Chapitre 11

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— Je n'en peux plus ! On arrête là ? En plus Stan m'attend pour m'emmener dîner !

Je grimaçai avant de m'étirer. Je sentis chaque muscle se remettre en mouvement après autant de temps figé sur ces chaises. Certaines de mes vertèbres craquèrent. Je la vis faire une grimace, elle détestait ça.

— Ok on y va, de toute façon j'ai le cerveau en compote.

Il était 19 heures 30 quand nous partîmes de la bibliothèque. Nous avions bien avancé. Nous avions un exposé à rendre en Travaux Dirigés deux semaines plus tard et il était temps de s'y mettre. Je n'aimais pas faire les choses en dernière minutes. Je préférais anticiper pour gérer les aléas.

— Bon et bien à demain alors !

Elle me prit rapidement dans ses bras avant de partir de son côté. Je me dirigeais vers ma voiture.

J'avais dû booster Emma. Elle avait du mal à se lancer mais une fois en route, elle allait jusqu'au bout.

Depuis environ une heure je ne me sentais plus observée, j'avais pu me détendre un peu. Il n'y avait eu aucun événement particulier. La sensation s'était juste évanouie comme ça. Je profitais du répit.

Mon ventre se mit à gargouiller, j'avais hâte de rentrer m'installer tranquillement avant de me glisser sous la couette. Mais il me restait encore environ un quart d'heure de voiture. J'avais une bibliothèque plus proche de chez moi, dommage que nous n'y trouvions pas tous les ouvrages dont nous avions besoins pour nos travaux.

J'eus de la chance, Cara démarra tout de suite. Il fallait dire qu'il faisait meilleur aussi et Mademoiselle n'aimait pas non plus le froid. Je pris la route perdue dans mes pensées. Mon esprit assemblait de lui-même les différents concepts que je venais d'étudier. Les écoles classiques et néoclassiques se bousculaient. Je voyais déjà comment nous pourrions présenter tout cela.

Un choc sourd me tira de mes pensées. Je pilais. J'étais dans ce moment où l'on fait les choses automatiquement, sans réfléchir, ceux où on vient de faire par cœur une route que l'on connait et qui n'a plus de secret pour nous. La nuit tombait et j'avais allumé mes phares pour voir un peu plus clair.

Je descendis en quatrième vitesse de la voiture. J'avais heurté quelque chose et je ne savais pas quoi. Je tremblais de tous mes membres. Dans ma tête il n'y avait que « oh putain de merde » qui se répétait en boucle. Je n'étais pas croyante mais je priai pour que ce ne soit pas une personne.

Et ce fut là que je la vis. C'était une petite boule de poil marron. Je m'approchais hésitante, est-ce qu'elle respirait encore ? Je l'entendis gémir. Je m'accroupis près du petit chien, je posais ma main délicatement sur lui pour le rassurer sans lui faire mal. Je ne voyais pas beaucoup de sang, sans que ça ne veuille dire grand chose. J'étais à la limite de paniquer.

— Oh non mon petit coeur ! Si tu savais à quel point je m'en veux ! dis-je en pleurant. Ne bouge pas je reviens.

Je me sentis tout de suite vraiment stupide. Je venais de le renverser, comment je voulais qu'il bouge ? Il fallait absolument que je trouve un vétérinaire. Je n'osais pas le déplacer. A cette heure-ci, il allait vraiment me falloir un coup de bol.

Je dus m'y reprendre à deux fois pour réussir à me saisir de mon téléphone et à le déverrouiller. Nous étions au milieu d'un petit bois, aller aller, pourvu que ça capte ! Ce n'était pas toujours le cas par ici.

Merci internet qui me fournit en deux temps trois mouvements le numéro d'un véto proche de moi. J'appelais avec peu d'espoir d'avoir quelqu'un au bout du fil. A 20 heures, je ne connaissais pas grand monde qui était encore au bureau.

J'étais prête à raccrocher quand j'entendis :

— Cabinet vétérinaire du Docteur Dumont, que puis-je faire pour vous ?

— Oh docteur Dieu merci il y a quelqu'un ! A cette heure-ci, j'avais tellement peur n’avoir personne ! débitais-je soulagée.

— C'est sûr qu'en temps normal vous n'auriez eu personne mais j'ai été retenu. Est-ce pour une urgence ou ça peut attendre demain ?

— Non non non ne raccrochez pas ! Heu ... C'est une urgence ... C'est heu, bafouillais-je.

Je perdrai un temps que je ne savais pas avoir parce que je n'arrivais pas à trouver mes mots. J'enrageais.

— Mademoiselle, fermez les yeux et inspirez profondément. Ensuite relâchez tout votre souffle. Est-ce que maintenant vous pouvez me raconter ?

Je suivis ses conseils et ses paroles. Sa voix grave était apaisante et m'avait aidé à baisser un petit peu la tension.

Tout en lui répondant, je retournai près de la petite bête.

— Merci. Je revenais de la bibliothèque Centrale et j'étais perdue dans mes pensées quand j'ai heurté un chien. Il est sur le bas-côté et gémit. Il m'a laissé poser la main sur lui mais a à peine tressailli. Je ne sais pas quoi faire.

— Ok, il va falloir que vous me l'ameniez pour que je puisse l'examiner. C'est risqué de le bouger, mais vous n'avez pas le choix. Par contre, faites attention à ne pas vous faire mordre, avec la douleur, ça pourrait être un réflexe.

— D'accord. Je vais l'envelopper dans la couverture que j'ai dans mon coffre. Heureusement, il n'est pas très grand.

— N'hésitez pas à lui parler doucement et calmement pour le rassurer.

— Je fais ça et j'arrive. A tout de suite !

Je raccrochai en allant chercher la couverture dans mon coffre. Je la gardais toujours avec moi au cas où, j'avais aussi des habits de rechange. Comme ça, je n'étais pas prise au dépourvu si j'étais coincée quelque part. Ce n'était jamais arrivé, mais je prévoyais.

— Chuuuut, tout doux mon beau. Je vais t'amener chez le vétérinaire qui s'occupera de toi et te remettra sur pied. Avec un peu de chance, on retrouvera tes maîtres, lui chuchotais-je.

Je continuais à lui murmurer des paroles rassurantes tout en l'enveloppant et en le déposant sur le siège passager. Il n'était pas lourd, je le trouvais même trop léger au vu de son gabarit. Ses poils étaient noueux et sales. Ça devait faire un moment qu'il traînait dehors le pauvre petit père. Mon coeur se serra encore un peu plus.

J'avais la bouche sèche et la gorge nouée. Il n'avait pas protesté de tout le temps où je l'avais bougé. Uniquement quelques gémissements apeurés. J'espérai que le vétérinaire était bon et pourrait faire quelque chose pour le soulager. J'avais la tête qui tournait rien qu'à l'idée de devoir le piquer. Une lamentation s'échappa de ma bouche. Les larmes recommençaient à monter et à me piquer les yeux. Mais je ne les laissais pas couler. Il fallait que je reste forte pour ce petit loup.

J'entrais l'adresse du véto dans le GPS de mon téléphone puis me mis en route. J'allais au maximum de la vitesse autorisée en essayant d'éviter d'être trop brusque. Je ne voulais pas risquer d'avoir un accident ou de lui faire encore plus mal.

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