Chapitre 41

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Paris

Trois jours après l’intervention, Ange et Julie avaient rendez-vous dans un bar du Marais. Julie avait envoyé son projet d’article au policier, en contradiction avec ses principes, comme marque de gratitude pour sa confiance durant cette période de collaboration délicate.

Ange avait été agréablement surpris de lire le papier qui faisait une part importante aux relations humaines au sein de son groupe et à la façon dont le commandant dirigeait son équipe.

L’enquête et sa conclusion n’occupaient qu’une part mineure, un petit chapitre encarté, mais la journaliste avait largement développé les aspects les plus dramatiques liés à l’origine des victimes et aux motivations immondes de leurs assassins.

Durant sa garde à vue, Nangis, le leader du groupe, n’avait pas cherché à nier ou minimiser l’aspect raciste de ses actes. Au contraire, il avait clamé son attachement aux thèses suprémacistes, se réclamant de l’idéologie d’Anders Breivik et d’autres activistes de la droite extrême.

Les interrogatoires avaient très vite conclu à un défi lancé par White Power à un petit groupe recruté via le web. Le dernier membre, Croix de Feu, avait été identifié à partir du matériel saisi et interpelé.

Le procureur avait transmis le dossier au juge Verlack, pour mener l’instruction. Pour Ange et son groupe, le moment était venu de souffler un peu après ce sprint angoissant.

Comme promis, Ange avait rappelé Julie pour lui proposer le diner convenu. Elle avait accepté immédiatement, suggérant qu’ils se retrouvent dans le centre de Paris. Ange avait choisi un restaurant bien noté, mais compatible avec ses revenus de fonctionnaire, la contrepartie était qu’il avait du concéder une réservation pour le deuxième service. Ils s’étaient donc donné rendez-vous pour boire un verre en attendant de disposer d’une table libre.

Lorsque le policier avait poussé la porte du petit établissement dans la rue du Temple, elle l’attendait déjà assise au bar, en pleine conversation avec une femme plus âgée, très élégante.

— J’ai failli attendre, dit-elle avec un sourire complice. Un peu plus et je partais avec Marie-Louise, qui a bien voulu me tenir compagnie, pour éviter que je ne me fasse draguer par tous les hommes du quartier.

— Je suis désolé d’être la cause de ce tourment, répondit le policier. Se tournant vers la femme, il ajouta, je m’appelle Ange.

— Enchantée, répondit Marie-Louise, c’était un plaisir pour moi, pas une corvée. J’aurai peut-être plus de chance une autre fois, je vous souhaite une excellente soirée.

Ange regarda, médusé, Julie sortir une carte de visite et la tendre à Marie-Louise.

— Appelle-moi quand tu veux.

Cette dernière la glissa dans son sac avec un clin d’œil aguichant, avant de sortir. Ange et Julie la regardèrent franchir la porte, d’une démarche provocante.

— C’est tout à fait ce que tu penses, attaqua Julie. Je me lui laissé séduire par cette femme. Autant te le dire, ce n’est pas la première fois, et j’espère bien que ce ne sera pas la dernière.

— Tu veux dire que tu es… bredouilla le policier.

— Lesbienne, non je ne le dirais pas comme ça, bi-sexuelle plutôt, mais rassure-toi, c’est quand même les hommes que je préfère. Ça remonte à la période où j’étais étudiante. C’est Brigitte, ma colocataire, qui m’a fait découvrir les plaisirs saphiques. Nous avons pris beaucoup de plaisir ensemble, mais nous avions aussi de nombreux amis masculins. Je dois dire que certains soirs, notre appartement devait ressembler à un club libertin. J’espère que je ne te choque pas, ce n’est pas vraiment le modèle de valeurs d’une famille de policiers corses.

— Non, non, ma mère verrait surement les choses autrement, mais pour ce qui me concerne, je n’ai pas de problème.

— Alors, un chablis, comme la dernière fois ?

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