Chapitre 20

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Fraîchement découvert en temps que Préparateur non-Officiel par un Eminent en sorti à l'extérieur du dôme, Elrick avait accepté de le rejoindre au palais lunaire pour faire progresser la recherche. Encouragé par ses proches, le jeune homme d'une vingtaine d'année, à l'époque, était parti de chez lui en promettant à ceux-ci de passer régulièrement. L'Eminent avait accepté ses conditions mais les ternes de son engagement n'avaient pas été respectés ; aucune sortie ne lui avaient été autorisées.

Les lettres étaient surveillées par l'Administration tant que sa formation n'était pas achevée pour, d'après eux, ne pas divilguer les secrets des Officiels... Dans les nombreuses missives reçues, sa mère et sa soeur lui disaient comme il les remplissaient de fierté et combien elles avaient hâtes d'entendre, à sa première sortie, toutes les choses qu'il aurait à leur raconter. Il avait été si aveuglé par sa joie malgré la situation, qu'il n'avait pas remarqué que les réponses qu'il recevait se faisaient plus courtes et plus distantes. Il n'avait pas remarqué que l'expédieur était passé de pluriel à singulier. Ce n'est lors que de sa première fois à l'extérieur, des années plus tard, qu'il avait apprit la disparition de sa soeur...

Des heures étoilées des plus banales, mère et fille étaient parties arpenter les chemins du marché afin d'admirer l'ouverture de la Grande Porte et espérer aperçevoir le peuple de Soleil. Sa soeur, ne voyant rien d'où elle était, avait décidé de s'avancer au plus près jusqu'à ne jamais réapparaître. Pensant avoir perdue sa fille dans la foule, sa mère était rentrée chez elles et avait attendu son retour, ce qui n'était jamais arrivé. Les Gardes alertés, l'enquête menée et aucune signe de la jeune fille.

Pendant tout ce temps, personne n'avait averti Elrick de la tragédie. Les lettres de sa mère pour le prévenir avaient d'abord été interceptées. Puis, les Eminents avaient été dire à cette dame, qui venait de perdre sa fille, que pour le bien de son fils, pour le bien de sa formation et pour le bien de son futur, il ne devait pas apprendre ce qu'il s'était passé. Son talent était, d'après ceux venus au domicile familiale pour rencontrer sa mère, trop grand pour être gâché et quitter le palais précipitement. Il resta donc dans l'ignorance durant les dernières années de sa formation.

Le dernier jour de sa formation achevé, personne ne l'avait vu quitter le palais. Il avait été trop impatient d'annoncer la nouvelle de son admission en tant qu'Eminent Officiel du palais lunaire, qu'il avait couru jusqu'à sa maison en pierres blanches. Monsieur Lancel eut un rire amer en disant que ses pieds s'étaient souvenus du chemin. Il avait parcouru le labirynthe des rues à bout de souffle, pressé, trop pressé, qu'il ne remarqua pas les messes-basses des habitants de son quartier sur son passage.

En rentrant au palais après avoir appris la nouvelle et consolé sa pauvre mère restée seule dans cette épreuve, ce soir-là, il avait laissé sa rage l'emporter. Il avait tout cassé sur son passage, hurlait sur qui s'approchait, insultait le système du palais, les Gardes, les Officiels, le Grand Gardien... rien ne l'avait calmé. Deux ans que sa soeur avait disparu... Il avait fini par se terrer dans son laboratoire pendant plusieurs semaines. Seules les visites de Lopett le menaçant de le jeter dehors faisait s'estomper légèrement la noirceur autour de lui. Ce qui l'avait fait revenir avait été une lettre de sa mère, glissée furtivement sous la porte d'entrée dans laquelle elle le suppliait de ne pas tomber dans ce piège. “J'ai déjà perdue un enfant, perdre le seul qui me reste finira de me détruire". Ces quelques mots seraient à jamais gravés dans son esprit.

Une fois sortie, tout ce qui restait de lui à l'extérieur de cette pièce, était tous les mots de colère qu'il avait eu. Les autres Eminents avaient tous oubliés la raison de ses dires. Ils avaient tous oubliés sa soeur, toujours disparue, mais pas les paroles de l'homme bouleversé. Il était devenu le pariat, celui qui est contre le palais tout en habitant dedans. Trop honteux à fréquenter mais facile à mépriser. Des rumeurs sur sa folie s'était propagées à la vitesse d'une étoile filante et avait laissé dans son sillage une nouvelle réputation. Un homme auparavant talentueux qui avait perdue l'esprit suite à un drame malheureux. Lopett lui avait donné pour première mission depuis sa sortie de créer un jardin pour cet étage. Mission destinée à l'occuper. Voici comment monsieur Lancel était devenu Jardinier Officiel du palais lunaire.

