Chapitre 7

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Mais où avais-je mis mes clés ? Et merde ... J'étais vraiment trop conne, j'avais oublié que j'étais venue avec Emma. J'allais devoir appeler un taxi. L'autre option était que je l'attende. Et ça c'était hors de question. D'autant plus que vu son attitude, je n'étais même pas sûre qu'elle allait rentrer de la nuit. C'était trop loin pour que je reparte à pied, je ne connaissais pas bien cette partie de la ville. C'était le coin des bars, des boites de nuit et des baraques hors de prix.

Je marchais quand même un peu avant d'appeler, je n'avais pas envie d'attendre aux abords du bar et que l'autre malade me retombe dessus. Après dix minutes de marche, j'estimai que c'était assez. Je regardai tout autour de moi pour trouver le nom de la rue puis j'appelai. J'attendis un bon trente minutes qu'il arrive. Je commençais à m'impatienter.

C'était une vieille Mercedes noire, qui semblait bien entretenue. J'étais à peine assise que l'odeur de vieux cuir m'aida à me détendre, on s'y sentait en sécurité. C'était peut-être illusoire mais j'avais besoin de cette sensation.

— Bonjour Mademoiselle, moi c'est Henry. J'vous dépose où ?

Je pris un instant pour l'observer, il avait l'air bien bâti, assez trapu. Ses cheveux poivre et sel commençaient à se dégarnir, je lui aurais donné dans les 40 ans. Il avait un air sympathique et un sourire franc. Il ne ressemblait pas à un psychopathe. En même temps, Mike non plus ...

— Bonjour. Déposez-moi Rue du Globe s'il vous plait, lui indiquais-je en bouclant ma ceinture.

Je fermais les yeux. Mon cou m'élançait toujours et je n'avais pas encore osé regarder à quoi ça ressemblait. Je ne pouvais pas mettre une écharpe avec un temps pareil, j'allais devoir forcer sur le fond de teint. Quoique ça ne se verrait peut-être pas ? Ouais et la marmotte, elle met le chocolat dans le papier d'alu.

— Tout va bien mademoiselle ?

J'ouvris un oeil puis me décidais à lui répondre après un long soupir.

— Et bien ... J'ai eu une journée merdique mais ça devrait aller ...

— Ah. Parce que je n'veux pas m'montrer désagréable mais vous avez une sale tête. Et une sacrée trace dans votre cou. On vous a fait mal ?

J'ouvris le deuxième oeil et fixais le plafond. Bon bah le fond de teint serait mon copain.

Il était bien curieux. J'aurais pensé qu'il fallait savoir se faire discret dans ce métier là. En même temps, une oreille attentive ça faisait du bien.

— Ca devait être un barbeuc tranquille au bord de mer. Au Sample. Donc normalement le truc classe et pas glauque. L'un des patrons m'a fait visiter le bar et a décidé que mon cou était au menu. Il m'a mordu et s'est pris un coup de genou dans les parties.

— Violente la p'tite dame ! En même temps il l'a bien mérité.

Enfin un qui était de mon côté ! Et dire qu'un quart d'heure plus tôt je ne le connaissais pas. Au moins, il ne disait pas que c'était de ma faute !

— Oh mais ce n'est pas fini ! Le second patron et ma soi-disant meilleure amie pensent que j'aggrave les choses et que je n'avais qu'à pas le chauffer ! Alors que je suis à mille lieues de m'intéresser à qui que ce soit.

Enfin sauf mon mystérieux prof, grommelais-je à voix basse pour moi-même.

— Pas cool ça. Votre prof ? interrogea-t-il

— Punaise ! vous avez une sacrée oreille pour entendre ça ! Un nouveau, Axel Heron, mais ça me passera vite, répondis-je en secouant la tête. Il est pas mal et j'ai l'impression de le voir partout mais j'ai vraiment pas le temps pour ça.

— Vous êtes sûre que ce n'est qu'une impression ?

Je ne répondis pas et je refermais les yeux. Je lui en avais déjà dit beaucoup et je n'avais pas envie de continuer à lui raconter ma vie. Je somnolais jusqu'à ce que nous arrivions chez moi. Il ne manquerait plus que ça arrive aux oreilles de l'intéressé et je n'aurais pas l'air conne.

— Mademoiselle ? Nous sommes arrivés.

J'ouvris les yeux un peu groggy.

— Merci. Combien je vous dois ?

— Euh, en fait, rien du tout.

— Hein ? En quel honneur ?

— J'aurais juste besoin d'un service s'il vous plait.

— C'est-à-dire ?

Je restai sur la réserve. Un peu blasée quand même. Qu'est-ce qu'il allait me sortir celui-là. Je n'étais plus à une bizarrerie près pour la journée.

— Ce prof dont vous m'parliez, Axel Heron. J'aimerais l'rencontrer mais, je n'sais pas comment l'approcher. Du coup, je m'suis dit que vous pourriez p't'être lui parler de moi et lui dire que j'souhaiterai le voir.

— Euh ok. En revanche, je ne peux pas vous garantir qu'il m'écoutera.

Ça m'étonna qu'il veuille passer par moi, mais ce n'était pas trop compliqué à faire.

— Par contre, dites-lui bien qu'c'est pas moi qui vous ai fait cette trace ! Que je vous ai juste raccompagnée !

— Ok, mais toute façon qu'est ce que ça peut lui faire ...

Il ne répondit pas, ce qui me gênait c'est qu'il semblait en savoir beaucoup plus que moi sur la situation.

Je descendis en le remerciant encore pour la course. J'insistai une dernière fois pour le paiement. Il me refit le même discours. J'étais surprise, en revanche, je n'allais pas cracher dessus.

J'attendis qu'il soit parti pour rentrer chez moi. Un peu parano, je ne lui avais pas donné mon numéro exact.

Je me rendis dans ma salle de bain pour prendre une longue douche bien chaude. Ensuite, je pris mon courage à deux mains pour faire face au miroir.

Oh putain de bordel de merde. Pas étonnant que ça me fasse super mal quand j'y touchais.

Au moins je pouvais dire qu'il avait une bonne dentition. Je pouvais presque les compter. J'avais droit à un beau cercle, avec toutes les dents et il était déjà bien coloré. La peau n'avait pas été percée mais j'avais un sacré bleu ! Il tirait sur le violet autour des traces de dents puis s'éclaircissaient un tout petit peu. J'en avais au moins pour quinze jours avait qu'il disparaisse, au bas mot. Heureusement, j'avais de l'arnica dans ma pharmacie. J'appliquai tout de suite une sacrée couche en espérant que ça l'atténue. Et si je m'enroulais nue dans du jambon en dansant la carioca, est-ce que ça irait mieux ? J'étais prête à tout.

Je tentais de bosser un peu, mais je n'avais pas du tout la tête à ça. Ma tête et mes membres étaient lourds, vidés de leur énergie. Bien qu'il ne soit pas tard, je partis m'allonger et sombrai dans un sommeil sans rêves jusqu'au lendemain matin.

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