Rencontres

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Après neuf heures de vol, Sophia apprécia de se dégourdir les jambes. Elle était courbatue et aspirait à une douche, un bon livre et une année de sommeil. Ces deux semaines passées à évaluer l’impact de l’installation d’une usine aux abords des Everglades lui avaient paru interminables.

Une chambre l’attendait au Georges V et elle sourit en pensant à la tête de Wally devant sa note de frais. Mais le repos devrait attendre : elle avait promis de rendre visite à sa petite sœur. Elle alluma son téléphone qui, à peine activé, lui indiqua plus de trente appels et autant de messages.

Mère ! Le premier lui disait ce qu’elle devait savoir : elle avait trouvé un parfait futur gendre. Exaspérée, la jeune femme effaça les messages sans même les regarder.

L’humeur de Sophia s’assombrit : elle savait que ce maudit appareil n’allait pas s’arrêter de sonner, encore et encore. Au bout de combien de temps sa mère comprendrait-elle qu’elle n’avait pas besoin d’une entremetteuse ?

Aucun signe de sa sœur. Elle devait sûrement être bloquée dans le trafic : autant profiter de l’occasion pour lui chercher un cadeau. Sophia, en habituée des lieux, prit la direction d’une boutique vintage où elle savait pouvoir dénicher l’objet de sa quête.

Carole, toi et ta manie d’être en retard... Mère serait sûrement déçue.

Perdue dans ses pensées, elle flânait devant les vitrines de créateurs, laissant son regard glisser sur les couleurs et les formes, jusqu’à ce qu’une vision l’arrête net, la laissant bouche bée. Une superbe robe fourreau avec bustier, fendue sur la jambe. Elle ne le savait pas ce matin, mais désormais elle en était certaine : cette merveille manquait à sa garde-robe.

Quelle beauté ! Toi et moi, on est faites l’une pour l’autre.

Quelques milliers d’euros en moins et une prise de mensurations plus tard, elle ressortait de la boutique satisfaite, le visage radieux, et reprit sa quête du cadeau. Sa sœur, en tant que championne du monde des rebelles de la ponctualité, ne semblait toujours pas pointer le bout de son nez. Sophia avait trouvé le qualificatif idéal : chrono-contrariée. Certes, elle lui offrait un peu de temps en plus pour ses achats, mais rester toute la journée dans l’aéroport ne l’enchantait pas vraiment. Sophia sortit le téléphone de son sac et soupira devant les multiples notifications d’appel de sa mère qu’elle balaya sans regret.

Pas cette fois Mère : je n'irai pas en rendez-vous avec un de tes olibrius !

Résolue, elle appela sa sœur : la sonnerie indiquait occupée. Sophia fit une moue boudeuse. Comme toujours, Carole allait apparaître brusquement avec cette adorable bouille qui anéantirait tout grief ou rancune possible.

Carole, réponds !

La boutique apparut au coin de l’allée. Je vais te trouver le cadeau le plus horrible et détestable possible, sale petite peste ! Elle savait que cette résolution ne tiendrait pas deux secondes de plus, mais elle se permit de le penser pour la forme. La devanture s’ornait de merveilles : lampes, statuettes et autres objets fantastiques, goodies intemporels et livres collectors.

« Encore des objets inutiles ! Quand est-ce que vous cesserez vos enfantillages ? »

Sophia s'imagina le regard sévère de sa mère et rit doucement.

Elle poussa la porte et entra dans un autre monde, une dimension à part où sa sœur et elle se retrouvaient toujours. C’était quelque chose qui leur appartenait, que sa mère n’avait jamais su partager avec elles. Première chose à faire : trouver LE cadeau.

Errant dans les rayonnages, elle mit la main sur une très jolie édition de « De Bons Présages » de Neil Gaiman. Son exemplaire ayant fui vers un estomac reptilien lors d’un passage dans les Glades, elle sauta sur l’occasion. Un magnifique requin en peluche lui fit les quenottes douces : elle craqua et lui offrit de rejoindre la grande famille de ce qu’elle avait nommé ses Fluffs Aquatiques, sa collection de peluches liées à la mer.

« Sophia ? Tu cherches quelque chose ? »

Le propriétaire de la boutique l’interpella. Ils avaient fait connaissance alors qu’il n’était qu’étudiant en commerce à Paris. D’origine camerounaise, il avait depuis monté une affaire d’import-export : des objets vintage des quatre coins du monde. Audacieux, ce jeune étudiant avait senti venir l’engouement pour ce type de trésor, la folie du rétro, et en avait fait un produit de luxe.

Lors de ses voyages, Sophia lui dénichait objets, meubles et autres équipement anciens dont il faisait l’acquisition pour les restaurer et les revendre à prix d’or. Son dernier bébé était la boutique de l'aéroport. Leur amitié s’était renforcée avec le temps et elle ne manquait jamais de venir à la boutique entre chaque voyage :

« Ilyassa ! Ça fait plaisir de te voir. »

Elle le serra contre elle et ils échangèrent quelques banalités. Elle le questionna un peu sur son nouveau petit copain, puis aborda le sujet de sa venue.

