Chapitre IV - Vérité finale

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Plus tard, Nox était descendu de son perchoir. Il cherchait maintenant Marc, il l'appelait.

<< Marc ! Marc ! J'ai besoin de tes réponses ! Je veux savoir qui est cette fille dont tu peux prononcer le nom ! Cette fille dont je ne peux prononcer que la moitié du nom ! Âmes, aidez-moi, répondez à mes questions ! Je vous en prie ! Je ne peux plus vivre dans cette ignorance forcée ! Si vous m'aimez un tant soit peu, aidez-moi...

- Ne nous force pas, Nox ! lui répondirent les âmes.

- Je veux savoir ! Laissez-moi décider quelque chose par moi-même pour une fois ! Vous ne me laissez même pas savoir qui je suis !

Les âmes faisaient cercle autour de lui, l'encerclaient. Puis Marc qu'il avait tant cherché s'avança, surgissant d'entre le mélange flou de ces âmes qu'il connaissait depuis onze ans maintenant. Si des réponses ne lui étaient pas vite données, il sentait que la folie juste de l'autre côté du rideau se ferait bientôt une joie de l'embrasser étroitement.

- Nox, écoute-moi, concentre-toi. Veux-tu vraiment savoir ?

- Oui, je veux savoir ce que vous m'avez caché !

- Ne nous en veux pas, Nox. Tout ce nous voulions, c'était te préserver, te garder près de nous... Ne nous en veux pas. Nous avons fait ça car nous t'aimons... supplia presque Marc, d'un ton implorant.

- Je veux les réponses !

Marc lança un long regard aux autres âmes puis se lança.

- Ton père était fossoyeur. C'était le dernier qui s'occupait de nos corps. Il ne nous voyait pas mais nous sentait. Nous l'apprécions. J'avais une fille, Nox. Amanda. Magnifique. Elle et le Fossoyeur tombèrent amoureux, conçurent un enfant. Toi, tu l'auras compris. Mais les villageois avaient peur de cette cape noire de Fossoyeur et étaient persuadés qu'il avait corrompu mon Amanda. Je n'ai pas réussi à la protéger. Ils avaient besoin du Fossoyeur, ils ne pouvaient rien lui faire. Et de toute façon, si ils avaient réussi à vaincre leur peur pour l'arrêter, ils n'y seraient pas arrivé. Ils s'en sont pris à mon Amanda. Ils avaient enfermé Jeannette dans notre cave. Moi, j'ai voulu courir prévenir le Fossoyeur, il aurait réussi à les empêcher de faire... ce qu'ils ont fait. Ils m'ont donné un coup de pelle sur la tête avant que je ne l'ai rejoint. C'est ainsi que je suis mort. Amanda a été lapidée dans une clairière un tout petit peu plus au sud d'ici. Puis ils ont abandonné son corps. Le Fossoyeur s'est rendu dans la clairière où gisait le corps de son aimée pour la pleurer et l'enterrer. Mais il ne pu la bouger. Pourtant le Fossoyeur était loin d'être un homme frêle. Il n'eut d'autre choix que de la laisser là. Son aimée et son enfant étaient morts. Le Fossoyeur n'était plus qu'une ombre. Puis un jour, alors qu'il se réveillait d'une sieste à côté du corps d'Amanda enseveli sous la terre et les feuilles, il vit un bébé à côté de lui. Toi. On ne sait comment, tu es né alors que ta mère était morte depuis un mois et enterrée à l'endroit même où elle était morte. Jeannette aida le Fossoyeur à s'occuper de toi, tous les autres villageois vous craignant tous deux. Ton père vécu jusqu'à tes six ans, puis il mourut. Il était resté en vie juste le temps de t'élever. Le Fossoyeur n'étant plus, les villageois t’amenèrent au cimetière et t'y abandonnèrent. Jeannette ne put rien faire contre les villageois, une fois de plus. Je crois que depuis que tu es au cimetière, elle ne peut plus te voir. Tu es né d'un père tout juste vivant et d'une mère morte. Et maintenant, Nox, quelqu'un t'attend.>>

Nox fronça les sourcils et se retourna. Elle était là. La dernière vision, la lumière, le défilé d'images. Il leva brièvement les yeux vers le ciel gris et noir de la nuit. Puis elle le transperça de sa main. Amaza. Sa vision s'obscurcit de plus en plus, jusqu'à ce qu'il ne voit plus, ne respire plus. Il sentit la pierre froide. Puis la douleur glacée. Son corps devenait de plus en plus froid, bien plus que la pierre. Puis la douceur brûlante.

Sans que ses yeux ne s'ouvrent, il savait son corps étendu en croix sur le sol de son mausolée plus froid que toute autre chose et Amaza penchée sur son corps, les lèvres sur les siennes. Le tombeau du mausolée était ouvert, et c'était le corps qui y reposait qu'elle embrassait. Le corps était grand et mince, avait les cheveux de la nuit. Il n'était pas matériel, mais il n'était pas une âme non plus. Il n'avait pas dix-sept ans. Simplement, il s'était endormi et avait oublié. En rouvrant les yeux, il s'était cru humain et avait pris cette forme. Il avait pris la forme d'un semblant de matériel. Mais maintenant il se souvenait. Il était le Fossoyeur des âmes, leur prince, et Amaza était la Cueilleuse, dite la Mort des humains.

<< Amaza ! Merci... je m'étais perdu.

- De rien, mon amour ! >>

Elle l'embrassa, lui et non plus le corps matériel qu'il avait quitté voilà très longtemps. Les âmes avaient retrouvé leur Prince Fossoyeur.

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