Ch 6 (1/2)

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Elle l’avait vu. Il avait stoppé l’attaque. Il avait fait tomber la foudre et fissuré la terre d’un simple geste. Elle avait vu sa congénère lui arracher son masque et dévoiler son visage. Et elle avait vu ce guerrier la terrasser de son marteau foudroyant. Et maintenant elle voyait des infirmières et médecins s’affairer autour de lui dans une petite tente aux abords du champ de bataille. Était-ce celui qu’elle cherchait, ce colosse au faciès bestial ? Était-ce lui, le fils perdu d’Inguadia ?

Elle devait en être sûre, mais pour cela elle devait également s’approcher de lui. Et dans l’immédiat ce n’était pas possible, il était entouré de soigneurs et une escouade de mages et de chevaliers sacrés montaient la garde autour de lui. Elle resta donc tapie dans la masse de soldats qui campait à une vingtaine de mètres du groupe qui entourait son objectif. Les troupes s’étaient disposées en arc de cercle, à une trentaine de mètres de la tente médicale.

Puis après plus de deux heures une occasion se présenta enfin. Elle s’avança en silence ses pieds nus s’enfonçant dans le sol boueux et humide sans le moindre bruit. Elle passa par l’arrière de la tente, soulevant lentement la toile, elle entra puis rampa jusqu’à la silhouette musclée couchée sur une paillasse.

Udiir était dans le noir total, sa tête était lourde comme du plomb et son corps tout entier lui faisait mal. Son esprit était troublé, il n’arrivait pas à réfléchir pendant quelques secondes sans revenir à la même pensée : son existence et son lien avec le clan Arginane avaient été découverts. Comment ses sœurs et lui allaient-ils se soustraire à l’attention de l’armée royale ?

Sa conscience oscilla entre l’état de sommeil et d’éveil, il perdit rapidement la notion du temps, ne sachant plus si une heure ou seulement quelques minutes s’étaient écoulées.

C’est dans cet état de semi-conscience, que Udiir crut sentir que quelqu’un le touchait, palpant ses cottes, soulevant sa couverture et ses bandages. Il ouvrit les yeux, très lentement, il tremblait, inquiet et effrayé. Lorsque ses paupières se levèrent Udiir vit une silhouette féminine aux cheveux sombres. Elle inspectait ses plaies, ou plutôt son torse. Soudain l’inconnue s’arrêta, tremblante elle porta la main à sa bouche comme pour étouffer un cri de surprise.

Lentement, Udiir approcha sa main de la chevelure de jais de la femme mystère. Ses oreilles brunes étaient ornées de boucles d’oreille ornées de pierres noires. Il effleura l’une d’elles du bout de ses doigts. Sa peau était douce comme de la soie. Sentant les doigts du chaman sur son lobe auriculaire, l’étrangère sortit de son état de stupeur et s’enfuit de la tente par l’arrière en courant. Udiir voulut la suivre, l’appeler mais son corps fut foudroyé de douleur, sa vue s’obscurcit et à nouveau il sombra dans le sommeil.

C’était lui, elle en était sûre maintenant. Elle avait vu la tâche blanche sur son torse, là où on lui avait dit. Il s’était réveillé, mais elle pensait qu’il n’avait pas vu son visage. Elle l’avait trouvé ! Zaÿsha avait retrouvé le fils perdu d’’Inguadia.

Des voix, se fut ce que Udiir entendit quand il émergea à nouveau. En plus des voix, il percevait du mouvement autour de lui dans la tente. En ouvrant les yeux il vit un infirmier militaire et une guérisseuse qui s’afféraient à changer ses bandages.

Leurs mains tremblaient, ils étaient effrayés par l’apparence du chaman, alors qu’il était immobile et ne représentait aucune menace. La jeune femme vit qu’il avait ouvert les yeux et après avoir averti son camarade d’un signe de tête, ils quittèrent la tente. Udiir poussa un soupir de dépit. Pourtant il n’aurait pas dû être étonné, depuis longtemps déjà, il savait que son apparence effraierait les autres races.

Le chaman se redressa sur sa couche, il fit rouler ses épaules et sentit encore une certaine raideur dans ses muscles mais il pouvait bouger à nouveau. En repensant à la femme mystère de cette nuit, il se demanda s’il n’avait pas rêvé, c’est alors qu’il sentit quelque chose dans sa main droite. Udiir ouvrit sa main, dans le creux de sa paume reposait une boucle d’oreille en pierre noire cerclée d’or. Udiir n’avait pas rêvé, il en avait la preuve à présent. Le bijou avait dû se décrocher au moment de la fuite de sa propriétaire. Quelqu’un avait donc visité sa tente afin de vérifier quelque chose sur corps. Udiir huma le parfum qui imprégnait la pierre et les cheveux qui y étaient accrochés. Il reconnut l’odeur du miel et du jasmin mélangé dans de l’huile pour le corps. À présent qu’il la connaissait le chaman n’oublierait plus jamais cette odeur.

Udiir aperçut ses vêtements, son armure et Gal’Rash rangés à côté de son lit de fortune. Il pensa se rééquiper entièrement mais à la vue de la côte de mailles criblée de trous et de l’état alarmant de ses protections, il se contenta d’enfiler ses vêtements.

Une fois habillé, Udiir se risqua à jeter un coup d’œil à l’extérieur. Il vit les tentes des forces erganiennes à vingt mètres environ de la sienne. Le jour pointait à peine à l’horizon, le chaman jugea qu’il ne devait pas être plus de trois heure du matin, les soldats dormaient encore. Juste en face de sa tente, s’en tenait une un peu plus grande, ainsi qu’un petit campement monté autour d’un feu de camp. En même temps qu’il sortait de son habitacle, les deux soigneurs surgirent de la plus grande tente du campement suivi par les sœurs Arginanes.

Voyant leur petit frère debout, les visages d’Arya et Kiara s’illuminèrent et elles se jetèrent à son cou. Elles le couvrirent de baisers, lui demandant s’il se sentait bien, ce à quoi Udiir répondit par des hochements de tête.

« Parfait, c’est parfait ! S’exclama Arya un grand sourire aux lèvres. On va pouvoir partir. Kiara, tes hommes sont prêts ?

-Oui, on n’attend plus que ton sort et on y va »

Surpris par le dialogue de ses aînées, Udiir observa les mouvements qui agitaient le campement. Les mages et les guerriers rangèrent le matériel et éteignirent le feu de camp, en moins de temps qu’il ne faut pour le dire le camp fut levé. Les soldats se rassemblèrent en silence derrière Kiara, tandis que les mages sous les ordres d’Arya se mirent en arc de cercle autour de la magicienne.

Udiir, totalement étranger aux événements qui se déroulaient sous ses yeux, interpella ses sœurs d’une main sur l’épaule. À peine eut il ouvert la bouche pour demander quelque chose que la chevalière plaquait son gantelet sur celle-ci, et qu’Arya lui faisait signe de se taire. Il obtempéra immédiatement d’un hochement de tête. Rassurée, Kiara ôta son gantelet du visage de son petit frère. Pouvant à nouveau parler, Udiir interrogea ses sœurs à voix basse. Arya lui répondit elle aussi dans un murmure :

« Désolé petit frère, mais il faut te mettre en sécurité et on est pressés.

L’un des mages interpella Arya,

-Capitaine Arya, nous sommes prêts pour la téléportation.

-Pour aller où ? Demanda le jeune chaman.

-Chez-nous. Répondit Arya.

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