Journal de Raphaëlle Roland : 27 juillet 2009

3 minutes de lecture

Chaque nuit, c'est toujours le même rêve. Je suis fatiguée de ces songes. Je ne pourrais pas plutôt rêver de ma famille? Pourquoi toujours faire ce rêve atroce où je me vois en train de me décomposer? Pourquoi est-ce que je me réveille toujours ici, alors que je pourrais m'éveiller chez moi, dans mon lit...

            Trop de pourquoi. Je n'y peux rien et j'aimerais comprendre pourquoi je suis ici.

            Je devais juste me rendre chez mon père. Ma mère m'avait lâché devant la gare de Montparnasse. Je suis entrée dans ce bâtiment froid et infesté de pigeons, avec mon seul sac à dos et ma grosse valise à traîner. Je n'arrêtais pas de me cogner dans les gens, je m'excusais sans cesse, tête baissée, aussi énervée par les gens qu'envers moi-même. Pourquoi faut-il toujours que je m'écrase ainsi?

            Le TGV m'attendait à la voie 3. À force de la tirer, ma valise me faisait mal au bras. Je regardais sans cesse ma montre, oubliant, aussitôt la tête relevée, l'heure qu'elle affichait. Je regardais sans cesse mon billet de train, oubliant aussitôt le numéro du wagon où je devais aller.

            Est-ce que j'étais contente de partir vivre chez mon père? Sûrement. Là-bas, c'est toute mon enfance. J'adore cette maison où j'ai grandi, où mes parents vivaient encore ensemble. Ils semblaient heureux à cette époque.

            Oui j'adore cette vieille bicoque, aux murs pas droits, aux meubles poussiéreux, au parquet qui grince dès qu'on pose un pied sur ses lattes. Et puis le parfum des vieux meubles en bois, du café que boit mon père en écrivant et du tabac que fume ma mère sur le perron lorsque la nuit tombe paisiblement...

            Je me perds, mais il me suffit de la décrire pour la voir surgir devant moi. Je savais que je serai bien seule là-bas. Chez ma mère, il y avait Lucie, la fille de mon beau père, légèrement plus vieille que moi et même si nous n'avons jamais été très proches, elle était gentille. Avec mon père, je serai seule, mais la solitude ne m'avait jamais gênée. Mon père dit souvent que la solitude effraie seulement ceux qui n'aiment pas se retrouver seul face à eux même, sans échappatoire possible. Moi, ce sont les autres qui parfois m'effraient, ils vous blessent même sans le vouloir, involontairement....

            Bref, je devrais arrêter de divaguer. Finalement je suis montée dans mon train. Je m'engouffrais dans ma voiture, avec difficulté pour grimper avec ma valise. Je la rangeais avec celles des autres voyageurs.

            Je m'avançai dans l'allée du train, mon gros sac à dos avec moi. Ma place était juste là, à côté d'une fenêtre je m'y installais. J'ouvris mon sac à dos, retira un livre de poche. Je le posai sur la tablette. Je ne voulais pas lire tout de suite. Je regardais les autres voyageurs. Juste en face de moi il y avait une famille. Les parents étaient assis en face de leurs enfants: une petite fille aux longs cheveux blonds tressés et un garçon, à peine plus âgé que moi. Il rigolait avec sa petite sœur. Je ne pouvais m'empêcher de le regarder. Il le remarqua et me sourit. Mon cœur s'emballa. Je sais, je suis stupide mais pour fuir son regard je fis semblant de me mettre à lire.

            Le train se mit enfin en branle. Je lisais, et par moment je regardais le paysage, en laissant résonner dans ma tête les mots. Au bout de quelques temps, mes yeux finirent par me piquer. Je posais mon livre, et je m'endormis.

            À mon réveil, je n'étais plus dans mon monde.

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