Chapitre Huit

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Le ballon vola dans les airs, et retomba dans le panier après quelques rebonds. Jules poussa un hurlement d'exultation, leva les bras et remua du bassin en une parodie de danse de la victoire. Ses coéquipiers l'entourèrent pour le congratuler à grand renfort de tapes dans le dos et de bousculades, tout en se moquant allègrement de l'équipe adverse qui venait de perdre.


Tout ceci était bien trop bruyant.


Matt haussa un sourcil avec circonspection. Jules et ses amis l'avaient bien invités se joindre à eux pour une partie de basket, mais Matt avait choisi de s'adosser à un arbre pour terminer ses devoirs, et surtout, profiter du soleil de cette fin de journée. De plus, il ne pouvait pas vraiment prétendre aimer les sports d'équipe, ni même la compétition. Surtout pas la compétition. Il ne comprenait pas où pouvait se trouver l'intérêt. Il avait observé son petit frère foncer à travers le terrain, bousculer ses adversaires sans état d'âme et les maudire lorsqu'ils marquaient. S'il aimait la dépense d'énergie propre à la pratique d'un sport, il préférait être seul à transpirer. La compétition l'avait toujours fait fuir, le poussant à abandonner le judo qu'il avait pourtant pratiqué pendant plus de dix ans. Jules, en revanche, semblait trouver un immense plaisir à se mesurer aux autres. Avec une moue perplexe, Matt baissa le nez sur son manuel de biologie.


« Non non non ! » hurlèrent alors plusieurs garçons.


Matt releva la tête, à temps pour voir le ballon de basket s'envoler derrière un massif d'arbres bordé par un haut mur de pierre. Le silence se fit sur le terrain. Quelques garçons se tenaient le visage, l'air effaré, tandis que d'autres esquissaient des gestes de frustration et de résignation.


Matt attendit que Jules le rejoigne, le visage luisant de transpiration.


« Qu'est ce qui se passe ? Vous arrêtez ? »


Jules leva un bras avec fatalisme.


« On ne peut plus jouer, on n'a plus de ballon. » maugréa-t-il.


« Tu plaisantes. » Matt regarda du côté du mur derrière lequel le ballon avait disparu, puis revint vers son frère. Les garçons de St John étaient déjà en train de ramasser leurs affaires pour partir. « Pourquoi vous n'allez pas chercher le ballon ?


- Ben.. » Jules bredouilla quelques mots, jeta un coup d'œil gêné vers ses camarades. « On ne peut pas.


- Pourquoi ? C'est une propriété privée ? » Matt se leva pour se diriger vers le mur de pierre. « C'est juste un ballon. On entre, on le récupère, on s'en va. »


Jules ouvrit de grands yeux et secoua frénétiquement la tête : « Non, non, non. C'est interdit. » siffla-t-il. D'un coup d'œil en arrière il vérifia que personne n'assistait à leur échange, mais les autres garçons avaient déjà remarqué que Matt s'approchait du mur. Personne ne disait un mot. « Matt, s'il te plaît, c'est interdit. »


Matt répondit par un simple rire et chercha une prise parmi les pierres grises du mur. Il glissa le bout de sa chaussures dans une anfractuosité et se hissa facilement vers le sommet.


« Matt ! »


A califourchon sur le mur, Matt envoya un sourire rassurant à son cadet. Jules avait blêmi, et reculé de plusieurs pas. Il secoua une nouvelle fois la tête, mais Matt disparut de l'autre côté du mur.

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