Chapitre 22

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Les Mureaux

Le squat où était censé vivre Kevin Landraud était situé un peu à l’écart de la ville, dans une zone ancienne d’habitations et de petites industries, au bout d’une rue mal entretenue, proche du fleuve. Les deux policiers optèrent pour un premier passage à vitesse normale, pour ne pas attirer l’attention. En cette fin d’après-midi maussade, ils ne s’attendaient à voir beaucoup de monde dans la rue, mais ils ne voulaient pas donner l’alerte.

Quelques véhicules semblaient abandonnés sur la voie publique, du moins à en juger par l’état des pneus et les herbes folles sortant de sous le châssis. En se rapprochant, Ivo repéra une vieille Golf GTI d’ancienne génération, jaune canari.

— C’est sa voiture, fais quelques photos ! demanda Ivo à son collègue. Avec la plaque.

— C’est bon, je fais la demande de vérification de la carte grise.

Comme Ivo passait devant le numéro du squat, Franck prit de nouvelles photos puis appela Boris pour lui transmettre l’immatriculation.

— Je vérifie et je te rappelle.

Le squat était établi dans un petit immeuble délabré, de deux étages, construit un peu en retrait de la rue, un petit terrain vague le séparait de la voie. Cet espace était en partie occupé par des installations de fortune, cabanes, « salon » de jardin constitué de palettes de récupération, bidon rouillé en guise de brasero. Un câble électrique était tendu entre la maison et un poteau de bois, avant de descendre vers un boîtier entrouvert.

— Branchement sauvage, remarqua Franck, ça doit pas être aux normes là-dedans !

— C’est mieux qu’un camp de Roms, répondit Ivo, ou même que certains villages de montagne dans les Balkans. Ils ont peut-être aussi l’eau courante.

Ils avaient atteint l’extrémité de la rue sans avoir vu quiconque.

— Et si on allait demander des infos aux collègues ? suggéra le Serbe.

— Vite fait alors, ou on va être en retard pour la réunion.

Ivo fit demi-tour et les amena au commissariat de police. Il se gara sur un emplacement réservé en se faisant reconnaitre du planton devant la porte.

— Tu jettes un œil sur la bagnole, on ne voudrait pas rentrer à pied, plaisanta Ivo.

— Pas de problème, Capitaine, on a l’habitude ici.

À l’intérieur, Ivo demanda à parler à l’officier de permanence. La réceptionniste, une jeune antillaise au sourire charmeur, leur indiqua le chemin. Les locaux de la DPJ à Versailles, établi dans un ancien hôtel particulier, n’étaient pas particulièrement fastueux, mais c’était néanmoins du grand luxe par rapport à ce qu’ils avaient sous les yeux. Les murs n’avaient sans doute pas reçu le moindre coup de peinture depuis la construction du bâtiment et les meubles disparates semblaient dater du 19e siècle. Même les ordinateurs étaient, pour la plupart, obsolètes.

Un jeune homme en uniforme vînt à leur rencontre.

— Brigadier-Chef Martinez, qu’est-ce qui amène la DPJ chez nous ?

— Capitaine Bratanic, et voici le lieutenant Lacroix. Nous nous intéressons à un individu qui crèche dans un squat près de la Seine. Un certain Kevin Landraud, genre motard ou punk à chien, c’est selon. Il conduit une Harley-Davidson ou une vieille Golf GTI jaune.

— Oui, je localise, ils sont quatre ou cinq à zoner dans cette vieille baraque. On les garde à l’œil, mais on n’a rien de sérieux contre eux. Vous avez vu où nous sommes installés ? ce n’est pas vraiment ce genre de types qui nous inquiètent.

— Vous avez une idée de leurs habitudes ?

— Ça entre et ça sort à toute heure du jour et de la nuit, mais je crois qu’ils passent surtout leur temps à boire des bières et sauter des filles.

— Landraud est fiché pour ses tendances suprémacistes, ça doit un peu dénoter dans le secteur, non ?

— Je ne pense pas qu’il remonte souvent par ici. On a des règlements de comptes entre trafiquants, mais pas de ratonades.

— Il pourrait avoir envie de foutre le feu à la mosquée à côté, intervint Franck.

— Vous rigolez, elle est plus surveillée que l’Elysée !

— Merci pour ces infos, ne soyez pas surpris si on repasse un des ces jours, mais ne faites rien qui pourrait faire fuir l’oiseau.

— Pas de problème, si vous avez besoin de nous, on sera là.

Dehors, la voiture était toujours là, avec ses deux essuie-glaces. Ivo se remit au volant.

— Allez, on est à la bourre. Mets le gyro.

— Je viens de recevoir un message de Boris. La Golf appartient bien à Landraud, l’adresse sur la carte grise est à Mantes.

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