« Je cherche quelque chose pour ma sœur... Tu aurais un truc vraiment bien sur Sailor Moon ? »

« Vraiment bien, non… Extraordinaire ! Et comme c’est pour toi, je te fais un prix. »

Il extirpa de derrière le comptoir une superbe statuette de Sailor Mars : Carole allait l’adorer ! Elle régla l’achat tandis que son ami remplissait un sac avec ses trouvailles. La tradition Morvan voulait qu’on déniche les pires papiers cadeaux et… Elle avait ce qu’il fallait. Le téléphone vibra : encore sa mère. Sophia avait besoin de se défouler. La zone gaming de la boutique était exactement ce qu'il lui fallait.

« Tu as quoi en accès en ce moment ? »

« Tu vas aimer ! J’ai ressorti Starcraft les origines ma grande ! Et j’ai une cliente dessus depuis trois heures : sans mentir, je pense qu’elle peut te battre. »

Sophia décida de relever ce défi : LE jeu de stratégie de son enfance ? Des heures de batailles endiablées ? Cette journée ne pourrait qu'être géniale.

L’espace jeu était assez calme. Quelques jeunes baguenaudaient, mais l'ordinateur mis à disposition était occupé par une femme en tailleur. Carré soigné, visage craquant, longues jambes et un goût parfait pour les vêtements. Un sac à main coccinelle ajoutait une touche de fantaisie. Super cute.

Sophia observa la partie en cours : elle était douée ! Son téléphone vibra de nouveau. Cette fois-ci, c’était un SMS de Carole : « Je suis retenue ! Attends-moi, j’arrive ! ».

Sacrée Carole, et tu arrives quand ?

La femme venait de finir sa partie et semblait aussi stressée qu’elle, aussi Sophia s’avança pour lui parler.

« Bonjour, je vous ai vue jouer et je me demandais si ça vous tenterait de partager une partie ? »

Mlle Locke se tourna vers elle : le vol avec Aaron lui avait pesé et, pour couronner le tout, un des moteurs du jet avait eu un problème. Elle était coincée au sol. Une distraction serait la bienvenue.

« Avec plaisir. »

Elle regarda Sophia déposer ses sacs d’où émergeait la statuette : un modèle vraiment bien réalisé, un des rares manquant à sa collection.

« Ho, vous êtes fan ? »

Sophia suivit son regard et, réalisant qu’elle parlait de la statuette, sourit.

« Pas plus que ça, mais ma sœur, oui ! Elle en est dingue et je savais que la boutique avait des trésors de ce genre. Moi, mon truc, c’est plus des animes comme Cow-boy Be-bop : J’ai tous les vaisseaux. »

« Génial ! vous savez s’il y en d’autres ? De statuettes. C’est bien Sailor Mars ? Je peux regarder ? »

Sophia lui tendit la figurine et Mlle Locke la saisit avec prudence.

« Il n’y en a pas d’autre en revanche, c’était la seule... Je suis désolée. »

« C’est bien dommage, elle est vraiment jolie... J’adore les détails ! Ils ont vraiment fait quelque chose de qualité. »

« Vous êtes une fan ? »

« Oui, entre autres choses. Je collectionne les figurines et les costumes. »

« Cosplayeuse ? »

« Coupable ! »

Les deux éclatèrent de rire. Mlle Locke lui rendit la statuette et lui tendit une manette.

« Bien : voyons ce que vous valez ! »

La partie commença : les deux adversaires rivalisaient de tentatives audacieuses, s’adaptant au jeu de l'autre. Sophia opta pour sa stratégie usuelle : agressive avec développement rapide, et se heurta à un mur défensif imparable, fruit d’une stratégie complexe et riche.

Intéressant, Mlle coccinelle. Comme dirait Wally : rester en mouvement, comprendre le terrain, changer pour ne pas laisser l’ennemi te cerner.

Son mentor n’aurait certainement pas pensé qu’elle utiliserait ses conseils sur des jeux vidéo. Elle modifia sa tactique et son déploiement, poussant son adversaire dans ses retranchements, l’obligeant à sacrifier des zones et revoir sa copie.

Sérieusement, elle est forte : avec une approche si complexe, la plupart des gens se seraient effondrés mais elle arrive à suivre tous les paramètres d’engagement du jeu. Bravo coccinelle.

Mlle Locke n’avait jamais combattu quelqu’un d’aussi imprévisible et efficace. Hormis Papwa, personne ne la mettait ainsi en difficulté et lui seul la battait à ce jeu. Mais une victoire demanderait des heures de lutte. Des dizaines. Aussi, elle prit une décision simple :

« Que diriez-vous de passer à une collaboration ? Mettons l’IA au maximum et voyons comment on s’en sort. »

Sophia, n’hésita pas une seconde : elle s’amusait tellement que combattre une IA tricheuse et réputée quasi imbattable lui parut une continuité alléchante.

