Chapitre 27

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Versailles


Boris était fébrile lorsque le Serbe vint le rejoindre dans la faible lumière des écrans. Il sentait l’adrénaline diffuser dans tout son corps, créant en lui une curieuse impression, mélange d’excitation et de crainte, proche de ce qu’il ressentait lorsqu’il regardait une femme se déshabiller lentement pour lui.

— Il n’y a pas de doute, ce sont eux, dit-il. Les dates correspondent, et les localisations aussi.

— Ne t’emballe pas, gamin, tu as sûrement raison, mais on va essayer de remonter au reste de la bande, et pour ça, il ne faut pas effrayer les oiseaux. Tu as pu craquer leur comptes ? Tu sais comment ils communiquent ?

— Non, pas encore. J’allais m’y mettre. Ce ne sera pas facile, mais je peux essayer. Et si je n’y parviens pas tout seul, je peux appeler un ami, mais pas d’ici.

— OK, répondit Ivo, on va déjà les mettre sur écoute, on ne sait jamais. On a eu les autorisations nécessaires. Ensuite on va les faire surveiller discrètement, au cas où ils auraient l’idée de recommencer, ou juste de boire une bière ensemble. Je m'en occupe. Toi, tu vas faire un tour sur les forums où ils se vantent de leurs exploits. Je vais envoyer un message à Sega et mettre en place la filature. Je vais chercher un café, je vais en avoir besoin. Tu veux quelque chose ?

— J’ai ce qu’il faut, merci, répondit Boris, montrant un grosse tasse isotherme.


Ange reçut le texto en sortant du restaurant. Il attendit d’avoir regagné sa voiture pour appeler son adjoint.

— C’est Sega, j’ai eu ton message. Raconte-moi ce que vous avez trouvé, j’arrive tout de suite.

Pendant qu’Ivo lui faisait part des conclusions de Boris, Ange s’engageait sur les quais rive gauche, avec sirène et gyrophare. Un quart d’heure plus tard, il se garait dans la cour de la DRPJ.

Ivo l’attendait près de la machine, un café à la main.

— Le petit a tracé les deux gars. Dans les deux cas, on a des fortes présomptions. Le portable de Delaveaux a borné à Achères la nuit du quatrième meurtre. Landraud a coupé le sien alors qu’il était au Val Fourré, la nuit du troisième. J’ai fait poster deux équipes en surveillance discrète, pour être prudents. Boris essaie de remonter leurs pistes sur les réseaux.

— On a les deux dernières, mais ça ne fait que la moitié des victimes.

— Pour les autres, la piste est froide. Si, comme nous le pensons, ces gars là ont agi par défi, alors les meurtriers sont d’autres types. Il faut pénétrer leur groupe sur le Dark Web. C’est ce que Boris va essayer de faire.

— OK, mais il faut y aller en douceur, sinon, ils vont tout effacer.

— T’inquiète pas, Boris connait son boulot.

Le commandant finit son café avant d’aller jeter un œil au-dessus de l’épaule de son jeune subordonné. Les deux grands écrans étaient occupés par plusieurs fenêtres, affichant des dialogues rapides, qu’il n’arrivait pas à suivre. Ça ne ressemblait pas à ce qu’il avait l’habitude d’utiliser. On était loin des applications sophistiquées de Microsoft ou des sites web modernes auxquels il se connectait régulièrement. Ici, c’étaient juste des lignes de caractères, qui défilaient sur des fonds verts ou noirs. Boris lui désigna une zone de l’écran. Les lignes de texte étaient précédées des pseudos des intervenants. Il distingua « Mad Dog », « White Horse » et « White Power ».

— « Mad Dog », c’est Delaveaux, précisa Boris. « White Power » à l’air d’être le leader.

— Tu peux trouver son adresse ?

— Non, pas sur le Dark Net, mais je peux essayer de croiser les pseudos sur différentes bases. Les collègues de la DGRI tiennent à jour quelques annuaires. Ils sont surtout focalisés sur les islamistes, mais ils recensent aussi les autres méchants. C’est pas vraiment conforme au RGPD, mais je ne pense pas que ces gars iront se plaindre. Par contre, ça ira un peu moins vite que dans les séries TV.

— Pas de problème, le Parquet nous a donné carte blanche. Evite juste de te faire repérer. Je veux tout le groupe.

— Sans vouloir t’offenser, Chef, je sais comment effacer mes traces.

— Tu as appris ça à l’école de police ?

— J’invoque le cinquième amendement.

— Soit, je n’ai rien vu, rien entendu. De toute façon, je suppose que rien de tout ça n’est présentable dans un tribunal.

— Si on peut les identifier, on saura retrouver leurs déplacements, comme on l’a fait pour les deux autres.

— Boris, Ivo, on n’évoque pas ce que vous faites cette nuit devant les journalistes.

— Bien compris, Chef.

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