regardait devant lui et ne l'avait pas remarquée. L'odeur, bien plus forte, ne laissait aucune place au doute, elle le cherchait. Ça ne lui prit que quelques pas pour le rattraper. À l'ombre de la ruelle, le soleil ne l'incommodait plus autant. Elle le sentait picoter sur sa peau, mais l'ignora.

— Excusez-moi, l'interpella-t-elle.

Elle garda un ton poli et courtois, malgré le feu elle, malgré qu'elle ait une autre intention. Le garçon se tourna vers elle. Illythia baissa son capuchon et le regarda dans les yeux. Lorsque le jeune homme croisa son regard luisant, il cessa tout mouvement. Son corps se figea comme changé en pierre. Elle disposait de quelques minutes avant que le sort cesse son effet. Illythia s'approcha et prit le garçon figé dans ses bras. Sur la pointe des pieds, elle le mordit avec précaution. Juste assez pour perçer la veine sans causer trop de dommages. Le fluide de vie remplit sa bouche. Le comparant au goût, l'odeur était fade.

Un soulagement intense la submergea. Si intense qu'elle en pleura presque. N'importe lequel dessert ne se comparait pas à la chaude moiteur du sang frais. Elle buvait, sentant une chaleur se répandre en elle et un courant électrique parcourir tout ses nerfs. De violentes secousses ravageaient son corps.

Dregan suivit Illythia dès qu'elle s'éloigna de lui. Il fenda la foule pour suivre la princesse en transe. Depuis leur enfance, dès que leur nature vampirique s'éveillait, on le leur répétait. « N'allez pas vous nourrir seuls. » Au moins une personne devait monter la garde. Dans le cas de la famille, un membre de la garde royale les accompagnait. Dregan arriva à sa destination en moins d'une minute. Il surveilla l'entrée de la ruelle pour d'éventuels curieux. Les sons provenant de la ruelle sonnaient à ses oreilles comme s'il se tenait à moins d'un pouce d'eux. D'autres sons approchaient de Dregan, des bruits de pas. Il regarda autour de lui et vit un humain qui approcha. Le vampire l'intercepta avant qu'il ne le rejoigne. Dregan baissa son capuchon et ses yeux luirent d'une lueur rougeâtre.

— Repars d'où tu viens. Il n'y a rien à voir.

L'humain repartit aussitôt. Dregan se sentait un peu à plat suite à l'utilisation de ses pouvoirs et prit le temps de se recomposer.

Illythia finit de boire, sa salive effaçant la trace de morsure. Ensuite, elle plaça une main sur le front du garçon, une lueur blanche émana de sa paume.

— Oublie, murmura-t-elle.

L'humain cligna des yeux et mit quelques secondes avant de réagir. Il partit ensuite sans un mot. Dregan la rejoint. Illythia replaça son capuchon sur sa tête et il lui tendit un mouchoir pour essuyer sa bouche.

— Il est l'heure de rentrer.

— Déjà ?

— Vous savez qu'il ne faut pas s'attarder chez les humains.

Elle fronça les sourcils, son visage prenant un air boudeur. Ça lui donna une apparence encore plus enfantine.

— Et vous Dregan ?

— Nous avons déjà faillit être repéré. De toute façon, je n'en ai pas besoin.

— Dépêchons-nous de rentrer. Aujourd'hui est une journée chargée.

— Pourtant ça ne me concerne pas personnellement.

Ils célébraient sa sœur. Raelinn, son aînée, fêtait ses 200 ans, la majorité chez la plupart des créatures fantastiques. Une cérémonie importante se tenait au palais avec tout les nobles invités.

— La cérémonie de passage à l'âge adulte est importante.

Ils arrivèrent au carrosse et repartirent.

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