« Mais absolument ! »

La pauvre IA souffrait : ses ruses et ses avantages ne suffisaient pas à tenir face à ces deux joueuses chevronnées et leurs styles complémentaires. Elles triomphèrent de la machine en criant de joie. Emportées par l’exaltation elles se serrèrent dans les bras, partageant la victoire.

« Vous êtes stupéfiante ! »

Sophia accepta le compliment en s’inclinant.

« J’ai beaucoup joué avec mon père ! Stracraft bien sûr, mais aussi des wargames. Je me souviens de la tête de ma mère quand on a envahi la remise avec nos figurines et installé les tables de jeu... »

Imitant la voix de sa mère, elle poursuivit :

« C’est des jeux de garçon! C'est trop violent pour une petite fille ! Tu n’y penses pas ! Ces jeux de guerre, jamais dans la maison ! Quand on lui a répondu que comme c’était dans la remise il n’y avait donc pas de problème elle a failli s’étouffer. On a passé des heures à s’affronter, et finalement ça a payé. Mais je te retourne le compliment ! Tu es coriace ! Encore un peu et tu me battais. »

« Des jeux de garçon? Ça existe vraiment? Je ne veux pas paraître incorrecte mais c’est stupide. Et puis quoi : les filles c’est nul sur les jeux vidéos ? »

« Ma mère est très… Catho vieux jeu. Et non tu n’es pas incorrecte : elle m’agace à chaque fois qu'elle aborde le sujet. On ne s'entend pas sur les jeux, le genre, sur le fait que le monde doive être hétéronormé… “

Mlle Locke lui adressa un sourire qui la fit rougir en réalisant ce qu’elle venait de dire à une quasi inconnue. Elle laissa échapper un « Intéressant, c’est noté » mais, constatant la réaction de Sophia, changea de sujet. Cette histoire lui remémorait ses propres parties de wargames à distance avec ses parents.

«Tu faisais du jeu de plateau ? Tu devrais voir la collection de mes pères… Je me souviens d’avoir écouté leurs conversations interminables sur les grands stratèges depuis l’antiquité, où ils opposaient leurs favoris. Petite, j’étais persuadée qu’ils les avaient connus, voire affrontés, tellement ils en parlaient de façon vivante ! »

Elle eut un petit rire.

« Donc forcément, avec l’arrivée des jeux vidéo, tu penses bien que je les ai initié : ils ont adoré. »

Réalisant qu’elles bloquaient la borne, elle se déplaça :

« Que diriez-vous d’un café ? A moins que vous ne soyez pressée ? »

« Non, du tout, j’attendais ma sœur qui ne vient pas… Allons-y, je suis curieuse de voir vos photos de cosplay ! »

« Qu’est-ce qui vous fait croire que j’en ai sur moi ? »

« Je suis sûre que vous en avez ! Toutes les cosplayeuses en ont. »

Les deux femmes s’installèrent à une table du café, parlant comme deux vieilles connaissances, partageant des éclats de rires, des échanges passionnés sur leurs personnages préféré, sur leurs valeurs… Mlle Locke lui dévoila ses photos, non sans fierté : elle avait un certain succès dans les conventions et avait remporté quelques prix. Sur son portable elle n’avait que des clichés récents montrant ses dernières créations, mais la réaction de son interlocutrice lui apporta une certaine satisfaction.

« Ces tenues sont géniales ! C’est toi qui les as faites ? »

« Pas toutes mais en partie, oui. C’est gentil. »

« Non mais je suis sincère ! Je ne suis pas une experte, c’est vrai, mais je trouve ces tenues vraiment jolies, et tu as une sacrée présence ! Je veux dire : là on te voit sur scène, c’est incroyable, avec tous ces gens ! Je n’ai jamais osé essayer... Je suis terrifiée rien qu’à l’idée. »

Mlle Locke sourit. Ce moment était une distraction bienvenue : échanger avec quelqu’un sur des sujets qui lui tenaient à cœur, sans pression. Le stress des derniers jours s’était envolé. Elle se sentait comme dans une bulle, isolée du monde.

« Franchement, tu devrais essayer le cosplay. Moi aussi au début j’étais mal à l’aise, mais la communauté est super agréable. Bien sûr, il faut faire attention avec les lourds qui se font des idées mais entre nous on se protège pas mal. Si tu veux je pourrai te filer des astuces, ou te faire un costume si tu veux te lancer. Enfin, je peux aussi t’aider si tu as envie de le faire toi-même. J’ai fait pas mal de tutos... Attends, je te donne l’adresse de ma chaîne... »

Elle sortit un carnet sur lequel elle griffonna un nom et tendit la page arrachée avec soin à Sophia.

