Journal de Raphaëlle Roland : 23 Août

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 Larani et N'rof sont déjà endormis. Je les envie un peu, je dois avouer. J'entends leurs respirations calmes. Celle de Larani est à peine audible tant la respiration de N'rof est grave et sourde.

                   Il y a trop de choses dans ma tête, trop de pensées. Je vire et je revire dans ma couchette depuis qu'on a décidé de se coucher. Je n'arrive pas à trouver le sommeil. Alors j'ai allumé la petite lumière de ma couchette et j'écris.

                   C'est drôle à quel point ça me fait du bien. Je prie pour que mon stylo bille tienne le plus longtemps possible. Écrire, depuis que je suis à Guilraen me permet de me souvenir que tout ça n'est pas un rêve. Je crois que je tiens à ce carnet autant qu'à ma montre, que j'ai pris le soin de ranger dans mon sac pour qu'elle n'attire pas l'attention, la photo de ma famille dans mon portefeuille, la petite clef-médaillon que j'ai trouvé lors de mon arrivée et à tout ce bric à brac qui vient de mon monde. Après tout c'est tout ce que je possède encore.

                   Je sors la photo : on me voit toute petite sur les épaules de mon père. Ma mère se tient à ses côtés, elle sourit à pleine dent. Je souris aussi, mais il me manque quelques dents, les deux devant et c'est assez comique. Cette photo avait été prise chez mes grands-parents, je crois me souvenir que c'est mon grand-père qui l'avait prise. Je devais avoir six ans.

                   On était heureux à cette époque.

                   À dire vrai dans le divorce de mes parents ce n'est pas tant leur séparation qui m'a fait souffrir que le fait qu'ils foulent du pied avec violence toute la vie qu'on avait eu ensemble. Comment ma mère a-t-elle pu salir tous ces bons souvenirs? Après tout même si elle n'aimait plus mon père, n'aurait-elle pas pu se dire : ça fait partie de mon passé, je ne peux pas le nier, mais je fais faire quelque chose de nouveau?

                   Cette photo est la preuve que ma famille a été heureuse un moment. Peu importe ce qui est arrivé après, on ne peut nier cette vérité. Cette photo a capturé la lumière de cet instant.

                   Quand je retournerais chez moi ce carnet sera la preuve que je n'aurais pas rêvée. Même si personne ne veut croire à mon histoire, je veux interdire à mon moi du futur de croire que j'ai inventé tout ça.

                   Je ne veux pas me faire une chose pareille. Et puis je ne veux pas faire ça à Larani, N'rof, Alanet, Ekine, Alik... Ils m'aident alors qu'ils me connaissent à peine. J'espère qu'un jour je pourrais les aider également...

                   En attendant, je dois essayer de dormir. Qui sait ce qui m'attendra demain?

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