Le catéchisme

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Mon père était athée, ma mère catholique non pratiquante, mais nous allions tous au catéchisme. Nous étions tous baptisés, et mes frères avaient fait leur communion solennelle.

Pour ma part, j’ai été baptisée deux fois, c’est ce que m’a raconté un jour mon grand-père Alphonse. Une première fois lorsque j’étais bébé, avec mes grands-parents comme parrain et marraine. Mais le baptême a été ensuite annulé par l’église. Parce que mes grands-parents étaient des remariés, et que ma grand-mère avait été une divorcée, l’église ne validant pas le divorce. Mon second baptême a eu lieu plus tard, en même temps que celui de ma sœur. Toujours avec Alphonse et ma grand-mère comme parrain et marraine, mais ce prêtre-là n’avait pas trouvé qu’il y avait problème au regard de l’église.

J’allais au catéchisme dans un bâtiment préfabriqué qui avait plusieurs salles de cours, il se trouvait à mi-chemin entre l’immeuble et l’école. C’était un Père qui faisait les cours. Nadine, elle, avait catéchisme chez la dame du dernier étage de notre immeuble. Les Pères en avaient décidé ainsi, les plus jeunes chez les « dames catéchisme », et les plus grands dans les salles du bâtiment avec un prêtre. Le Père qui me faisait cours était un bel homme, très gentil, avec une voix douce. Les cours avaient lieu un soir par semaine après l’école.

Mais ces cours ne m’intéressaient pas beaucoup. J’avais surtout hâte se sortir pour aller jouer dehors.

Comme à l’école, je passais mon temps à parler ou à faire des bêtises. Et comme à l’école, j’étais souvent punie. Comme punition, je devais réciter dix « Notre Père » et dix « Je vous salue Marie ». C’était facile, je connaissais par cœur les deux prières.

Un jour, le prêtre est venu rendre visite à ma mère, ma grand-mère était là aussi. Ma mère ne le connaissait pas physiquement. Il se présente en disant qu’il était mon Père. Ma grand-mère rétorque aussitôt à ma mère : « Mais tu m’avais caché cela, ma fille ». Et elle est prise d’un fou rire qu’elle ne pouvait plus arrêter. Le pauvre prêtre souriait timidement et était manifestement très mal à l’aise de s’être présenté dans ces termes. Et ma grand-mère riait toujours, elle en pleurait de rire, et ne pouvait plus s’arrêter. De ce fait, le prêtre a pris congé très rapidement en prétextant d’autres familles à visiter. Pour moi, cette situation m’arrangeait bien. Le prêtre n’a pas eu l’occasion de parler de mon comportement pendant les cours de catéchisme.

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