« Voilà ! Si ça t’intéresse, bien sûr. Je réalise que je me suis un peu emportée... »

« Non pas du tout, ne t’en fais pas ! En fait, ça me fait plaisir de croiser quelqu’un d’aussi passionné... Je regarderai, promis ! »

« Alors comme ça tu travailles dans l’environnement ? Tu fais quoi exactement ?»

« Je chasse les pollueurs ! En fait, je fais surtout des constats sur la pollution industrielle, de l'écotoxicologie et des audits de performance. Ma spécialité, c’est le milieu marin. »

Mlle Locke la regarda avec de grands yeux : cette rencontre devenait encore plus sympathique.

« Mais... C’est une passion ou juste un job ? »

« Une passion. Elle résonne en moi, donne du sens à ma vie, alors oui : passion, à cent pour cent ! L’environnement est une guerre sans merci : trop de gens ignorent les problèmes que l’on traverse et, sans contrôle, les résultats sont terribles. Écosystèmes menacés, pauvreté, maladie, famine… »

Sophia marqua une pause : ses yeux brillaient d’une intensité incroyable.

«J’ai rejoint des groupes militants à une époque : on s’est interposés entre des baleiniers et leurs victimes, et j’ai eu maille à partir avec des crétins qui massacrent les requins… Mais on ne faisait que se mettre en danger. Menacer des vies. Les nôtres, celles des pêcheurs... »

Elle laissa un silence comme pour trouver les mots justes : ce fut Mlle Locke qui les trouva.

« Les pêcheurs ne sont pas forcément le problème. C'est l’économie, l’implication des états, leur inaptitude à voter et faire appliquer les lois. C’est comme tout problème environnemental, l’argent et la pauvreté, les lobbies… »

« Oui c’est ça ! C’est exactement ça. La plupart des gens veulent la même chose que nous : un environnement sain, le respect de la nature... Mais les quotas, les marchés… Comment nourrir leur famille en respectant les règles que les grosses compagnies ignorent ? Ils ont besoin d’un autre modèle. On en a tous besoin. »

Sophia adressa à Locke un grand et franc sourire.

« Donc voilà ! J’en ai fait un métier et je sais que je fais avancer les choses. Je suis comme un épaulard ! Une fois en chasse, je ne m’arrête plus ! Pas tant que ma proie n’a pas été neutralisée. »

Locke la regarda imiter l’attaque de l’orque sur une proie polluante en éclatant de rire. Oui : elle avait raison. Il ne suffisait pas de changer les gens, il fallait aussi leur en donner les moyens. Ainsi le changement se ferait, en bien. Si seulement Papwa et elle discutait... S’il pouvait voir cette passion dans son regard ! Avec les moyens de l’Organisation, elle aurait la possibilité d’agir. Cette inconnue rencontrée quelques heures auparavant avait raison : ses paroles la confortaient dans ses choix, lui rappelaient de garder la foi en l’humanité, et elle ne le saurait jamais. Enfin une personne qu’elle aimerait connaître mieux. Alors, pour une fois, Locke se lança.

« Écoute, mon avion est coincé sur le tarmac, un problème mécanique. Que dirais-tu de poursuivre notre conversation autour d’un dîner ? »

Sophia regarda son portable : aucune nouvelle de Carole. L’invitation la tentait, la femme était jolie et sympa, sa sœur comprendrait. Avant qu’elle ne puisse répondre, le téléphone de Mlle Locke sonna. Celle-ci décrocha et échangea quelques mots au sujet de la maintenance de l’appareil. Un SMS de Carole s’afficha sur son propre portable : elle annulait la sortie, mais promettait de se rattraper. La voix de Locke s’éleva et Sophia nota une légère marque de tension dans son ton.

« Je suis désolée : mon avion est prêt et je vais devoir y aller. Mais j’aimerais qu’on reste en contact. Je ne sais pas pour toi mais j’ai passé un moment très plaisant. Sincèrement, si on m’avait dit que je croiserais quelqu’un d’aussi agréable ce matin, j’aurais eu des doutes. Enfin, l’offre tient toujours, si tu es toujours partante ?»

Le visage de Mlle Locke s’était fermé. Elle semblait soucieuse et une ombre voilait son regard. Sophia attrapa un papier et écrivit dessus avant de la lui tendre avec la statuette.

« Ce sera avec plaisir. Tiens, prends-la : ma sœur ne viendra pas et j’ai le sentiment qu’un cadeau qui te plaît te fera du bien. J’espère que ça va aller pour toi. »

Mlle Locke la dévisagea avec surprise, acceptant sans un mot le cadeau. Sur le papier, « Wannabe Cosplayeuse » avec un numéro de téléphone.

« Je ne manquerai pas de t’appeler. »

Locke se pencha vers elle, attendant un instant, leurs visages très proches. Sophia ne reculait pas : elle l’embrassa sur les lèvres. La jeune femme lui plaisait, et avec l’opération Déluge qui lui pesait, l’écrasait, elle avait vraiment besoin d’un moment de tendresse. Le baiser ne dura pas et elle s’éloigna dans la foule.

