Vertval

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Résumé des chapitres précédents : Juan, Miguel, Franck, Julie et Marie ont émergé dans un monde inconnu dont les jours sont bercés de deux soleils. Par un concours de circonstances obscur, Julie a appris la langue locale. Le groupe s'est fait par la suite capturer par des soldats chevauchant des griffons, qui les ont emmenés vers une forteresse. En prison pendant plusieurs mois, ils ont reçu la visite d'un espion un peu simplet qui leur a promis de tenter de les aider. L'information de leur présence dans ce pays a commencé à fuiter. Tandis que leur ravisseur tente de les faire disparaître, ils sont sauvés par un inconnu appelé Sayur, d'un peuple venant de l'Est lointain. Le groupe découvre alors avec stupéfaction des animaux nouveaux qui n'existent pas chez eux. Le groupe est en route pour la cité de Vertval, pour y être mis en sécurité.


Le groupe se mit en route au lever du soleil jaune. A cette heure, la campagne était baignée de couleurs surnaturelles. L'aube jaune donnait au monde chaque matin une ambiance féerique, jusqu'à ce qu'une heure plus tard, le soleil blanc lui redonne une teinte plus habituelle.

  • Je ne me lasserai jamais de ce spectacle, confia Sayur à Julie.
  • C'est incroyable, on dirait que toute la nature chatoie, c'est magnifique.

Les draks trottaient à un rythme tranquille, Sayur ne pressait pas spécialement le pas. Il profitait de ce moment en admirant régulièrement l'astre doré. Le cliquetis des griffes des draks rythmait le chant des oiseaux, et une légère brise agitait le feuillage. Le temps s'était comme arrêté.

Lorsque le soleil blanc émergea à l'horizon, Sayur fit accélérer la cohorte, qui repartit pour plusieurs heures de voyage, suspendues seulement lors d'un repas frugal. Ils traversèrent un paysage de collines herbeuses sans fin, où couraient par endroit des draks en liberté. Le groupe franchit en milieu d'après midi un fleuve sur un pont lourdement gardé, où Sayur dut s'acquitter d'un droit de passage. De l'autre côté du fleuve, la population se densifiait peu à peu, des champs et des haies structuraient la campagne. En milieu d'après midi, ils aperçurent enfin au loin les tours d'une cité.

  • Voilà Vertval, indiqua Sayur

La région était assez peu boisée, et la silhouette de la cité était de ce fait visible de loin. La croissance progressive de Vertval se matérialisait par l'imbrication des différentes enceintes successives, qui s'appuyèrent au fil du temps sur les précédentes. L'enceinte originelle cerclait la plus haute colline et protégeait un château aux épaisses tours, plus défensif que décoratif. La ville s'était ensuite étendue au pied la colline du côté Sud, ajoutant un premier mur en demi cercle approximatif. Par la suite, à mesure que la totalité de la périphérie de la colline fut colonisée, l'enceinte circulaire fut terminée, traversée par le principal axe Nord-Sud de la région.

Vertval était le centre névralgique de l'Eserith : des charrettes et des convois convergeaient de toutes les directions vers les trois portes de l'enceinte. Toutes les marchandises étaient contrôlées et éventuellement taxées à l'entrée, ce qui engendrait un embouteillage monstrueux. Sayur disposait heureusement d'un laisser-passer qui permit au groupe de doubler la file ininterrompue de cargaisons de choux, tomates, et autres volailles qui attendaient sagement leur tour. Ils traversèrent des faubourgs étalés, aux rues bondées et à l'activité intense. Tout était comme dans les livres d'histoire. Le caniveau au milieu de la rue pavée, les fenêtres en surplomb, les vêtements bruns et sales, le brouhaha. Sans oublier l'odeur fétide, subtil mélange de transpiration, d'urine et de nourriture passée. Ils passèrent une seconde porte, qui perçait l'enceinte circulaire de Vertval par l'Ouest, au public bien plus limité et à la surveillance renforcée. Derrière cette enceinte, pas de rues bondées, pas d'odeur nauséabonde, un havre loin de l'effervescence de la ville. Seulement une route pavée qui menait à une résidence visible de loin. Autour de cette résidence, des collines à perte de vue. Une bannière flottait au gré du vent, blanche dans sa moitié supérieur, verte dans l'inférieure, affichant une silhouette de drak noire et une fleur de lys rouge.

  • Nous arrivons chez les Grandvaux, commentait Sayur en faisant un signe vers la bannière.
  • Pourquoi est-ce qu'ils n'habitent pas dans le château fortifié ? demanda Julie intriguée
  • L'Empereur Isdar a amené la paix à Ulria, il n'y a plus vraiment besoin de se cacher derrière de gros murs sombres. Au pire, le château existe toujours, ils pourront y retourner si le besoin s'en fait sentir.
  • Ulria, c'est le pays où nous nous trouvons ?
  • C'est le nom de la seigneurie historique d'Isdar, tout l'Empire porte ce nom depuis l'Unification. Ici nous sommes dans la région de l'Eserith, le domaine de la famille de Grandvaux. Vous allez les rencontrer bientôt.

Les quatre draks s'arrêtèrent devant une porte massive à deux battants, grand ouverts. Une femme les attendait sur le parvis. A ses côtés un homme en toge de lin clair, semblable à celle du guérisseur du village du désert. Sayur mit pied à terre et salua respectueusement la dame qui se tenait devant lui.

  • Dame Obianne, dit Sayur en mimant un baise-main.

Obianne de Grandvaux était la maîtresse des lieux. Sa posture et sa prestance relevaient d'un statut éminemment important. Il était difficile de lui donner un âge, probablement entre la quarantaine et la cinquantaine. De petites rides aux coins de ses yeux verts trahissaient la fin de sa jeunesse, pourtant son teint parfait souligné par de grand cheveux blonds et raides entretenait le doute. De grandes manches en dentelle sublimaient une robe de velours vert d’eau épousant sa silhouette élancée, parfaitement assortie à ses yeux. Son visage se détendit à l'arrivée des voyageurs. Elle rendit son salut à Sayur avec un sourire et un hochement de tête. Le respect que lui portait Sayur n'était pas feint, il était clair qu'il la portait en haute estime. Les civilités suivantes furent moins formelles, il posa sa main droite sur l'épaule droite de l'homme qui lui rendit son geste

  • Palil, voici les étrangers que tu souhaitais rencontrer.

L'homme s'approcha du groupe en affichant un large sourire. Julie eut du mal à retenir un frissonnement, cette tenue faisait rejaillir une frayeur dont elle ne parvenait pas à se souvenir. A mesure qu'il s'approchait, ils purent se rendre compte à quel point Palil était grand. De l'ordre du mètre quatre-vint-dix et solidement bâti. Il avait le crâne rasé, des yeux d'un superbe bleu clair, et une épaisse barbe rousse touffue pendait à son cou. Son front ridé, ses pattes d'oie marquées et quelques sourcils blancs laissaient supposer qu'il accusait un âge plus avancé. Il passa chaque membre du groupe en revue en lui serrant la main en se présentant. Chacun fut empli d'une bienveillante sensation d'apaisement à son contact.

  • Suivez-moi, dit Obianne en initiant un mouvement vers l'intérieur, Barnabas vous attend.

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