Sibylle en sa nudité.

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Sibylle en sa nudité.

Dans la lumière de porcelaine, sur la toile de fond de l’inconnu, Sibylle avance dans la pure verticalité qui la fait être. Elle s’est débarrassée de la complexité du long taguelmoust, a abandonné la vêture blanche qui emmaillotait son corps. Elle avance, bien droite, campée sur l’échasse double de ses jambes. La fente discrète de son sexe repliée sur la mystérieuse colline du mont de Vénus. Son abdomen de neige est pareil à un toboggan sur lequel glisserait la discrétion du temps. Cavité du nombril, ovale à peine parvenu à maturité comme pour dire la naissance latente, le bientôt surgissement sur la scène du monde. Les deux boutons de la poitrine, minces rubis que la modestie éteint de la cendre de sa touche à peine proférée. Tiges des clavicules sur lesquelles repose le masque blanc de la tête que recouvre le buisson hauturier des cheveux. Et les yeux, le nez, la bouche, à peine quelque ponctuation pour dire la présence humaine, sa belle déclinaison dans l’ordre du percevoir, du ressenti, ces ondes longues qui, longtemps, font leur ondoiement dans le massif de chair après qu’un son, une image, un langage en a touché la sublime silhouette.

Lampe-tempête.

Et les bras, ces étranges péninsules qui font des mains les récifs les plus avancés de notre rapport aux choses. Les mains, objets artisanaux qui façonnent notre relation au préhensible, à l’Autre surtout que nous effleurons, parfois pétrissons comme si nous souhaitions en faire une terre annexée, un territoire prolongeant le nôtre afin que nous ne demeurions orphelins, démunis avec le bâton des doigts serrant le vide et la perte à jamais. Et cette lampe-tempête qui diffuse sa blanche clarté, qui fait sa boule de brillant mercure, qui fait rayonner autour de soi cette manière de subtile aura, qui est-elle ? QUI ? Oui, car elle n’est pas une chose ordinaire, un simple lumignon dont on s’enquerrait afin de percer la nuit et tracer l’ouverture par laquelle on s’immiscerait dans l’antre multiple du monde, cette caverne d’Ali Baba encombrée de monts et merveilles, de coffres secrets, peut-être de pièges et de « souricières à mirages ».

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