Alors que Mlle Locke disparaissait, Sophia réalisa qu’elles n’avaient pas échangé leurs noms. Elle effleura ses lèvres du bout des doigts. Sa façon de faire lui avait plu : ce rendez-vous promettait d’être agréable. Son téléphone vibra et par réflexe elle décrocha : la voix de sa mère retentit.

« Ha ! Enfin j’arrive à te joindre ! »

Biscotte !

« Bonjour, Amélia... »

Un moment de silence lui laissa espérer une victoire : sa mère détestait quand elle l’appelait ainsi.

« Carole m’a dit que tu avais essayé de la joindre ! Tu n’as pas lu mes messages ma chérie ? J’ai essayé de te joindre toute la journée vu que tu ne m’avais pas dit à quelle heure tu arrivais à Paris ! »

« Non je n’ai pas pris le temps de les consulter, mais… »

Elle n’eut pas le temps de finir sa phrase que sa mère rebondissait, comme ces insupportables supers balles.

« Pas de souci, je t’explique ! Tu connais mon amie Mathilde ? Celle de mon club de jardinage ! Je t’ai dit qu’on jouait aux cartes le jeudi soir entre filles... »

Sophia tenta un « non » un peu désespéré et, incapable de couper le flot de paroles, opta pour la retraite stratégique : un silence patient. De toutes les façons, sa mère n’écouterait pas.

« Bref. Tu vois, son fils Pierre-Yves est avocat. Il conseille les entreprises de ce que j’ai compris, comme ce que tu fais ! Mais il gagne plus d’argent que toi. »

Sophia faillit s’étrangler avec son café au comme ce que tu fais. Elle sentait la moutarde lui monter au nez.

« Enfin tu comprends. Et, figure-toi qu’elle m’a montré des photos, c’est un joli garçon et il a l’air poli... Tu sais qu’il appelle sa mère deux fois par semaines et qu’il lui rend visite régulièrement ? Il se soucie d'elle, c'est un bon garçon. Tu devrais prendre exemple. Tu sais que ta sœur vient me voir deux fois par semaine, elle ? Enfin, ce n’est pas un reproche, je sais qu’avec ton travail tu n'es jamais à la maison. »

La jeune femme luttait contre l’envie irrépressible de hurler.

« Tu sais qu’il habite à Paris ? Figure-toi qu’il adore l’opéra ! J’ai dit à Mathilde que tu aimais ça aussi, que c'était ta musique préférée. Et il est libre ce soir ! »

« Mère, arrête ! D’une part, je n’ai pas besoin de toi pour me trouver un mari. Mon travail n’a rien à voir avec le sien. S’il gagne plus que moi, tant mieux pour lui, et c’est parce qu’il est fiscaliste sans le moindre doute, donc un sale type ! Et si il te plaît tant que ça, pourquoi tu ne l’adoptes pas ? Ce n’est pas comme si on n'avait pas une place… »

Elle s’arrêta, réalisant ce qu’elle allait dire : une place de disponible depuis la mort Quentin.

Sa mère s’était tue, mais elle pouvait entendre à sa respiration qu’elle avait deviné la fin de sa phrase. Sophia se sentit honteuse de l'avoir blessé. Finalement, la voix éraillé et tremblante d’Amélia brisa cette chape de silence.

« Tu sais, ce n’est pas… Je sais bien que tu es capable de trouver un mari... Je m’inquiète, c’est tout, depuis la tempête et cette histoire avec ce garçon… Je veux dire : tu te noies dans le travail et je ne veux pas que tu te retrouves un jour à réaliser que tu es passée à côté de ta vie, que tu as raté ce qui était important... »

« Mère. Je me plais parfaitement dans mon activité. Je suis heureuse et tout va très bien... Je n’ai juste pas encore trouvé le bon. Et puis, tu sais, de nos jours les femmes se réalisent plus au travail qu’à faire des enfants. On a même le droit de vote et la contraception de nos jours ! Tu réalises cette folie ? »

Sa mère rit doucement en lui répondant, mais sa voix était tout de même choquée et gênée.

« Moque-toi de moi, mais attention à ne pas dériver sur des choses comme l’avortement et autres sornettes de jeunes inconscients des valeurs de la famille ! »

Sophia se sentit fatiguée et décida de détourner la conversation. Elle n'avait pas envie de devoir se chamailler avec sa mère sur le sujet. Le prêtre du village avait fait un sermon quelques semaines avant qu’elle ne parte aux États-Unis. Depuis, sa mère était repartie en croisade pour le retour des valeurs oubliées, contre tout ce qui n’était pas hétéronormé ou bienséant selon une catho coincée. Elle fulminait en repensant à l'énergie que sa sœur et elle avait dépensé pour modérer ces pulsions d’un autre temps.