Il haïssait ses personnes, il haïssait le palais et haïssait le système mais partir à ce moment pour retrouver l'extérieur ne lui aurait servi à rien. Sa mère avait tout mis en oeuvre pour recoller en elle les fragments de vie. Y aller pour finir sans emploi et mal vu de l'expulsion du palais ne ferait que l'anéantir. Il avait décidé de profiter de ce système qui le dégoûtait tant. Il apprit tout ce qu'il pouvait jusqu'au jour où il aurait assez d'argent, assez de connaissance et un assez grand réseau pour tourner les talons et quitter cet endroit afin de retrouver sa soeur.

- Pernni, c'est son prénom et je vais certainement la trouver, tu peux en être sûre ! Sept ans que j'attend une occasion et voilà que le Grand Gardien lui-même m'en offre une !

Il avait gardé le regard noir de haine et les poings serrés pendant son long monologue bien plus émouvant que Nayala ne l'aurait imaginé. Il expliqua à sa complice :

- J'ai fait la demande pour passer quelques semaines à l'extérieur, à la recherche de nouvelles espèces, jamais je n'aurai pensé qu'elle serait acceptée et miraculeusement c'est le cas ! Et mieux encore, j'ai un laisser-passer pour me rendre sur Soleil !

Il regarda tendrement la jeune femme qui l'écoutait les larmes aux yeux, sans savoir si elle devait vraiment le croire, et lui pris les mains avant de continuer :

- Je t'aime bien Naya, tu me l'a rappelles légèrement, fougueuse et naïve mais un conseil : part d'ici rapidement avant que le palais ne t'engloutisse. Une fois dehors je ne reviendrai pas.

Il marqua une pause pour lui laisser le temps d'ingérer toutes les informations et précisa :

- J'ai assez de provisions, d'économies et je prends quelques plantes médicinales en cas de besoin. Si tu dois partir, fait le maintenant. Après je ne serais plus là pour t'aider. Honnêtement, je comptais partir sans t'en parler mais Pernni n'aurait pas aimé...

Les joues humides, le corps lourd, Nayala ne réfléchissait même plus. Ils avaient beaucoup plus en commun qu'elle ne le pensait. Une personne chère disparue, un dégoût total pour le palais et le rejet incompréhensible d'autrui. Elle l'avait mal jugé, très mal jugé. Cet homme à l'apparence joviale cachait au fond de lui un funeste passée qu'elle n'aurait jamais soupçonné malgré ce qu'elle avait entendu durant ses dix jours. Elle avait préféré ignorer lâchement les chuchotements. Une telle souffrance qui se dégageait de cet homme n'était pas uniquement de la tristesse ; C'était bien de la détermination qu'elle perçue dans ses yeux, sa voix, son visage, jusqu'à sa posture. Le fait que sa soeur ait disparu depuis sept ans n'avait en aucun cas ébranlé ses plans. Si il voulait la secourir il y parviendrait. De même que Nayala sauverait Yélé.

Si il y avait une chose qui avait retenu l'attention de la jeune femme, une fois le choc passé, c'était la véracité des mots de son patron. Nayala n'arriverait pas à atteindre le dernier niveau sans sa présence et elle ne pourrait assurer son entretien. Rester à l'intérieur du palais sans soutient était impossible. Elle retenait également l'urgence de la situation ; il lui avait bien dit que si elle voulait partir c'était "maintenant"...

Elle demanda paniquée :

- Quand est mon entretien ?

Toujours des plus sérieux, il répondit :

- Demain, dans la matinée. Il te restera seulement un après-midi et les heures sombres pour modifier ta réponse, que choisis-tu ?

Elle n'hésita pas un seul instant, elle n'en avait pas le loisirs. Que son histoire soit un mensonge ou non, il allait quitter les lieux. Une nouvelle manipulation ou une dure réalité, le résultat était le même : un tournant innatendu s'offrait à elle. En prenant en compte sa situation, la solution la plus raisonnable venait d'elle-même, et puis, elle avait un plan. Confiante, elle annonça :

- Je pars.

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