Addict

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" Tu es une call girl, pas une pute."

C'était ce qu'il me rappelait sans cesse, alors que ma bile s'échappait dans la cuvette des toilettes de cette chambre du Costa. Cette piaule de l'horreur. Cette cage aux lions. Cage aux fous dans laquelle je mourais silencieusement.

Biff était la main qui remontait mes cheveux lorsque, après le départ d'un énième dégénéré, je vomissais ses sévices. J'étais incapable de quitter Biff. Il était tout ce qui me restait, le seul qui voulait de moi malgré les actes honteux dont je faisais les frais. Biff m'offrait présents, tissus de créateurs, peaux de bêtes décédées pour me couvrir des monstres contre lesquels il me poussait. Il m'avait appris que le portefeuille justifiait tout, même les pires atrocités. Biff était le bien et le mal. Biff m'enlaçait puis vendait mon corps comme on vend des fleurs. Biff était mon prédateur.

Il m’arrivait de le congédier. Besoin de répit. Mais, comme obsédé, je le rappelais toujours.

Les promesses, c'était le grand truc de Biff. Il m'assurait, tout en caressant légèrement mon épiderme, qu'un jour on s'en sortirait. Je devais être patiente. Encore un peu. Il fallait que je laisse les acheteurs frapper, fouetter, pétrir ma peau et l'abandonner au pied d'un lit même pas défait, encore un peu. Ça en valait la peine. Bientôt, nous aurions accès aux plus beaux palaces, aux repas de qualité et aux services luxueux. Je devais juste offrir les miens, encore un peu. Il disait qu'un jour je brillerai, comme les lueurs orangées qui s'étendent sur la mer en fin de journée. Cette merde serait loin derrière nous. La catin s'envolerait accompagnée de tous ses maux. De mes rêves il ferait réalité, il suffisait de le convaincre de rester.

Je gravissais cette montagne sans savoir qu'elle n'avait de fin. Je m'accrochais de toutes mes forces, mais le brouillard m'aveuglait. Je ne voyais plus le bout. Cette montée était interminable. Elle emportait mon âme. Je suffoquais, j'étouffais, il manquait d'air. Mon être entier sombrait sous les coups. La lutte perpétuelle m'avait affaiblie. Chaque acte était vécu comme un viol, sauf que je ne pouvais pas porter plainte.

Des mois qu’elle avait fait éruption dans mon entourage, qu’elle me faisait de l’œil, souhaitait sympathiser. Mais je ne la sentais pas. Je refusais de côtoyer les endroits qu’elle fréquentait. Témoin de ses coups bas à mes amis, j’ai pourtant flanché un soir où j’avais usé d’alcool pour fuir mes démons.

Elle fut une bouffée d’air frais dans mon existence. Me fit rêver lorsqu’elle me contait ses tours du monde, ses origines latines, ses connaissances et relations dans chaque pays. Nos rendez-vous me coupaient de l’abominable réalité. J’aimais contempler sa peau blanche, humer son parfum. Elle était folle, piquante, vivait au-dessus des lois. A son contact j’étais puissante, audacieuse ; elle pratiquait l’art de me mettre en valeur. Sa présence agaçait, mais je ne me sentais vivante qu'à ses côtés. C’était une séductrice, aussi, elle faisait miroiter monts et merveilles dans le cœur des hommes qui s'éprenaient instantanément d'elle. Mais chaque fois, elle leur passait sous le nez.

Fidèle à sa réputation, elle ne tarda pas à me voler. L’illusion se dissipait. L’arc en ciel s’atténuait. Et si au début sur elle il jurait, Biff fut vite pris dans ses filets. Ses caresses familières me quittèrent au profit de ma nouvelle amie. Pour ces chers instants euphoriques…


Cocaïne m’a pris mon Biff

https://www.dictionnairedelazone.fr/dictionary/definition/biff

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