« Ne t’en fais pas Mère : les valeurs de la famille sont sauves avec moi ! »

Sophia se regarda dans une vitrine. Si tu savais à quel point, mère… Elle tenta de sourire mais sans être bien convaincante. Elle n’avait pas l’air si heureuse, en fait. Peut-être que sa mère avait raison ? Même sa sœur s’inquiétait et la trouvait déprimée ces derniers temps.

« Je sais que tu es une bonne fille, sage et prudente. Mais c’est le rôle des mamans de prendre soin et de s’inquiéter : c’est l’instinct maternel. »

L’instinct maternel... Ce truc qu’on était censé recevoir dans le package utérus-ovaire ? Sophia se sentit de nouveau irritée mais se contrôla.

« Je ne sais pas combien de temps il me reste et on peut partir du jour au lendemain, sans prévenir... Et je veux partir en te sachant en sécurité, stable et heureuse. »

La voix de sa mère était enrouée : elle pleurait. Sophia se sentit coupable. Les pleurs la replongeaient à l’époque de l’Accident. Elle avait mis des mois à s’en remettre. En tant qu’aînée, elle avait pris sa sœur en main et soutenu sa mère, mais depuis, elle sentait son cœur se briser à chaque sanglot.

« Tu ne veux pas au moins le rencontrer ? Pierre-Yves est un gentil garçon, il a réservé pour vous un dîner et l’Opéra... Tu adores l’Opéra... »

« C’était Quentin qui aimait l’Opéra mère... Mais d’accord, de toutes les façons Carole a annulé la soirée entre fille et j’ai réservé une chambre en ville. »

« Merci ma chérie. Tu es une gentille fille, tu sais... Je t’aime de tout mon cœur. »

Sophia n’en était pas sure. Sa mère la réprimandait plus que son frère ou sa sœur. Elle ne tarissait jamais de reproches sur sa façon de se coiffer, de s’habiller, de son goût pour le sport… Mais c’était sa mère et, avec ses défauts, elle l’aimait quand même.

« Je t’aime aussi mère. Dis-lui de m’envoyer l’heure et le lieu du restaurant par texto : j’irai. »

Elle avait cédé. Encore une fois.

Espèce de nouille ! Tu sais que ça va être un pénible au mieux soporifique et au pire imbu de lui-même, certain que tu vas rejoindre son lit.

Elle avait la sensation d’être une de ces pouliches qu’on fait s’accoupler. Sophia frissonna à l’idée d’une vie rangée à côtoyer des petites bourgeoises et à paraître, s’occuper de la maison de son mari, le cauchemar. Elle retourna à la boutique de vêtements où elle venait d’acquérir sa nouvelle robe : la vendeuse l’accueillit tout sourire.

« Bonjour Madame, il vous fallait autre chose ? »

« Oui... Je crois que je vais avoir besoin de vos services… Un instant je vous prie. »

Une pouliche. Une pouliche qu’on présente. Sophia tapota un SMS.

« Mère je dois faire des dépenses pour l’opéra et le dîner, je t’adresse la facture ? »

Dis non s’il te plaît, dis non...

Moins de dix secondes plus tard, elle recevait une réponse.

« Oui, tout ce que tu veux ma chérie ! Fais-toi belle ! C’est important »

Furieuse, elle fixa l’écran et la vendeuse fit un pas de recul.

Ce n’est pas moi que tu aimes. C’est l’idée que tu te fais de moi Mère. Une idée qui ne sera jamais rien d’autre, je suis désolée pour nous deux. Tout serait si simple si je pouvais être celle que tu veux.

« Vous pouvez faire les ajustements immédiatement ? J’en ai besoin ce soir... Et il me faudrait les accessoires. La totale : chaussures, sac, gants, châle et lingerie. »

« Bien sûr ! Je vois avec les couturières et je reviens vers vous »

Virevoltant et tourbillonnant comme une princesse de son enfance elle admirait son reflet “Tu es à tomber Sophia ! Espérons que ce rendez-vous sera à la hauteur de l'effort.”

Son exaltation se brisa, retenant ses larmes elle fixait la jolie femme devant elle, incapable de se reconnaître. Luttant contre sa colère pour ne pas déchirer cette robe superbe, défaire sa coiffure, ruiner son maquillage, elle en avait assez d’être produite comme pour une enchère, comme une pouliche, par sa mère. Pleine de colère envers sa mère et sa façon de la produire comme pour une enchère.

« Non. J'aime vraiment cette robe. Je le fais pour moi. Et si c'est un pénible je me sauve et je t'em... Je t'enquiquine, Mère. »

*****

Un taxi la conduisit devant les jardins des Champs-Elysées. Ce Pierre-Yves n’avait pas lésiné sur les moyens, c'était une des meilleures adresses parisienne. Le Pavillon était déjà illuminé : un écrin splendide dans ce cadre prestigieux.

