Journal de Raphaëlle Roland : 15 Août

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Ça va faire cinq ans que mes parents sont divorcés. Je ne peux pas dire si cette situation me rend heureuse ou malheureuse. Les choses sont bien plus compliquées que ça. Le silence a remplacé leurs engueulades.

            À dire vrai, je me demande si j'aurais préférée vivre chez mon père. Peut-être que ça ce serais fini de la même manière. Peut-être que j'aurais fini par ne plus m'entendre avec lui comme avec ma mère. Peut-être qu'elle a raison, c'est peut être moi qui a fait tout foiré...

            Pour ma mère, je fais partie des choses qui lui rappellent son ancienne vie, celle qu'elle a partagée avec mon père. Je suis un  vieux meuble qui lui évoque les souvenirs d'une vie qui lui déplaisait, où elle se sentait étouffée. Après tout, je suis la plus belle preuve qu'il puisse exister de leur passée commun, et on ne peut pas m'effacer. Il faut dire que je ne lui facilite pas la tâche. Je peux me montrer aussi taciturne que mon père par moment, lire des heures sans bouger un orteil. Mais surtout je ressemble à mon père. Physiquement, je veux dire. J'ai les mêmes yeux verts, les mêmes cheveux châtains, et il m’a aussi transmis quelques une de ses taches de rousseurs. De ma mère au final, je n'ai que la taille et la corpulence, menue et petite. Petite taille qui ne m’a jamais aidé à être moins discrète. Mais bon je m'éloigne

            J'ai appris en même temps que mon père que ma mère souhaitait divorcer, recommencer autre chose, se rapprocher de sa famille en Ile de France. Je me souviendrais toujours de cette scène, peut-être parce qu'elle avait quelque chose de surréaliste. Je rentrais du collège, le baladeur vissé sur les oreilles. En n’arrivant devant la maison rien ne présageait que ma vie allait changer.

            Mon père était assis à la table de la cuisine, la tête reposant dans ses deux grandes mains, quelques larmes éparses sur le visage. C'était la première fois que je le voyais pleurer. Les yeux rougis, il me vit et me serra fort dans ses bras. Entre quelques sanglots je compris les mots divorce, séparation, plus vivre ensemble. J'étais incapable de réagir.

            Le reste de la procédure se passa sans encombre. Ma mère décidée, mon père résigné. Il fut décidé que je vivrais chez ma mère et que je verrais mon père une semaine sur deux. Et comme d'habitude je n'eus pas mon mot à dire sur grand-chose.

            J'ai donc déménagé avec ma mère, dans l'appartement, au début nous étions toutes les deux. Ma mère était heureuse, enthousiaste. Puis après quelques temps elle rencontra un autre homme. Il se nommait Michel et avait lui aussi une fille qui se prénommait Lucie. Ils décidèrent assez rapidement d'emménager ensemble. Ils n'étaient pas spécialement méchants avec moi. Je n'avais juste pas envie de joueur à ce numéro de l'heureuse famille recomposée... Lucie n'était pas ma sœur, nous n'avions rien en commun. Mon beau-père essayait de me gâter pour compenser le manque de dialogue qu'on avait. Et ma mère finit par m'en vouloir de mon indiffèrence. Je ne collais pas au tableau qu'elle s'était imaginée...

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