Journal de Raphaëlle Roland : 24 juillet 2009

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  Je ne sais pas vraiment par où commencer, tout se mélange dans ma tête. Impossible de mettre de l'ordre dans tous ces événements. J'ai même du mal à tenir mon stylo, depuis le temps que je n'écris plus...

            Mais je dois le faire, tenir ce journal pour comprendre et ne pas oublier. Surtout ne pas oublier....

            Je me nomme Raphaëlle Roland, même si je sais qu'ici cela n'a plus vraiment d'importance. Ce journal m'a été offert par l'être à la peau bleue qui m'a recueilli et qui se nomme Alik. J'espère qu'en écrivant je comprendrais mieux, que je n'oublierai pas. Ce cahier, c'est la seule preuve que je suis bien celle que je dis être.

            Mais par où commencer? Est-ce que je dois raconter d'où je viens, parler de mon monde? Ou bien raconter comment je suis arrivée ici? Raconter comment je me suis endormie dans un train, dans mon monde et comment je me suis réveillée ici, dans ce monde qui est si étrange...

            Ou alors commencer par dire qui je suis. En tout cas qui je suis dans mon monde. Je me nomme Raphaëlle, je l'ai déjà dit. J'ai 17 ans, je suis une fille des plus banales. Pourquoi tout cela m'est arrivé ? À moi? Je crois que ça tient juste au hasard, j'aurais pris le train d'avant ou d'après cela ne me serait pas arrivé. Je ne serais pas là, dans cette pièce, à tenir entre mes mains ce cahier et à attendre qu'Alik arrive avec mon repas du soir.

            Je crois que j'en ai assez d'être ici enfermée. Cela fait dix jours qu'il m'a trouvé. Je traînais dans les abords de cette ville, je profitais de la nuit pour piller les greniers et manger. Mais pendant combien de jours me suis-je comportée comme une bête? Je regarde ma montre, elle affiche le 24 juillet. Cela fait à peine un mois que je suis ici, ça me semble faux, j'ai l'impression que cela fait tellement plus longtemps que je suis coincée ici.

             Je bénis cette montre à mon poignet, je l'écoute parfois. Oui j'écoute son tic-tac lent et régulier et je pense : « dans mon monde, le temps continue ». Je me mets à penser à mes parents, à ma mère qui m'a quittée à la gare. Je repense à notre dernière discussion dans la voiture pour me rendre à la gare.

            Je la vois encore dans la voiture. Elle est à côté de moi, elle fume une cigarette blonde et légère comme elle. Elle parle fort, elle ne baisse pourtant pas le son de l'autoradio. Elle m'en veut, d'après elle c'est moi qui aie fait tout rater.

            On allait à la gare, je devais partir vivre avec mon père. Ma mère ne me supportait plus, moi et mon silence. Selon elle, je ne me montrais jamais enthousiaste.

« Tu passes ton temps dans ta chambre. »

« Tu n'as presque pas d'amis. »

« C'est ce que tu voulais partir chez ton père, maintenant t'es heureuse! »

            Je suis restée silencieuse jusqu'à ce qu'on arrive à la gare...

J'entends un bruit, ça doit être Alik. Il fait déjà nuit? Je ne reconnais plus les jours et les nuits, il n'y a pas la moindre fenêtre ici. Il m'apporte sûrement à manger

            Oui je suis restée silencieuse, je crois que j'aurais dû lui dire, faire sortir ces quelques mots qui restaient coincés dans ma tête, que ma bouche refusait d'articuler...

            J'aurais dû lui dire que je n'avais ma place nulle part.

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