Chapitre 35

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Paris


Julie avait décidé de rester au calme, seule dans son appartement. C’était plutôt rare pour elle, qui passait une bonne partie de ses soirées dans des réceptions, le plus souvent ennuyeuses, où elle s’efforçait de développer son réseau de contacts et de glaner des révélations pouvant venir enrichir ses articles.

La journaliste avait gardé de sa soirée avec Ange le désir de mieux connaître le ténébreux commandant, en perçant la cuirasse symbolique de son blouson de cuir. Elle était loin d’être une midinette. Elle avait eu de nombreuses relations, certaines très courtes, d’autres plus longues qui s’étaient souvent terminées sur des ruptures raisonnées. Il lui fallait bien reconnaître qu’elle était farouchement attachée à sa liberté, condition indispensable de l’exercice de son métier, qui passait aujourd’hui avant toutes les autres considérations.

Un peu plus tôt, un coursier lui avait apporté un plat cuisiné auquel elle avait à peine touché. Julie avait mauvaise conscience en passant sa commande, lucide sur sa paresse et le gaspillage que représentait une telle action, mais, par ailleurs, elle ne prenait pas le temps de remplir son frigo qui restait donc désespérément vide.

Lorsque son portable sonna, elle était installée sur son canapé, un plaid douillet sur les épaules, regardant d’un œil distrait un vieil épisode de Friends à la télévision. Elle eut un petit frisson de plaisir en voyant l’origine de l’appel.

Après un échange d’amabilités, le policier lui exposa rapidement les développements de leur enquête, sans lui donner trop de détails sur les protagonistes identifiés.

Lorsque le commandant commença à parler de l’ambassade et du déni évident opposé par les diplomates, Julie sentit comme un signal subliminal. Ange lui donna les noms et titres ainsi que l’adresse du conseiller tout en exprimant son sentiment d’impuissance et sa frustration face aux règles du corps consulaire. La journaliste comprit le message et assura que cette situation n’était en rien exceptionnelle. Elle avait connaissance d’au moins deux situations similaires, quoique moins tragiques, dans lesquelles les autorités administratives avaient choisi de fermer les yeux, au nom de la Raison d’Etat. Elle avait déjà établi la trame d’un article, mais cherchait encore un média intéressé par sa publication. Ange lui demanda de ne rien divulguer avant la clôture des investigations.

Lorsque le policier, au lieu de mettre fin à la conversation, lui demanda ce qu’elle était en train de faire en ce début de soirée, Julie comprit que son intérêt pour lui pouvait être réciproque. Elle aurait été prête à quitter le confort douillet de son salon s’il le lui avait proposé, mais elle avait compris que la nuit du commandant aller se passer pour une bonne part à son bureau.

Elle se contenta d’un agréable bavardage durant lequel elle découvrit leurs goûts communs pour les séries historiques et les whiskies tourbés.

Au bout d’une demi-heure, Ange lui annonça que Boris venait de frapper à la porte de son bureau. Elle raccrocha à regret, non sans avoir obtenu la promesse d’un dîner en tête à tête, dès la résolution de l’affaire.

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