Violence déchaînée

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Maman entre précipitamment dans ma maison.

- Justine ? Justine ? Où es-tu ?

Elle est inquiète à cause de mon appel. Elle n’a même pas frappé à la porte. Ça ne lui ressemble pas.

Dès que je l’ai entendu, je suis allée me jeter dans ses bras.

- Maman, je suis vraiment horrible ! Comment j’ai pu faire ça ?

Les larmes se remettent à couler malgré moi. Je me sens si… comment est-ce que je me sens en fait ? Je ne sais même plus. Jamais je n’aurais pensé avoir une telle violence en moi.

Ma mère se veut réconfortante, elle me caresse tendrement les cheveux ; mais je ressens sa perplexité et son incompréhension… l’heure des aveux arrive.

J’ai peur. Peur qu’elle me regarde différemment après ça.

Elle ne me laisse pas me perdre davantage dans mes pensées et me presse :

- Mais enfin ma chérie, tu vas m’expliquer ce qu’il se passe ? Qu’as-tu fait qui te mette dans cet état ?

- Je…

J’avale difficilement ma salive. Les mots sortent au milieu de mes sanglots.

- Je ne sais pas comment c’est arrivé ! J’ai… j’ai eu peur et le coup est parti. Mais quand je l’ai vu s’écrouler sur le sol, je ne sais vraiment pas ce qui m’a pris ! C’est… c’est comme si toutes les fois où j’ai eu peur étaient remontées d’un seul coup et elle avait beau ne plus bouger, je l’ai frappée, encore et encore et encore…

J’étais une vraie folle furieuse, Maman. Je ne pouvais plus m’arrêter. Même quand j’ai vu sa chair s’ouvrir et le sang couler, j’ai continué, j’ai continué… Je crois même que j’ai frappé encore plus fort !

Je remarque que ma mère a blêmi. Elle va à reculons jusqu’au canapé où elle se laisse tomber, sans cesser de me regarder.

- Mon Dieu, qu’est-ce que tu as fait ?

- Après ? Ben, quand j’ai fini par me calmer, il n’y avait aucun doute possible, elle était morte. Alors j’ai été chercher la poubelle pour mettre ses morceaux dedans.

- Ses morceaux !? Oh mon Dieu ! Manon, ma petite Manon…

- Manon ? Pourquoi tu me parles de Manon ? Elle ne m’a pas vue comme ça, heureusement ! Elle est chez une copine jusqu’à demain.

- Chez une copine ? Mais, tu viens de me dire que… et ses morceaux… la poubelle…

- Hein ? Ne me dis pas que tu as cru que je parlais de ma fille ?!

Je pars dans un fou-rire incontrôlable ! Je ne peux plus m’arrêter de rire. Après cette violence déchaînée, je me bidonne… Décidément, je déraille aujourd’hui !

- Mais tu parlais de qui alors ?

- De l’araignée énorme qu’il y avait sur le mur, évidemment !

Je suis un monstre, Maman, de m’être défoulée comme ça sur elle, dis-je en me remettant à pleurer de plus belle.

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