Chapitre 12

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    Je trouvais facilement la clinique, c'était écrit dessus, comme le Port-Salut. J'avais vraiment des blagues de merde quand j'étais stressée.

    Enfin, c'était un grand bâtiment blanc avec des fenêtres noires, un toit plat et une enseigne lumineuse complétaient le tout. Le tout semblait propre et soigné, dans un quartier plutôt chic de la ville. La petite boule de poil sur le siège passager avait arrêté de chouiner, j'avais régulièrement posé ma main sur lui pour être sûre qu'elle respirait encore.

— Courage mon petit loulou, on est arrivé. Je suis désolée je vais devoir te porter à nouveau.

    Évidemment, il ne me répondit pas. Je fis le tour et fis attention à le secouer le moins possible. Je refermai la portière d'un coup de fesse.

    J'arrivai devant la porte en me demandant comment j'allais l'ouvrir. Heureusement, c'était des portes automatiques. A croire qu'ils recevaient souvent des gens avec les bras encombrés. L'intérieur était plutôt propre et lumineux. Les nombreux spots éclairaient tous les recoins. Quelques touffes de poils des patients du jour traînaient au pied des présentoirs. Le bureau d'accueil mélangeait harmonieusement le blanc et l'acajou pour allier classe et sobriété. D'où j'étais, je pouvais également voir la salle d'attente qui était quant à elle plongée dans le noir.

— Je suis à vous dans deux minutes ! me cria une voix grave et chaleureuse.

    Il me semblait la reconnaître, mais je ne remettais pas de où ni de qui. Je haussais les épaules en attendant de voir. Ça devait être de l'Apocalypse, il y avait tellement de passage que je n'arrivais pas à remettre tout le monde. Quelle ne fut pas ma surprise quand je vis le propriétaire de cette voix.

— Monsieur Dumont ! m'exclamais-je.
— Et oui mademoiselle Erine ! Il me semblait bien que c'était vous ! Mais appelez-moi Théo s'il vous plait, me dit-il dans un sourire. Suivez-moi par ici.

    De la main, il m'indiqua le couloir devant lui.

    Plusieurs portes se répartissaient le long de celui-ci. Des petites plaquettes indiquaient qu'il s'agissait des salles de consultation avec leurs numéros. Nous entrâmes dans la numéro 3. La pièce était dans les tons bleus. D'une couleur ciel pour les murs, azur pour les meubles, sauf pour le bureau qui était dans les mêmes teintes que celui de l'accueil. Tout était bien rangé et ordonné. Toute la pièce respirait le calme et le professionnalisme.

    Il monta un peu la table avant de me demander d'y déposer mon petit paquet. Je le regardai faire, toujours aussi inquiète en attendant son verdict. Je restai à côté du chien en lui murmurant des mots apaisants. J'en profitai également pour le détailler. Il ressemblait à un cocker, il était plus petit et plus clair, mais avec ce museau allongé et ces oreilles toutes bouclées. Il avait le contour des yeux un peu plus foncé.

    En m'attardant sur le reste de son corps, je me rendis compte que ma première impression était bonne. Il était très amaigri et sale. Ses poils étaient tout emmêlés et j'étais sûre de sentir ses côtes à la moindre caresse. Je n'y avais pas vraiment fait attention en le portant mais c'était inquiétant.

— Va-t-il s'en sortir ?

    Je n'avais pas réussi à me taire plus longtemps. J'en profitai pour lui faire une caresse au sommet du crâne. Je sentis sa petite langue humide sur ma main. Il avait tourné la tête de sorte à pouvoir se blottir sous ma main.

— Je vais lui faire une radio par sécurité. Mais ça parait en bonne voie, me répondit-il. Un pli soucieux barrait toujours son front. Ce qui m'inquiète plus, c'est son état général.
— Il est fort maigre non ?
— Oui, et au delà de ça, son poil est en mauvais état, et il a certaines cicatrices qui ne datent pas d'aujourd'hui.
— Vous pensez qu'il était battu ?! m'exclamais-je.
— C'est une possibilité. Même si je ne m'avancerai pas à dire que ce sont ses derniers proprios, on n'en sait rien. Je vais voir s'il a une puce ou un tatouage pour les contacter. Mais d'abord, direction le scanner. Vous souhaitez me suivre ?

    J'acquiesçais d'un signe de tête. Il prit délicatement le chien dans les bras avant de sortir par la porte située derrière son bureau. Nous étions dans un second couloir qui menait d'un côté aux cages où étaient les pensionnaires pour la nuit et de l'autre à la salle de radiologie. Nous entendions quelques miaulements mais c'était calme.

