L'Oasis

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Résumé des chapitres précédents : Juan, Miguel, Franck, Julie et Marie faisaient partie d'une opération qui visait à sécuriser une grotte dans une mine. Suite à un effondrement, ils ont émergé dans un désert inconnu. Après avoir perdu connaissance, ils se sont réveillés dans un village de montagne. Les habitants y parlent une langue inconnue et cet endroit est bercé par le cycle de deux soleils.

Ailleurs, 1999 ?

Un homme du village entreprit d’allumer le foyer. Dès lors le mystère s’épaissit. Même dans les plus improbables recoins où Franck était allé faire des sorties de spéléologie, le plus insignifiant des villages disposait d'allumettes. L’homme qui tentait d'allumer le feu frappait un petit bloc de silex contre un morceau de métal, provoquant des gerbes d’étincelles. Il s’y reprit à plusieurs fois sans trop de succès.

Le prenant en pitié, Miguel sortit un briquet de sa poche s’approcha du tas de bois. Il fit craquer la roulette du briquet et la flamme jaillit instantanément. L’homme recula avec une expression de terreur sur le visage. Une rumeur indistincte commença à résonner autour du groupe. Miguel plongea le briquet dans le bois et démarra le feu. Réalisant tardivement l’étonnement général qu’il avait suscité, il tendit le briquet à l’homme qui avança d’un pas méfiant vers lui. Le curieux finit par lui arracher vivement l'objet de la main. Après plusieurs tentatives infructueuses, Miguel lui montra la bonne façon de procéder. L'objet déclencha une fascination béate dans tout village.

Un dîner rituel commença. Les invités involontaires ne surent déterminer s’il était spécialement organisé en leur présence, ou faisait partie du rythme normal du village. La nourriture était frugale : des soupes vaguement opaques et quelques morceaux de viande, probablement d’oiseau, que les habitants leur proposèrent spontanément. Les égarés passèrent une soirée improbable à écouter des histoires dans une langue aux mots indiscernables, déclenchant chez des inconnus alternativement de l’hilarité ou de l’effroi. Dans le même temps, le briquet passait de main en main comme un talisman.


Le lendemain, Franck entreprit de communiquer par dessin interposé avec l’homme qui l’avait accueilli. Saisissant un morceau de bois calciné, il dessina sur une paroi l’oasis, les montagnes et leur lieu d’arrivée, en tentant tant bien que mal de faire comprendre qu’ils souhaitaient y retourner. Gebri saisit rapidement l'intention du spéléologue et marqua une nette désapprobation. Face à son insistance, il finit toutefois par se résigner à les y emmener. Les cinq partirent donc, accompagnés de trois hommes du village, avec suffisamment de réserves pour retourner à la grotte. Marie et Julie étaient bien plus détendues que la veille à l’idée de rentrer. Cela faisait maintenant plus de quarante-huit heures que l’équipe avait traversé le boyau.

Les hommes du village connaissaient bien la région. L’oasis se trouvait seulement à quelques heures de marche de leur village en évitant les détours. De là, le groupe s’enfonça encore plusieurs heures dans le désert, remontant les traces encore partiellement visibles des égarés. Arrivés au repère de fortune qu’ils avaient érigé, Franck mima à Gebri que ces objets oranges étaient à eux. Gebri et ses hommes inspectaient minutieusement le matériel, s’amusant à enfiler les masques transparents et à se faire peur avec la voix déformée que cela leur procurait. La porte était toujours là, mais l’eau avait envahi la grotte et débordait maintenant au milieu du désert. Pour couronner le tout, cette eau était brûlante et interdisait tout accès au puits.

Tandis que Franck restait figé, tiraillé entre tentative d’acceptation de la réalité et déni complet de la situation, Julie partit dans une crise de panique. L’idée d’être bloquée ici la fit basculer dans une transe incontrôlable et elle se précipita les mains en avant vers l'ouverture en criant

  • Non, non, non, je ne peux pas rester bloquée ici !

La douleur effroyable de la brûlure lorsqu’elle glissa dans l’eau fumante lui arracha des hurlements insupportables. Tous se précipitèrent pour la sortir de l’eau en se protégeant tant bien que mal avec les lambeaux des combinaisons restés sur place. Les bras et chevilles de Julie étaient écarlates, elle se tordait de douleur au sol, incapable de se relever. C’en était joué, ils étaient coincés. Personne ne viendrait les chercher avant longtemps.

  • Je ne peux pas, je ne veux pas mourir ici, pleurait Julie allongée dans le sable, la voix tordue de douleur

Les hommes du village pointèrent les soleils et désignèrent les montagnes. Il fallait rentrer car le jour commençait déjà à décliner. Julie était incapable de marcher. Ils bricolèrent un hamac avec les restes de combinaisons et les cordes, puis soulevèrent la jeune femme, qui par chance était la plus légère du groupe. Tous se relayèrent pour tenter de la ramener aussi sauve que possible au village. La situation s’aggrava malheureusement tout au long du trajet. Des cloques se formaient sur sa peau brûlée, et il n’y avait pas assez de bandages dans la trousse de secours pour protéger toute la peau à vif. Ils durent se contenter de l’essentiel. A la moitié du trajet environ, Julie n’eut même plus la force de crier et perdit connaissance. La nuit noire les enveloppa. Le groupe avançait du plus vite qu’il pouvait à la faible lueur de torches.

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