« Votre table est en préparation. Puis-je… »

Le maître d’hôtel eut un moment de trouble en voyant Sophia entrer, tout comme le reste des clients du restaurant. Elle lui évoquait ces stars flamboyantes et glamour de l’Age d’or du cinéma.

« Gaston, conduisez ces messieurs-dames à leur table je vous prie. »

Il s’était repris et la salua avec distinction, masquant son égarement avec talent. La voix qui s’éleva mettait son flegme à rude épreuve.

« J’ai rendez-vous avec M. de La Haie de Nanteuil. »

« Mlle Morvan, c’est cela ? »

« Oui, effectivement. »

D’un geste élégant, il lui indiqua sa table et l’adjoint d’un garçon de salle pour l’y mener.

Assis près des baies vitrés donnant sur les jardins, un homme ne la quittait pas des yeux. Coupe élégante, rasé de frais, un costume Armani gris souris. Il avait ce bronzage soigné aussi dangereux qu’onéreux obtenu dans des salons bien équipés. Bel homme. Élégant.

Le ramage est-il à la hauteur du plumage ?

« Mlle Morvan, c’est un plaisir. Vous êtes splendide. Je dois dire qu’aucune photo ne peut saisir votre beauté. »

Il s’était levé pour l’accueillir, posant ses mains sur elle, forçant un échange de baiser sur les joues, trop proche de ses lèvres au goût de Sophia qui se crispa et ne répondit pas à l’embrassade. Il sentait le parfum de grand prix, mais ses mains étaient moites et elle se sentit agressée par son geste. La soirée commençait mal.

« Je vous en prie, installez-vous. »

Il lui tira une chaise. Elle s’assit, mais ses mains se hasardèrent sur ses épaules et elle envisagea un instant avec sérieux de briser une assiette et de lui enfoncer le tesson dans la gorge.

« J’ai pris la liberté de commander une entrée pour vous. »

« Je… C’est très gentil, merci… »

« Votre mère m’a dit que vous adoriez l’Opéra. J’ai pris des places pour Don Giovanni, j’espère que cela vous va ? »

Il se remit à sa place, ce qui calma la pulsion meurtrière de la jeune femme. Toutefois, il prit sa main dans la sienne. Moite, moite, moite ! Elle analysait ses gestes, sa posture, son phrasé. Un prédateur. Il s’offrait ce qu’il désirait avec son argent, persuadé de sa supériorité. Mais elle décelait autre chose : on ne faisait pas son métier sans acquérir quelques talents. Elle nota les détails qui indiquaient ses manques de confiance, ses frustrations et surtout son avis sur les femmes.

Un gentil garçon… Vraiment, comment fais-tu Mère ? Il va falloir apprendre à comprendre que statut social et décence ne vont pas forcément de pair.

Le maître d’hôtel se présenta avec les entrées accompagné du sommelier, sauvant la main de Pierrot le moite.

Allons Sophia... Laisse-lui une chance... Il a les mains moites ? Et alors : il est peut-être bravache parce qu’intimidé…

« Merci David. Je prendrai des langoustines bretonnes. Pour madame ce sera un Blanc de turbot braisé et vous nous servirez un Vacqueyras blanc pour l’accompagner. »

Sérieusement ? Et mon avis ?

Elle regarda l’assiette. C’était tout de même un bel objet. Peut-être la fourchette ?

« C’est très gentil de votre part, Pierre-Yves, mais je suis capable de choisir mes plats, vous savez. »

« Oui ! Bien sûr, c’est certain ! Voyez-vous, je suis un peu surexcité ce soir, pardonnez-moi... J’ai finalisé un très gros contrat aujourd’hui... Mon client avait un souci avec une association de riverains concernant un investissement de plusieurs dizaines de millions sur le littoral basque. Imaginez-vous, annuler la construction d’une usine pour un papillon ! »

« On appelle cela l’écosystème... Vous savez ? Ce petit rien qui nous permet de vivre. »

Sophia avait laissé échapper sa remarque sur un ton plus acide que voulu. La soirée allait être un calvaire. Elle décida d’attaquer son entrée qui, a contrario de la discussion, était savoureuse. Quelque chose effleura ses chevilles. Il lui faisait du pied ? Ils étaient là depuis moins d’un quart d’heure…

Bon, il n’y a pas de règles sur le sujet, mais non !

Elle recula la jambe pour se mettre hors de portée.

« Ah oui, c’est vrai que vous êtes de l’autre camp. »

Il rit à sa remarque comme si cela avait été une blague tordante.

« Ne croyez pas que je sois insensible à la cause environnementale, mais elle ne paie pas vraiment. Mais je trie mes poubelles ! »

Le repas se poursuivit avec la visite du chef qui sauva une part importante de la soirée en expliquant la technique de cryo-extraction qu’il mettait au point. Il alla jusqu’à faire une démonstration surprenante avec glaçon de jus de fruits pressé en forme sphérique fondant à table. Sophia et lui échangèrent sur le sujet avec passion, provoquant l’agacement de Pierrot le ravageur du littoral.