— Normalement vous n'avez pas le droit de me suivre, mais on sent que vous l’apaisez et nous sommes seuls alors ...
— Merci, fût tout ce que je trouvais à répondre.
— Par contre Elena, je vais vous demander d'attendre derrière la vitre.

    Docilement, je fis ce qu'il me demandait. Je stressai en attendant son verdict. Dès que je m'éloignai un peu, le chien poussa un gémissement.

— Hey, ne t'inquiète pas mon beau, elle ne te quitte pas. Elle te regarde là, juste derrière la vitre.

    J'eu l'impression que dès qu'il entendit ces mots et me vit, il se relâcha.

    Les quinze minutes que prirent la radio me semblèrent interminables. J'eus le temps de me ronger tous les ongles. J'avais laissé tomber cette manie mais elle semblait revenir en force. Idem pour le temps qu'il passa à étudier les clichés. Il ne dit rien jusqu'à ce que nous retournions dans la salle de consultation et l'eu redéposé sur la table.

— C'est bon, il n'a rien. Par contre, il serait mieux que vous le gardiez en observation chez vous pour la nuit.

    Ce fut à ce moment-là que je craquais, toute la tension accumulée ces derniers jours et avec cet accident retombèrent. Je me retrouvais sanglotante et les larmes dégoulinantes sur mes joues devant l'ami de mon professeur.

— Excusez-moi, reniflais-je, avant de repartir de plus belle.
— Ne vous inquiétez pas, j'ai cru comprendre que vous aviez eu une semaine difficile. Venez là, chuchota-t-il en me prenant dans ses bras avant de continuer.
— Vous savez, pour Axel, ce n'est pas totalement de sa faute. Ça n'excuse pas son comportement au quotidien, mais il faut que je vous explique quelque chose. J'aimerais tellement qu'il sorte de sa coquille. C'est un gars en or. On adore se chamailler et j'adore par-dessus tout le faire enrager, il est comme un frère pour moi. On a grandi ensemble, on a fait nos plus beaux coups et nos pires conneries ensemble, s'esclaffa-t-il. Je pourrai vous en raconter pas mal mais ce sera pour une prochaine fois !

    Je sentis son torse vibrer contre mon visage, j'étais toujours collée dans ses bras et je me sentais bien, il n'y avait aucun désir entre nous, juste comme si j'avais eu un grand frère. Sa voix me berçait et m'apaisait et j'étais curieuse de savoir ce qu'il allait me raconter. Axel n'était peut-être pas le seul sujet d'inquiétude, mais mon cœur battait la chamade rien qu'en pensant à lui. Alors j'avais envie d'en savoir un peu plus. J'attendais impatiemment la suite.

— Il peut sembler froid au premier abord et pourtant c'est un mec en or. Il est très protecteur envers ceux qu'il estime être sien. Il va les protéger à tout prix, même si vous n'êtes pas d'accord. Vous avez déjà pu vous en apercevoir ... Pour autant, même s'il vous estime, il a du mal à faire confiance. Il pense que les deux personnes à qui il aurait dû pouvoir faire le plus confiance, l'ont trahi en se déchirant. Ses parents étaient censés s'aimer et continuent pourtant à se tourmenter. A cause de ça, il n'ose pas se laisser aller à aimer.

    A aimer ? Comme si Axel réagissait comme ça parce qu'il avait peur de m'aimer ?! Alors là, c'était le monde à l'envers. Je ne répondis pas, je ne savais pas quoi dire.

— Je sens que tu es surprise Elena. Mais je t'assure, Axel a dû mal à gérer ses sentiments qui d'un côté le poussent vers toi, et son vécu qui le pousse à fuir. Dans tous les cas, ne te laisse pas enfermer et continue à t'exprimer comme tu le fais. Il faut que tu sois forte.
— J'ai un peu de mal à croire qu'il m'apprécie vu son comportement. En plus, je ne vois pas pourquoi il s'intéresserait à moi, vu ce qu'il peut avoir à ses pieds. Et je grommelai les derniers mots : dont la pouf blonde de l'autre jour.
— Je ferais mieux de rentrer chez moi, continuais-je en le repoussant légèrement, après avoir inspiré une dernière fois son odeur de pin frais.

    Il me libéra après avoir déposé un baiser sur mes cheveux. Je repris la boule de poil dans mes bras.

— Au fait, ce petit chien n'a pas de moyen d'identification et semble t'avoir adopté alors si personne ne le réclame ... Il semble que tu aies un nouvel ami ! sourit-il.

    D'un air tout étonné, je regardai la petite bête que je tenais fermement contre moi. Un coup de langue sur le bout de mon nez m'appris qu'il était d'accord avec Théodore. Je venais d'adopter Cookie. Enfin ... Je ne savais pas qui avait adopté qui ...

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