Ch 2 (1/2) [Réécris]

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Udiir mit pied à terre aussitôt que sa monture eut stoppé sa course. Sautant du dos de l’ours, il atterrit lourdement sur le sol. À côté d’Alka, son imposante stature n’en était que plus remarquable. Malgré la taille imposante de l’animal, la tête du forgeron dépassait aisément la ligne de son dos. Sous sa veste de cuir et de peau d’ours, on devinait ses muscles puissants. Et pourtant, le plus étrange était encore dissimulé sous sa capuche de fourrure.
Il empoigna le chargement de quarante épées d’une main, comme s’il s’agissait d’une plume et le tendit au seigneur Jayce.

─ Seigneur Jayce voilà votre commande, désolé pour ce léger retard.
─ Ce n’est rien Udiir, c’est plutôt à moi de m’excuser pour t’avoir donné un tel travail à faire en si peu de temps. Et puis je t’ai déjà demandé de me tutoyer.

─ Navré, mais j’ai encore du mal à m’y faire.

─ Bonjour fiston. Dit Alyssia.

La cheffe de clan s’approcha pour embrasser son fils adoptif, mais Udiir l’arrêta d’un geste de la main.

─ Bonjour maman, désolé, mais je suis encore couvert de suie. Je n’ai pas eu le temps de me laver avant de descendre. D’ailleurs, je remonte tout de suite.

─ Reste un peu, suggéra Mathias, tes sœurs sont revenues avec moi du front, ça fait un moment que vous ne vous êtes pas vus.

À cette nouvelle, Udiir pensa rester. Cela faisait en effet 3 mois que ses sœurs, Kiara et Arya, étaient parties sur le front nord-est pour appuyer les amazones. Il avait très envie de les revoir, seulement la vue du nombre important de soldats et de marchands de passage ne le rassurait pas. Finalement, le pragmatisme et la prudence s’imposèrent.

─ Désolé Mathias, mais c’est trop risqué aujourd’hui.

Répondit le jeune forgeron en désignant les caravanes de marchands et de soldats, tout en tirant sur la capuche de sa veste et le foulard qui dissimulait le bas du visage.

Voyant de quoi il parlait Mathias et son père firent une grimace de résignation. Udiir avait raison de s’inquiéter, personne en dehors du village et de la famille du seigneur ne devait connaître son existence.

─ Bon, ben, je vais les chercher et on viendra te rendre visite à la forge dans l’après-midi. Répondit Mathias, l’air un peu dépité.

Udiir hocha la tête puis enfourcha Alka qui repartit au pas de course vers la montagne.

***

Udiir se laissa glisser de la selle d’Alka, son corps était tout endolori. De retour sur le plateau rocheux de sa forge, Udiir se tourna devant l’entrée rectangulaire creusée dans la montagne sur la gauche de sa maison. Il prit une serviette et s’y engouffra. Aussitôt l’embrasure de pierre franchie, Udiir sentit la douce chaleur produite par la vapeur d’eau qui emplissait l’air ambiant.

Un large sourire apparut sur son visage. Le forgeron descendit un petit escalier taillé à même la roche menant à une salle souterraine éclairée par plusieurs braseros. Là, se trouvait un immense bassin de source chaude qu’Udiir utilisait comme salle de bain. Arrivé au bord du bassin, ce dernier retira ses vêtements et sa veste à capuche. D’un geste vif Udiir défit sa queue-de-cheval, ses longs cheveux noirs et raides tombèrent en cascade sur ses épaules.

À présent nu, il put voir son reflet dans l’eau chaude cristalline, lui rappelant douloureusement sa véritable nature : sous sa capuche de fourrure, était apparu un faciès à mi-chemin entre l’animal et l’être humain, surmonté d’une barbe noire, sa peau était brune-noire.

Deux de ses dents, semblables à des défenses, sortaient de sa mâchoire supérieure. Ses yeux, d’un bleu orage, brillaient dans la faible obscurité de la salle. Son corps était composé de muscles puissants qui semblaient capables de broyer la roche. Le haut de ses épaules et de son dos était recouvert d’un tatouage composé d’entrelacs.

(Pour voir l'illustration : https://drive.google.com/file/d/1u-kLb2O_lcx_YRKg4s5LhSnfpxEOze0X/view?usp=sharing )

À la vue de son faciès, Udiir senti le dégoût et la colère monter en lui. Frappant l’eau de son poing, il dissipa cette grotesque vision. Le jeune chaman détestait son apparence plus que tout. Ses défenses et ses oreilles pointues, lui donnaient l’impression d’être le croisement entre un sanglier et un elfe noir. Repoussant était le seul adjectif qui lui venait à l’esprit quand il voyait son reflet. Cette maudite apparence qu’il haïssait lui avait causé la pire blessure de son existence. Sentant les mauvais souvenirs remonter et épuisé par ses deux jours de travaux intensifs, Udiir s’immergea dans l’eau chaude du bassin.

« Aaah. »

Lâcha Udiir dans un profond soupir de plaisir et de soulagement.

Quel plaisir de se plonger dans l’eau chaude et de sentir ses muscles endoloris se détendre. Saisissant la savonnette et une éponge de bain, le jeune homme entreprit de se laver afin de se débarrasser de la suie et de l’odeur de chacal qui lui collait à la peau depuis deux jours. Même avec la suie et la crasse retirées, la teinte de sa peau restait sombre, à l’exception d’une tache de naissance blanche sur son torse. Le contact de l’éponge et du savon avec sa peau émit un son bruyant, lui rappelant la texture rêche de celle-ci. La peau du jeune forgeron avait une texture à mi-chemin entre la pierre et le sable alliée à la souplesse du cuir. Udiir passa les dix minutes suivantes à astiquer chaque partie de son corps.

Il entreprit ensuite de décrasser la barbe de poils noirs drus qu’il arborait en dépit de ses 17 ans. Cela fait, il inspira et plongea la tête sous l’eau afin de mouiller ses cheveux. De retour à la surface, il prit un flacon de baume, en versa dans ses mains et commença à frictionner sa chevelure couleur charbon. Une mousse épaisse se forma rapidement sur le crâne du forgeron.

Plusieurs minutes plus tard, Udiir sortit du bain, ses cheveux ─encore humides─ de nouveau attachés en queue de cheval. Son estomac gargouilla alors bruyamment. Levant la tête, il vit que le soleil était à son zénith. Udiir réalisa qu’il n’avait rien mangé depuis la veille : il était mort de faim. Sans plus attendre il se dirigea vers sa réserve de nourriture et en sortit une grande pièce de viande ainsi qu’une poignée de légumes. Il alluma un feu dans l’âtre, y mit la viande à griller d’un côté et suspendit une marmite d’eau afin de la faire bouillir.

Pendant que l’eau chauffait, Udiir commença à éplucher et découper les divers légumes. Une fois l’eau portée à ébullition, il y déversa les légumes découpés. Au bout d’un quart d’heure, une alléchante odeur de viande grillée et de légumes bouillis envahit la maison. Quelques minutes plus tard, Udiir dégustait sa soupe et sa viande grillée dans une assiette et un bol de terre cuite.

Il savoura cet instant de repos amplement mérité, dégustant chaque pièce de viande de bœuf qu’il mâchait et avalait. La soupe, quant à elle, lui donnait l’impression de réveiller sa bouche et sa gorge qui depuis deux jours n’avaient connu que la suie et la cendre. Udiir avait la sensation de renaître, ce qui était des plus exaltant. Son repas avalé, il émit un rot puissant et satisfait de sa collation, s’affala sur sa paillasse et s’assoupit.

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