« Dites-moi M. Gribelin, ma surprise est-elle prête ? »

« Oui, bien sûr ! Je vous en prie, suivez-moi. »

Intriguée, Sophia leur emboîta le pas vers le jardin où se trouvait, hors de vue de la salle, un petit kiosque temporaire joliment décoré à l’aide de lampions. En son sein était dressée une petite table avec une bouteille dans un seau et des fraises dans une coupe.

« Merci, ça ira comme ça. »

Le Chef salua Sophia avec chaleur et retourna au restaurant, tandis que son cavalier tout sourire l’invitait sous le kiosque. Il fallait lui reconnaître que l’endroit était joli, plutôt romantique. Enfin, sans Pierrot. Elle accepta toutefois de l’accompagner, non sans discrètement enclencher son téléphone en mode dictaphone dans son sac à main. Après tout, le repas touchait à sa fin et elle pourrait prétexter une fatigue due au décalage horaire afin de ne pas faire d’histoire.

« Alors qu’en dis-tu ? Sophia... »

Il avait eu cet accent de dragueur qui laisse traîner les mots et elle se retint de rire, ce qu’il prit pour une réaction positive. Frappant dans ses mains, il enclencha des enceintes et une musique douce et langoureuse s’éleva.

Oh non, bazar... Dites-moi que ce n’est pas vrai….

Il l’attrapa par la main, l’entraînant contre lui pour danser, se collant à elle. L'odeur de sueur mélangée au parfum la rendit malade.

« Je n’ai pas envie de danser, Pierre. Je préférerais rentrer. »

Il ne la lâcha pas pour autant, posant sa main sur ses reins et descendant dangereusement. Elle sentit son souffle aviné dans son cou et sa colère grimpa en flèche.

« Allons, fais pas ta farouche... Tu as vu comme tu es habillée ? J’ai raqué un max pour ça en plus… »

Il se frotta contre elle en la serrant avec force, cherchant son cou. Il avait certainement beaucoup trop bu mais ce piège, ces mots… Elle lui donna une ultime chance.

« Arrêtez, ça suffit ! Je ne veux pas ! Lâchez-moi ! »

« Qu’est ce qui te prends ? Je suis sûr que tu mouilles déjà ! Je vois... Tu te fais désirer ? Mais ne t’inquiètes pas ma belle, je vais te faire grimper... Je suis le number one moi. Avec moi, tu auras tout ce que tu veux... Suffit de te laisser aller… »

Il posa la main sur sa fesse tout en léchant son cou. Elle attrapa son poignet en le tordant brutalement. Elle ne pensait plus : l’entraînement avait pris le dessus. L’homme hurla de douleur mais personne ne l’entendrait dans le restaurant.

« J’ai dit non, espèce de porc ! Les gens qui disent non c’est définitif, tu comprends ? Ce que tu fais c’est une agression sexuelle et ce que tu voulais faire un viol, espèce d’ordure ! »

Elle le projeta sans le lâcher dans le poteau de soutien du bungalow et lui fit achever sa course dans la coupe de fraise. La musique s’était arrêtée après le choc. Elle lui écrasa le visage dans les fruits.

Dommage pour le costume.

« Tu ne sauras jamais si ta victime est comme moi, mais moi je sais qui tu es. Si jamais tu approches une femme et que j’apprends que tu l’as traitée comme ça, je reviendrai. »

Elle avait attrapé une cuillère qu’elle appuyait maintenant sous l’œil de l’agresseur, entaillant sa joue.

« T’es malade ? C'est toi qui voulais ça ! T’as vu ta robe ? »

« Une femme qui s’habille pour être jolie n’est pas un objet ni un signal pour dire ''je veux coucher avec le premier venu'' espèce de gros dégénéré ! Bachibouzouk ! Pervers des alpes ! »

Elle lui aligna deux coups de poings dans le visage en se servant de la Rolex qu’il portait quelques secondes plus tôt. Bien les Rolex. Lourdes. Résistantes. Un super poing américain.

« Je ne veux plus entendre parler de toi ! Jamais ! »

Elle traversa le restaurant telle une déesse de la guerre, le regard embrasé de colère. S’arrêtant près du maître d’hôtel, elle lui tendit la montre et parla d’une voix si forte que toute la salle l’entendit.

« J’ai assommé Monsieur Pierre-Yves de La Haie de Nanteuil. Il a tenté de me violer dans le jardin. C’est sa montre, et ça… » Elle sortit le téléphone, lançant le dictaphone en mode lecture « … Notre échange. Pourriez-vous appeler la police ? Voici mes coordonnées. »

Et, après avoir posé sa carte sur le pupitre d'entrée, Sophia quitta les lieux devant la foule médusée. Dehors, dans une Mercedes noire, un homme au regard d’acier coiffé en catogan la suivait d'un regard inquisiteur.

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