Le Crépuscule Gris

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Résumé des chapitres précédents : Juan, Miguel, Franck, Julie et Marie faisaient partie d'une expédition qui visait à sécuriser une grotte dans une mine. Suite à un effondrement, ils ont émergé dans un désert inconnu. Après que le groupe a perdu connaissance, Franck s'est réveillé dans une caverne. Il cherche à comprendre ce qui est arrivé.

Un grand gaillard entra en trombe dans l'habitation troglodyte et se planta face à lui. Visiblement, sa réaction n’avait pas été appropriée. Franck fit un geste d’apaisement avec les mains, mais l’homme enchaînait les mots sur un ton légèrement agressif. Franck était désemparé. La seule idée qui lui vint fut un cliché rebattu des films. Il pointa son torse et se présenta « Franck ». L’homme le dévisagea, il se dérida légèrement, et posa son index sur le torse du spéléologue et répéta « Franck ». Franck crut déceler une légère forme interrogative, sans pouvoir en être sûr. Il lui sourit et pointa à nouveau son torse en disant « Franck » d’une manière plus affirmée.

La présentation étant une attitude universelle, l’homme pointa son propre torse en donnant à Franck ce qui devait être son nom : « Gebri ». La jeune femme qui observait la scène depuis l’extérieur s’approcha et se serra contre lui, il la pointa et dit « Mara ». Franck en déduisit qu’il s’agissait de sa femme ou de sa fille. Les deux étaient passablement crasseux et la vie ne leur avait pas fait de cadeau : deviner leur âge était impossible. Il lui vint une idée : « Marie ? » demanda-t-il, les deux étrangers se regardèrent incrédules en lui faisant comprendre que cela n’avait aucun sens pour eux. Franck essaya ses autres camarades « Juan ? Miguel ? Julie ? ». Il vit le visage de la jeune femme s’illuminer lorsqu’il prononça le nom de Julie. Elle lui fit signe de la suivre.

Franck sortit pour la seconde fois de la caverne pour découvrir le village. Sa vision s’était nettement améliorée, mais il avait encore de fortes douleurs à la tête. Et les deux soleils le narguaient toujours. Son hôte l’accompagna jusqu’à une autre maison où il trouva Julie recroquevillée sur une couche semblable à la sienne. Lorsqu’elle le vit, elle se précipita vers lui et le serra fort comme une bouée de sauvetage. Plusieurs personnes avaient suivi Franck, et elles étaient maintenant une demi-douzaine à les observer comme des animaux curieux.

  • Franck, dieu soit loué. Quel est cet endroit, qui sont ces gens ?
  • Je n’en ai aucune idée, je ne comprends pas un mot de ce qu’ils racontent. Sais-tu ce qui s’est passé depuis hier ?
  • Je me rappelle juste qu’on est arrivés jusqu’à l’oasis. Il me semble que nous étions tous là, mais tout est flou. Est-ce que quelqu’un va venir nous chercher ?
  • Je l’espère. Il faut déjà que nous retrouvions les autres

Franck aperçut la trousse de secours en parcourant des yeux la pièce. Il devait y avoir un antalgique dedans pour se débarrasser de son mal de tête. Un jeune garçon arriva en courant, visiblement excité, et mima des signes pour que Franck et Julie le suivent. Marie était dans une autre maison en train de se réveiller. Julie se précipita pour l’enlacer. Franck s'assit sur le bord de sa couche et prit sa main. Marie avait encore le teint pâle et l'air désorienté. Elle lui sourit néanmoins, puis grogna en essayant de s'asseoir.

Cela en faisait au moins trois de réunis. Juan et Miguel manquaient toujours à l’appel. Des voix espagnoles se firent entendre à l'extérieur peu après. Les deux mexicains essayaient de se faire entendre en vain des villageois qui les guidaient vers les autres membres du groupe. Une cohorte composée probablement de la moitié du village les encerclait en permanence. Les enfants souriaient, les adultes affichaient des visages parfois curieux parfois effrayés. Les compagnons d'infortune sortirent de la maison où se trouvait Marie pour rejoindre Juan et Miguel à l'extérieur. Ils s’assirent ensemble sur le muret d’un passage, à un endroit un peu plus large que les autres sentiers qui reliaient les habitations.

  • Est-ce que quelqu’un a une idée de ce qui s’est passé ? demanda Franck
  • Nous sommes arrivés à l’oasis hier soir. Après avoir bu, vous vous êtes effondrés les uns après les autres, j’ai entendu des bruits de voix et j’ai pointé la torche dans leur direction avant de m’évanouir aussi, raconta Juan. Cette eau devait être toxique, ou bien nous avons tous pris une insolation, allez savoir.
  • Est-ce que vous comprenez ce qu’ils racontent ? demanda Marie sans trop y croire
  • Pas du tout, señorita, répondit Miguel
  • C’est très bizarre, certains mots ressemblent de loin aux paroles des chansons de ma grand-mère qui était Totonaque. Mais de toute façon je n’ai jamais rien compris à ce qu’elle chantait
  • Merci Juan, c’est vraiment utile, ironisa Marie. Il faut qu’on trouve un moyen de leur faire comprendre qu’on doit retourner à la grotte, les secours doivent être arrivés maintenant
  • Amuse-toi bien ! lança Franck. J'ai déjà donné !

D’un air de défi, Marie descendit du muret et se dirigea vers le premier autochtone. Franck prit un malin plaisir à la voir gesticuler pour tenter de se faire comprendre face à une assemblée incrédule. Elle finit par baisser les bras et revenir vers les autres.

  • J’abandonne. J’ai tenté toutes les langues que je connais, j’ai tenté le langage des signes, je me suis ridiculisée avec des onomatopées, ils ne comprennent rien, rien, rien !


Gebri, l’homme qui avait accueilli Franck, leur fit signe de les accompagner. Ils longèrent le sentier taillé dans le flanc de la montagne pour arriver à une esplanade couverte par une excroissance rocheuse. Cela semblait être la place principale d'un village, avec en son centre un grand foyer que les jeunes garçons s’affairaient à préparer en amoncelant du petit bois. Le jour commençait à baisser. Le soleil jaune disparaissait lentement à l'horizon. Imperceptiblement, les couleurs de l’environnement se désaturaient. Toutes les couleurs ternissaient, le désert en contrebas était passé d’un blanc cassé a un gris triste, et la luminosité avait baissé de moitié. Le spectacle du coucher du premier soleil était à la fois déprimant et incroyablement nouveau.

Un crépuscule gris.

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