The Perfect World - Marty Friedman

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Il y avait des jours sombres, comme celui-ci. Il y avait des nuits noires comme celle-là. Et il y avait des cœurs hantés par des démons. Et ces cœurs-là étaient toujours torturés, écorchés, déchirés. Ils n'avaient échappé que de peu à une mort qui les aurait délivrés de ce qui paraît aujourd'hui être une douleur incessante, inoubliable, et de laquelle émane de terribles fumées toxiques.

" Un jour j'aurai disparu.

- Disparu ? Mais où ?

- Là où nous devrions tous être, à l'endroit auquel nous appartenons. Au seul endroit où nous serons aimés."

Car Dieu n'a jamais joué son rôle. Tous attendent qu'il agisse, d'une manière ou d'une autre. Tous attendent un miracle, une preuve de son existence. Tous les êtres sur Terre prient un être incroyablement puissant, supérieur en tout, uniquement capable du meilleur. Ils l'attendent pour qu'il trace leur chemin, pour qu'il leur montre la voie, pour qu'il révèle à eux les méandres du destin. En réalité, ils l'attendent pour qu'il fasse de ce monde le monde parfait dont ils rêvent.

" Vous rêvez depuis trop longtemps. Ce jour ne viendra jamais. N'espérez plus, c'est inutile. Je suis le seul à pouvoire sauver mon âme. Je vous le répète, Dieu n'a jamais joué son rôle. Peut-on en dire autant du Diable ? Bien sûr. Ce ne sont pas ces entités invisibles qui guident nos pas. Ni Destin ni Fatalité n'ont eu l'audace de se présenter à nous. Car s'ils avaient osé, nous les aurions combattus. Mais ils n'existent pas. Pas plus que le Hasard ou la Chance. Pas plus que l'Impalpable et les Miracles."

Des ombres. Voilà ce qu'ils sont. De larges tâches obscures, composées de milliards de nuages de fumée serrés tous ensembles, les uns contre les autres. Ils se suivent, dans les rues, dans les villes, dans les pays, ils les hantent comme ils sont hantés eux-mêmes. Tous se posent la même question, futile : Pourquoi suis-je en vie ? Il n'y a pas de réponse à cette question. Et pourtant ils continuent, jusqu'à découvrir que toutes ces interrogations sont sans fin, car toutes finissent par aboutir à la même question : celle de départ. Pour guérir le mal qui semble les détruire, ils tentent vainement de replonger dans les tréfonds de leur âme, et ils tentent de ressentir ce qui s'agitait au fond d'eux, durant les jours paisibles, les hier plus doux, les étés passés. Mais ils n'y parviennent pas. Non, ils n'y parviennent pas.

" Parce que vous ne semblez pas croire en ce que vous voyez aujourd'hui, maintenant. Non, je ne rendrai pas ce monde meilleur, non, personne ne vit pour toujours, alors ouvrez-moi les yeux et laissez-moi partir. Je vous le dis encore, un jour j'aurai disparu, et je serais enfin là où nous devrions tous être, à l'endroit auquel nous appartenons. Ce jour-là, nous serons heureux."

Des gens brisés, des sentiments brisés. Des gens insensibles à la douleur. Des nez en miettes, du sang qui coule, de multiples plaies, et pourtant, ils sont toujours debout, se traînant sur cette terre sans autre volonté que celle d'être. Ils refusent de vivre, ils refusent de mourir, ils refusent de regarder vers le ciel ou dans les flammes. Ils ont atteint le point de non-retour. Ils savent désormais que la lumière et l'obscurité sont liées ensemble. Ils savent désormais que les Cieux et les Limbes sont inextricables. Ils savent désormais que tout ce qu'ils vénèrent est ce qu'ils haïssent. Pourtant, au fond d'eux, certains se disent que leur foi les sauvera.

" Mais oui, c'est ça...

- Ne me montreras-tu la Lumière ? Jusqu'où iras-tu ?

- Jusqu'à la vengeance, dans ce monde perdu qu'est celui que nous connaissons. Après, je pourrais dormir silencieusement, comme une âme ou comme un être."

Un jour, ils auront disparu. Un jour, ils auront rejoint celui qui parlait ainsi. Un jour, ils auront compris que ce n'était pas en fuyant la noirceur qu'ils trouveraient la lumière à laquelle ils aspiraient tant, mais en la dispersant, en la combattant, en y faisant face. Et quelle que soit l'issue de cette confrontation, quel que soit l'adversaire traversé par la lame, ils découvriront qu'ils n'avaient jamais perdu cette lumière.

Ils avaient simplement besoin de rire. " Encore une fois."

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