Chapitre 20

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Limay

— Tu as l’adresse du garage ? demanda Ivo.

— C’est à Limay, sur la D147, pratiquement au bord de la Seine, en face de Mantes la Jolie. Il y en a pour 20 minutes par l’autoroute.

— C’est parti, sors le gyrophare.

La circulation était fluide en ce milieu de journée. Ivo se permit un excès de vitesse sur l’A13. Après avois quitté l’autoroute et franchi la Seine, Ivo coupa le signal lumineux pour repasser en mode discret. Ils passèrent une première fois devant l’établissement indiqué. L’atelier se trouvait en retrait de la voie principale, au fond d’une allée. Plusieurs véhicules sérieusement accidentés s’alignaient de part et d’autre de l’impasse. L’enseigne annonçait : « Max Motors, réparations toutes marques ».

— Franck, appelle Boris, et demande lui ce qu’il peut trouver sur cette taule, ça pue le trafic à plein nez.

Cinq minutes plus tard, le téléphone de Franck sonnait.

— La boutique est régulièrement enregistrée, le gérant est un certain Marco Hellas, cinquante deux ans, il a été condamné pour vol et revente de voitures maquillées en 1998, libéré après deux ans à Bois d’Arcy. Il a monté cette affaire et emploie des anciens taulards en réinsertion. Si on fait abstraction des plaintes des voisins, bruits de moteurs débridés, stationnement abusif et j’en passe, pas de problèmes sérieux.

— Tu as la liste des employés actuels ? demanda Franck.

— S’ils sont tous régulièrement enregistrés, j’ai trois personnes. Patrick Marchandeau, quarante trois ans, en liberté conditionnelle depuis six mois après dix ans à Fleury-Mérogis. Trafic de drogue et autres délits. Ahmed Ben Moudah, trente cinq ans, sorti de Nanterre il y a cinq ans, travaille au garage depuis cette date, pas de problème récent. Le dernier est plus intéressant, Kevin Landraud, vingt cinq ans, pas de casier mais fiché pour propagation d’idéologie suprémaciste sur Internet. L’adresse sur son dossier correspond à un squat aux Mureaux.

— Ça concorde avec les infos passées par les collègues. On va rôder un peu dans le voisinage et chercher à en savoir plus sur ce Kevin.

— Pour votre info, les filles ont identifié la victime numéro trois. Pas loin de chez vous, au Val Fourré, une syrienne.

— Tu crois aux coïncidences toi ? demanda Franck au Serbe.

— Plus vraiment depuis que je fais ce métier ! répondit Ivo. On laisse la voiture un peu à l’écart et on va tirer quelques sonnettes. Pour le moment, on évite le garage lui-même.

Les deux hommes se séparèrent pour interroger les voisins. Ivo n’eut guère de chance, les trois premières maisons étaient vides à cette heure. Franck fut plus heureux, à sa seconde tentative, pratiquement face à l’allée menant chez « Max », un couple de retraités l’invita à entrer. Au bout de dix minutes, il savait tout de la vie du garage, enfin, la part visible et audible. L’homme connaissait Marco depuis longtemps, et entretenait avec lui une relation de bon voisinage, même si les épaves ne faisaient pas très bon effet dans le quartier. L’employé le plus âgé était très discret et il ne le voyait que très peu, il semblait passer le plus clair de son temps dans l’atelier. Le jeune Arabe était très aimable et rendait souvent service en démarrant les voitures récalcitrantes.

Lorsque Franck les interrogea sur Kevin, la femme déclara qu’il lui faisait peur.

— Il a très mauvais genre, blouson noir, avec des tatouages et le crane rasé. Il vient souvent avec une grosse moto très bruyante. Quand il est en voiture, il a un chien, un pit-bull ou quelque chose comme ça. Il l’attache parfois à la clôture et ces jours là, tout le monde change de trottoir. Je ne sais pas pourquoi Monsieur Hellas a pris ce gars là, il n’en tirera rien de bon.

— La moto, c’est une Harley-Davidson je crois, précisa l’homme. Sa voiture, c’est une vieille Golf GTI, j’avais la même il y a plus de trente ans, mais celle-ci a une peinture criarde et une sono très forte. La musique qu’il écoute, on dirait des chants nazis.

Ivo obtint confirmation du portrait de Kevin Landraud auprès d’un autre riverain.

Au bout d’une petite heure, les deux policiers étaient sur le chemin du retour pour rendre compte.

— Qu’est-ce que tu en penses ? demanda Franck, ce Kevin n’a pas bonne réputation. Tu crois qu’il pourrait être impliqué dans les meurtres ?

— On ne peut pas se prononcer sur un simple témoignage de voisinage, tous les bikers ne sont pas des tueurs, ni des néo-nazis, mais j’avoue qu’il a profil qui donne à réfléchir. Je vais proposer à Sega de le faire mettre sous surveillance et demander à Boris de pister son téléphone et ses mails.

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