Tianjin

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Marc était fou. Du moins, son cerveau tournait à mille à l’heure : ses idées s’enchainaient et se déchainaient en un quart de seconde. C’était peut-être à cause de sa consommation excessive de fruits. Si l’on nous conseille cinq fruits et légumes par jour, Marc atteint la bonne douzaine. Des mangues, des bananes, du durian (la pire chose sur Terre, un goût d’ail, une odeur de cadavre, Dracula lui-même n’en aurait pas voulu), des pommes, du fruit du dragon (le kiwi violet) etc.

Autour d’Halloween, il eut la soudaine envie de quitter le campus, pendant le week-end, pour visiter Tianjin, une énorme ville-province en marge de Pékin – La Toussaint n’existe pas dans le pays et les vacances qui y sont associées non plus. Comme je n’étais pas venu pour me tourner les pouces, je les accompagnais, Fu et lui, pour ce second périple.

Sur une meilleure base que le premier, nous avions loué la veille un appartement dans le centre de Dalian, afin de faciliter notre accès à l’aéroport. Un détail important dans ces moments-là : avoir un Chinois dans son équipe facilite toutes les étapes du séjour, de la réservation au tourisme. Enfin, à dire vrai, c’est le cas pour tous les pays. L’assistance d’un natif est un argument non négligeable, surtout pour Fu, véritable encyclopédie humaine.

Un week-end, c’est court, et particulièrement à l’échelle de la Chine. Nous n’avions donc pas chômé, malgré le temps plutôt nuageux. La prestigieuse université de Nankai nous ouvrit ses portes (l’une des meilleures du pays). Fondée en 1919, après la chute du dernier empereur, elle symbolise le renouveau de l’éducation, profondément changée plus tard par les politiques de Mao.

Tianjin est surnommée la « Londres chinoise », notamment à cause (ou grâce, faîtes votre choix) du Tianjin Eye, cette immense roue qui n’est pas sans rappeler sa jumelle britannique, mais à qui, personnellement, je ne confierais pas ma vie. Son quartier dit « occidental » témoignait également d’un problème majeur que je trouve à la Chine et rencontrerai de nouveau par la suite : cette volonté d’édifier des bâtiments avec un style européen au milieu d’une cité où tout inspire l’Asie. J’ai parlé, plus tôt, des monuments allemands de Qingdao. À ceci près que ceux-ci datent de l’occupation germanique du pays et qu’ils ont été bâtis par les dirigeants de l’époque. Les horreurs de Tianjin (que l’on retrouve à Dalian sous une autre appellation) ne sont que des attrapes-touristes sans grande valeur. La palme d’or revient toutefois de droit à la ville de Tian Du Cheng, qui possède une réplique presque à taille réelle de la ville de Paris, tour Eiffel et château de Versailles (qui ne se trouve pas à Paris) compris.

Le trésor de Tianjin reste néanmoins culinaire. La spécialité de la région est un gâteau tressé et séché, dur comme de la pierre, nommé mahua, la fleur de sésame. Les parfums et les couleurs florissent autour du goût naturel aux céréales.

Bref mais intense, notre séjour se termina par un retour à la réalité et un lundi rude à affronter.

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