Chapitre Onze

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Melody laissa échapper un sifflement impressionné. Ses yeux bruns glissaient le long de l'imposant portail, s'attardant probablement sur les lettres capitales W et H, et certainement aussi sur la peinture écaillée et la rouille. Le portail était accroché à une arche de vieilles pierres grises, et était ouvert sur une longue, longue allée en terre battue. Des arbres bordaient le chemin, ponctué çà et là d'herbes folles ou de fleurs sauvages, puis semblaient subitement se refermer. L'école était invisible.


A présent, Matt savait que Warren Hall se trouvait être l'ensemble de bâtiments en pierres grises qu'il avait aperçu lors de leur première journée à Danvers, alors qu'ils étaient encore en voiture. Il avait cru qu'il s'agissait d'une résidence privée, propriété de quelqu'un de riche. Il avait en réalité eu un premier aperçu de cette école qui était apparemment terrain défendu. D'un geste distrait il se massa l'estomac. Cette enflure de William ne lui avait pas vraiment fait mal, et Matt savait, au fond de lui, qu'il ne lui rendrait pas la monnaie de sa pièce à moins d'y être forcé. Œil pour œil, ce n'était pas pour lui. Si William revenait pour lui chercher des noises, en revanche...

Ou, pire, si lui et ses amis s'en prenaient à nouveau à Melody... Sa cadette portait toujours la jupe courte de l'uniforme de St John, par pur défi. Matt ignorait jusqu'où pouvait aller cette petite bande de brutes, mais s'ils levaient ne serait-ce que le petit doigt sur sa sœur...


Cette dernière leva le menton et adressa une moue provocante au chemin qui disparaissait au milieu des arbres.


« Et c'est à cause de cet endroit qu'on a autant de problèmes ? »


Matt haussa les épaules.


« L'école est derrière les arbres. Apparemment, les élèves de St John ont un problème avec ceux de Warren Hall.


- Tu veux dire, une rivalité ? »


Nouvel haussement d'épaules.


« On va voir ? » suggéra Melody en s'engageant sur le chemin.


Matt la regarda faire sans réagir avant de bondir vers l'avant.


Devant le portail de la propriété, les bruits de la rue étaient clairement audibles. Le vrombissement des automobiles s'entendait nettement. Pourtant, une fois sur le chemin, le silence se fit. Ils n'entendaient plus que le crissement de la terre sous leurs semelles et le bruissement du vent dans les arbres. Matt se retourna vers le portail. De l'autre côté de la rue, une femme passait avec son chien en laisse. Une bicyclette la frôla, silencieusement. Les voitures roulaient sans faire de bruit.


Et soudain, ils furent sous les arbres. Les branches se rejoignaient au-dessus de leur tête pour former une voute. A mesure qu'ils s'enfonçaient un peu plus loin sur le chemin, de nouveaux sons se firent entendre.


Les arbres chuchotaient.


Un murmure diffus s'éleva autour d'eux, ressemblant à s'y méprendre à une brise jouant dans les feuilles. Il y eut un bruit de ruissellement sur leur gauche. Le murmure enfla, mélange de pépiements d'oiseaux, de grattements et d'intonations animales.


Jusqu'à ce que Warren Hall apparaisse.

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