Individus de l’abîme.
Individus de l’abîme.
Cette lampe est, à l’évidence, le fanal de l’esprit, le lumignon de la conscience. Pour cette raison parlions-nous, précédemment, d’une séparation du corps et de l’esprit. Corps dans sa pure présence verticale, esprit-conscience porté au-delà de la tunique humaine afin de témoigner, mais aussi de voir plus loin que soi, dans ce futur qui nous constitue à chaque instant, trille, égrènement des secondes dont nous ne percevons que le ruissellement rapide en notre fond, puits oublieux, eau noire que n’illumine guère le cercle signifiant de la margelle. Car nous sommes des êtres de la profondeur, des individus de l’abîme que n’aborde guère l’effervescent contact de l’esprit avec la réalité pour paraphraser Pierre Reverdy. Ce que, toujours, nous cherchons à savoir, c’est cet absolu, ce réel primordial dont tout poème est la mise en forme, le diamant par lequel nous accédons à l’arête tranchante de ce qui est essentiel et constitue nos propres fondements, à savoir cette temporalité qui nous amène à notre propre être et, d’une façon coalescente, à l’être-du-monde, cette heure qui nous traverse et, s’effaçant continuellement, nous porte en avant de nous. Sibylle, que nous regardons, comme fascinés par tant d’énigmatique présence, est cette Visionnaire qui nous invite au voyage de l’être. Son corps est pure hypothèse qui ne tient qu’à l’aune de cette lumière aurorale qui la révèle et invite les Voyeurs que nous sommes à procéder à l’inventaire de nos paysages corporels qu’ourle la lumière d’une connaissance différée des choses puisque le réel est tissé de cette nécessité même qu’il détruit sa construction babélienne à mesure qu’il l’édifie. Lumière-ombre-lumière-ombre, surprenant clignotement qui, en réalité, n’est que l’écho de nos propres clignotements, de nos humaines dialectiques, inspir-expir, diastole-systole, flux de l’amour-reflux de la mort.
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