Zhengzhou – Luoyang – Shaolin - Suzhou

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Zhengzhou en tant que tel n’a rien d’extraordinaire. Elle n’est que le point de passage vers une destination beaucoup plus prisée des touristes : le temple de Shaolin.

Notre nouvelle guide, Xi, n’eut pas le temps pour ces présentations et nous mena directement au concret : les grottes de Longmen (龙门, la Porte du Dragon), qui abritait les milles Bouddhas.

Longmen constitue une multitude de cavités dans la même montagne, dans laquelle furent gravés un nombre incalculable de Bouddhas. Tout comme les raviolis de Xi’An, il en existe des minuscules, à peine perceptibles dans la roche, jusqu’à une statue d’une dizaine de mètres de haut qui dominait le reste du site.

La légende raconte que son visage représente la femme d’un noble, propriétaire des lieux. Sa beauté n’est accessible qu’au bout d’une salve de marches qui expie tous vos péchés.

Outre cette divinité géante, la grotte s’apparentait à de nombreuses maisons troglodytes, figées par le temps dans une paix éternelle.

Un peu plus à l’ouest se tenait Luoyang, non loin de la forêt de Shaolin et son temple réputé pour la maitrise du Kung-Fu.

Sans mentir, l’un de mes objectifs en visitant la Chine était de découvrir ce lieu mythique. Toutefois, il ne se dévoilait qu’aux valeureux. Perché sur une montagne, l’édifice ne s’atteignait qu’après une bonne randonnée.

Cependant, les moines de Shaolin récompensent ceux qui contribuent à cet effort. Le temple mystique, couvert de Gingko Biloba aux écorces martelées par les entrainements de ses soldats, n’avait rien perdu de sa candeur. Encore plus loin, après avoir dépassé le cimetière des moines, l’école de kung-fu apparut enfin.

Sa réputation déjà établie, elle organise des spectacles avec ses élèves. Majoritairement chinois, elle n’exclue pas le recrutement des étrangers. De quatre à dix-huit ans, les crânes rasés en tenue dorée défilaient avant d’effectuer des démonstrations de force, d’adresse et d’agilité.

Encore aujourd’hui, j’ai du mal à concevoir le tour d’un jeune garçon qui éclata un ballon à l’aide d’une seule aiguille à travers une épaisse plaque de verre, pénétrée d’un simple point d’impact semblable à la fissure d’un pare-brise.

Pour terminer une soirée déjà succulente, des nonnes du temple nous offrirent un menu végétarien (les bouddhistes ne consomment aucune viande), avec des produits locaux. Cela ne fit qu’accroitre ma vénération pour les champignons, mortels s’ils ne sont pas bien cuisinés, mortellement délicieux une fois à feu doux. Un nouveau train nous embarqua pour Suzhou. Nous quittions ainsi Xi, peu bavarde et avare d’informations sur sa région, à notre grand désarroi.

Aux yeux des chinois, Suzhou est considérée comme la Venise de l’Orient. Traversée par un cours d’eau surplombé de ponts, la cité calme rayonnait de joie de vivre et de passion pour ses touristes.

Je démarrai la journée avec un naihuang baozi (奶黄宝子, petit pain à la vapeur fourré à la crème anglaise) en forme de pingouin, fin prêt pour la visite des jardins chinois.

Ces bijoux culturels, désormais entretenus et encadrés par des sociétés, étaient à l’origine des propriétés privées de riches marchands. Dans le but d’apporter la nature jusque chez soi, ceux-ci organisaient de véritables tableaux architecturaux regroupant le bien-être asiatique : des arbres, de l’eau et des minéraux. Une explosion créative où rien n’est laissé au hasard, jusqu’à la moindre pierre.

À travers les fenêtres de la demeure, chaque vue se transformait en œuvre d’art, délicieuse pour les yeux. Un peu plus loin, un champ de bonzaïs stupéfiants émergeait d’entre les bambous. Certains représentaient des mondes à eux-seuls, et la plénitude qui me transportait en les contemplant me ramenait aux paysages de Nouvelle-Zélande et d’Écosse peints par Jackson pour les œuvres de Tolkien. Même les poubelles avaient l’apparence de vase Ming dans ce morceau de paradis dont on ne souhaiterait jamais repartir.

Proche de Suzhou se tenait également un village de pêcheurs, avec d’authentiques pirogues, que l’attroupement des visiteurs ne saurait troubler. Les étoiles dans les yeux, James, notre nouveau guide au français impeccable, nous conduisit jusqu’à Shanghai, dernière étape de notre périple, à quelques centaines de kilomètres de là.

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