La machine à coudre

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Ma mère était très bonne couturière, elle faisait beaucoup de nos vêtements, de jolies robes de petites filles. Elle achetait en ville les tissus et la mercerie dans un très beau magasin ancien avec des boiseries partout. Mais surtout, la caissière nous donnait à chacune une petite image. Des images anciennes, genre images d’Épinal, qui renfermaient un petit jeu. Dans le dessin était caché un objet ou un personnage que l’on devait retrouver dans la scène.

Ma mère avait une machine à coudre, moderne pour l’époque. Elle était incorporée à un meuble tout articulé. Fermé, c’était un meuble de rangement en bois verni avec une porte et des tiroirs. Déplié, la machine à coudre apparaissait ainsi qu’un plan de travail. Elle n’était pas électrique, elle fonctionnait à pédale. Elle avait une grande pédale en forme de plateau que ma mère basculait d’avant en arrière avec ses pieds. Comme elle cousait vite, elle pédalait vite, on aurait dit qu’elle faisait du vélo. Elle n’aimait pas nous avoir autour d’elle lorsqu’elle cousait, elle nous expédiait jouer dehors. On aimait bien tripoter tous les objets de couture et accessoires de mercerie, mais on n’avait pas le droit de toucher à ces ciseaux de couturière. C’était de gros ciseaux lourds et argentés qu’elle donnait quelquefois au coutelier pour entretien. Après le décès de ma mère, c’est d’ailleurs le seul objet que j’ai souhaité garder en souvenir d’elle. Je l’ai, dans un coffret, rangé précieusement.

Elle tricotait beaucoup aussi. Tous nos pulls, gilets, écharpes, c’est elle qui les avait tricotés. Je ne l’ai jamais vue sans du tricotage en route. Même âgée, elle tricotait encore pour ses petits-enfants. Elle tricotait souvent en regardant la télé, je me demande encore comment elle arrivait à concilier les deux. Elle nous a appris très jeunes à tricoter. Avec ses restes de laine, on faisait des habits pour nos poupées. J’étais bien moins douée que mes deux sœurs, le résultat était rarement à la hauteur de mes espérances. J’enviais les petits habits de poupée qu'elles tricotaient. Les miens étaient moches, sans forme et plein de trous car j’avais sauté des mailles.

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