Serial Killer : la traque

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Hôtel Ibis de Montrouge 16h30

  Avec une demi-heure d’avance sur l’heure du rendez-vous, la jeune femme entra dans le hall de l’hôtel. Il y avait beaucoup de monde au bureau d’accueil, un car de touristes japonais venait de débarquer. Elle se rendit directement à l’autre bout du hall, dans le petit salon où elle avait l’habitude de rencontrer Gigi et quelques autres pour des scribmeets discrets. La pièce était inoccupée pour l’instant. Elle posa sa sacoche et s’installa à une table. Un serveur s’approcha :

—Bonjour Madame Ainhoa, ravi de vous revoir ! Désirez-vous quelque chose ?

— Pas pour l’instant merci, Gérard, mes amies ne devraient pas tarder, pourriez-vous revenir lorsqu’elles seront là ?

— À votre service Madame ! — Répondit-il en quittant le salon.

  Elle consulta brièvement son téléphone, puis envoya un message pour informer ses copines de son arrivée. Elle allait prendre un livre quand elle entendit la porte derrière elle s’ouvrir. Un homme à l’allure bizarre sortait des toilettes. Il était curieusement vêtu d’une redingote et d’un chapeau melon, sa chemise et son gilet étaient tachés. Il venait vers elle et lui demanda avec un fort accent britannique :

— Excusez-moi, seriez-vous el pi di ?

— Pardon ?

— L’amie de Gigi ?

— Euh, oui ! Mais qui êtes-vous Mons…

  Elle réalisa tout à coup que les taches sur ses vêtements étaient du sang…

— Monsieur que vous arrive-t-il ? Vous êtes blessé ?

— C’était donc avec une femme ! Bloody fucking bitches !

  Il la poignarda à la gorge et lui porta plusieurs coups de couteau sur les bras et la poitrine avant de repartir en vitesse par le même chemin en entendant quelqu'un arriver.

  LPD grièvement blessée une main compressant sa gorge tenta de se lever et tomba en entrainant bruyamment la table dans sa chute.

  Yaëlle, qui venait d'entrer, était guidée par Gérard vers le salon privé quand ils entendirent le vacarme. Gérard se précipita au centre de la pièce et la voyant au sol, ensanglantée :

— À l’aide ! Une femme est blessée ! — S’écria-t-il affolé, ne sachant que faire au moment même où Yaëlle pénétrait dans la pièce derrière lui :

— Que se passe-t-il ? Je suis médecin, laissez-moi passer... Mon Dieu ! C’est Ainhoa... elle est en vie appelez immédiatement le SAMU, apportez-moi la trousse de secours vite ! Heureusement l’artère n’est pas touchée, mais elle a d’autres blessures au torse. Que tout le monde sorte et laissez le passage libre pour les ambulanciers.

  C’est alors que la commandante Carelle et son staff firent leur apparition dans l'hôtel au milieu de la panique qui commençait à gagner les clients et le personnel :

— mais qu'est-ce que c'est que ce foutoir ! Police, que chacun reste à sa place ! Brigadier, bloquez les issues, "Gym" va voir ce qui se passe au fond là-bas. Je suis la commandante Carelle, je veux voir le responsable de l'hôtel immédiatement, personne ne quitte l'établissement sans mon accord ! Vous êtes le directeur ?

—Je suis le gérant, quelqu'un vient de blesser une dame dans la salle du fond, un médecin s'occupe d'elle, vous avez fait vite... je viens juste de raccrocher après avoir appelé le commissariat !

  Dans l'arrière-salle, Yaëlle se pencha brièvement sur la victime qui tentait de contenir son sang qui l'étouffait petit à petit. Elle hoquetait, déjà violacée, les pupilles révulsées. La main commença à glisser des lèvres béantes de son larynx.

