Ma poupée antillaise d'Algérie

Une minute de lecture

Ma mère avait un demi-frère, mon oncle Claude, qu’elle aimait beaucoup, à peine plus âgé que mon frère aîné. Ma mère était une jeune fille lorsqu’il est né, elle a été sa deuxième mère en quelque sorte. Il était très gentil.

Je me souviens qu’un jour, c’était vers la fin de la guerre d’Algérie, il était mobilisé, mais était venu en permission. Avec mes deux frères, il avait pris ma poupée et lui avait dessiné au stylo-bille indélébile des lunettes et un bikini. De voir ma poupée ainsi, j’ai pleuré pendant des heures. J’ai cessé de pleurnicher quand il m’a promis de me ramener une poupée d’Algérie.

Et il l’a fait. Lorsqu’il est rentré après sa démobilisation, il m’a donné une belle poupée noire en costume traditionnel antillais. Pendant des années, j’ai cru qu’elle venait d’Algérie. Etant donné les conditions de la fin de la guerre d’Algérie, il avait dû, comme tous les soldats français, fuir dans la précipitation. Il avait probablement acheté cette poupée au magasin de jouets de la ville, c’était peut-être même ma mère qui l’avait acheté pour lui. De plus, ma poupée était bien plus antillaise qu’algérienne, mais j’étais heureuse d’avoir cette belle poupée.

Quand on est enfant, on croit vraiment tout ce que racontent les adultes.

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