Ch 4 (1/7)

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Alka dévala la montagne au pas de course. Après sa vision, Udiir avait renfilé son plastron et avait scellé sa monture en catastrophe. Déboulant sur la place du village Gal‘Rash à la ceinture.

« Udiir qu’est-ce que c’est que cet accoutrement ?

Le guerrier tourna la tête, sa mère et son père se tenait à quelques mètres de lui.

─ Les filles sont au front je suppose, dit-il.

─ Eh bien oui, elles y sont retournées avant-hier d’urgence.

Le sang d’Udiir ne fit qu’un tour et des sueurs froides lui coulèrent le long du dos.

─ Elles sont en danger.

─ Quoi ?

─ Papa, envoie un message d’urgence au seigneur Jayce, le front va avoir besoin de renfort. Une escouade ennemie va prendre nos forces à revers, ils viennent de longer la vallée par l’est. Je pars devant.

─ Mais comment...

Udiir ne laissa pas le temps à sa mère de protester et lança Alka à nouveau au pas de course.

L’ours franchit la porte du village avant de bifurquer vers l’est en s’enfonçant dans la forêt de conifères qui recouvrait le relief montagneux. La nuit tomba rapidement, le ciel était chargé de lourd nuage, la température chuta. Cela ne plut pas à Udiir, l’automne était certes bien entamé, mais il était encore un peu tôt pour les premières neiges. Si la météo s’en mêlai les choses se compliqueraient davantage et il n’en avait vraiment pas besoin.

Il talonna sa monture et l’ours accéléra. Alka appartenait à une race d’ours plus grande que la moyenne. Elle était plus rapide et plus endurante que toutes les autres espèces d’ursidés existantes, cela lui permettait de courir plus vite et plus longtemps. La pleine lune se leva, sa lumière argentée éclaira la forêt donnant ainsi une meilleure visibilité. Udiir traversa la chaîne de montagne avec la célérité du vent. Son lien avec les esprits de la terre fonctionnait mieux qu'une boussole, l'empêchant de se perdre.

Vers minuit il quitta la montagne pour déboucher sur une large lande jalonnée de collines verdoyantes. Il avait quitté le domaine des Marteau-Stellaire, il entrait dans le domaine de la reine Artha.

Réalisant cela, Udiir fit ralentir sa monture.

─ On y est Alka, pour la première fois depuis notre naissance, nous quittons le fief d’Arguane

Le chaman sentit la peur lui nouer une fois de plus les entrailles. Sa camarade ursidé sembla le sentir et approuva son appréhension d’un grognement.

Soudain la douleur le frappa une fois de plus, mais en moins brutal. Les forces ennemies l'avait dépassé il le sentait. Un horrible constat se fit alors dans son esprit. Il lui restait encore deux heures de route et les forces ennemies seraient sur place avant lui malgré la vitesse d'Alka. Terrifié par cette simple pensée, le chaman réfléchit à toute vitesse. Il relança sa monture au galop et invoqua les esprits du vent et de la terre.

─ Bal'Ash seigneur des vents, si vous m’entendez, si vous voulez que j'accomplisse ma tâche, alors permettez-moi d'aller aussi vite que le vent.

D'abord il ne se passa rien, puis le vent se mit à tourbillonner tout autour de l'ours et de son cavalier. Udiir vit alors le paysage s'étirer autour de lui. Alka fonçait à toute allure sur la lande nimbée de son propre ouragan, le chaman avait la sensation d'être aussi léger qu'une plume. En quelques minutes Udiir dépassa les troupes du chaos.

Une heure plus tard, le paysage devint marécageux. Udiir approchait enfin de la ligne de front. Durant les premiers mois du conflit, le front avait oscillé de plusieurs kilomètres avant de finalement se stabiliser. La magie et les armes de guerres des deux camps, sans oublier l’énergie corruptrice des démons, avaient ravagé les terres alentours les rendant tantôt calcinées, désertiques ou encore marécageuses comme dans le cas présent.

Udiir n’était plus très loin de sa destination. Mais l’avance qu’il avait pris sur les forces ennemies semblait se réduire constamment, comme si les soldats avaient forcé l’allure. Le chaman ouvrit son esprit à la terre, ses sens à nouveau décuplés, il sentit la présence brûlante du chaos venant du nord, et à moins de 10 km celles des militaires et soldats, toutes races confondues, de l’alliance du royaume Erganane.

Udiir savait qu’il ne pouvait pas aller directement vers le camp militaire, on risquait de lui tirer dessus à vue. Il fit alors le choix le plus radical : couper la route à l’ennemi. Il bifurqua et fonça droit sur la trajectoire des forces chaotiques.

***

Le camp des forces erganiennes était situé sur ce qu’il restait de la rive ouest du Tangra, un large fleuve ayant pendant longtemps servi de frontière naturelle avec Inguadia. Si une partie des soldats était installée dans les fortins de bois, le reste des forces, y compris l’état- major de l’armée était regroupé à l’extérieur pour superviser les assauts. Le tout était entouré de hautes palissades elles aussi faites de rondins.

Bien que beaucoup des membres des forces armées soient des soldats professionnels d’autres étaient des aventuriers, des combattants indépendants qui embrassaient un mode de vie certes dangereux mais libre de beaucoup de problèmes et promettant son lot de gloire et de sensations fortes.

Bien que certains étaient tentés de les comparer à de vulgaires mercenaires, la réalité était légèrement plus compliquée : un mercenaire n’était utile qu’en temps de guerre et n’acceptait que de combattre des races mortelles. Mais les aventuriers étaient les seuls à être vraiment qualifiés pour combattre les monstres et devaient rendre un minimum de compte à leurs guildes respectives sur les missions qu’ils accomplissaient. Et malgré l'excellente formation qu’offrait l’académie militaire du royaume, rien ne valait l’expérience qu’avaient accumulé les aventuriers au cours de leurs pérégrination. La force individuelle et l’expérience de certains rivalisait avec celles des soldats les plus aguerris.

C’est donc parmi eux que l’on trouvait les meilleurs guerriers, mages et combattants, toutes professions et races confondues. Il était donc naturel que le royaume d’Erganane fasse appel à une telle force de frappe. Parmi cet attroupement hétéroclite d’énergumènes, on trouvait de tout : des nains, des elfes des bois, des hauts elfes et des drows (elfe noirs), des humains, des tériants (hommes bêtes) et des amazones. Rien qu’en observant un regroupement d’aventuriers on pouvait voir toutes les races qui peuplaient la terre.

Au centre du camp se dressait une tente à la toile bleu orage arborant les armoiries du royaume : un trident et deux éclairs entrecroisés. C’était là que les dirigeants des forces erganiennes se réunissaient pour discuter des différentes stratégies à adopter sur le champ de bataille. Sous la tenture bleue se dressait une grande table de chêne brut sur laquelle était étalée une immense carte de la région. Sur ce même plan étaient déposés des pions représentant les troupes alliés et ennemis.

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