  Alors, le médecin courut vers le bar. Le temps suspendit son cours, le temps qu’elle revienne armée d’un sabre à champagne. Elle s’agenouilla, accorda une moue sceptique à son instrument, le brandit néanmoins à la hauteur de son visage. Avant que quiconque ait pu l’en empêcher, elle embrocha à nouveau la serinée, qui émit un gargouillis et se remplit d’air comme une noyée rescapée... ce qu’elle était finalement. L’artère n’était pas sectionnée. Yaëlle ne s’attarda pas sur les autres blessures. Le seul geste utile à ce stade était de la placer en PLS en attendant les secours. Elle s’avisa que personne ne les avait encore appelés, gueula un coup et disparut, sous les yeux ébahis des policiers.

  Le lieutenant Janeau eut la présence d’esprit d’envoyer deux brigadiers à sa poursuite, avant de s’enquérir de ce qui se passait. Le serveur Gérard, blanc comme un linge, ne quittait pas le visage maintenant détendu de la victime. Ainhoa avait sombré dans l’inconscience. Peut-être pire. Carelle et Ghimkhana le tirèrent à l’écart. Ils apprirent que la dame étendue au sol avait privatisé une salle discrète pour « traiter d’affaires confidentielles ». L’employé guidait la deuxième dame vers la table lorsqu'un monsieur "tout à fait calme et comme il faut" était sorti des toilettes, avait échangé deux mots avec la dame, et lui avait poignardé plusieurs fois le torse avant de lui trancher la gorge. Il était reparti vers les toilettes. Sur un geste de leur commandante, deux autres agents se précipitèrent, mais revinrent bientôt la tête basse : 

— une fenêtre, spécifia l’un des deux.

On ramena la médecin improvisée, tenue fermement et menottée.

— Qui êtes-vous ?

— Yaëlle.

— Yaëlle comment ?

— Yaëlle Jumel, je suis médecin.

— Que se passait-il ici ?

— Un thé entre amis.

— Ne vous foutez pas de nous, ma p'tite dame. On vient de découvrir une « Gigi » tuée à coups de couteau chez elle, après deux autres écrivains inscrits sur une plate-forme… Comment déjà, lieutenant ?

— Scribay, commandante.

— Ça vous dit quelque chose ?

— Pas du tout, j’avais rendez-vous avec une amie, Ainhoa.

— Une table de six pour vous deux ? Votre copine, c’est plutôt Ainhoa ou LPD ?

La femme pâlit et vacilla.

— On a le mobile, mademoiselle. Il nous manque juste l’as du couteau. Pseudo : RDG. Alors, on s’explique ou on préfère se rafraîchir à l’ombre ?

— RDG ? Mais il n’écrit même pas sur scribay ce type. C’est juste un copain de Gigi Fro, elle l’a encouragé à s’inscrire parce qu’il s’y connaissait en polars, pour l’aider à améliorer ses œuvres. Il a essayé de passer sur mes textes mais je l’ai dégagé parce qu’il prétendait tout connaître sur les meurtres... Oh, c’est pas vrai... C’est lui, le tueur en série ?

— Vous nous répondez maintenant ? Qu’est-ce que c’était que cette petite réunion ?

— Il y a à peu près deux jours, Ainhoa s’est inquiétée de l’absence de Gigi Fro sur scribay. Elle la connaissait personnellement, alors elle a contacté sa famille et a appris pour les deux autres meurtres. On lui a parlé de vos soupçons d’un lien avec la plate-forme. Alors on a décidé de créer une messagerie « dark scribay » pour se tenir au courant, et de nous retrouver ici régulièrement. Afin de nous protéger.

— Quelles étaient les relations entre Gigi et LPD ?

— Elles sont très actives pour animer les discussions, très présentes et populaires sur le site.

— C’est tout, pas de romance entre elles ?

— N’importe quoi !

— Peut-être bien, mais c'est ce que croyait l'assassin. Nous pensons que notre meurtrier faisait le vide autour de Gigi. Maintenant, il risque de s’évanouir dans la nature... À moins que vous nous prêtiez main-forte pour le piéger...

— Que voulez-vous dire ?

— Asseyons-nous, je vais vous expliquer...

(à suivre...)

C78 & JI 23/05/20

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