(TESTA MENT) J'Y CROIS PAS (1)

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"Un grand homme n'a pas de famille ; il n'a que des héritiers."

De Pierre Belfond

Du tien, toujours du tien.

L'affirmation de Léo, hante ma chambre même après son départ. En doutant ainsi de lui, je crois lui avoir fait de la peine, bien que cela soit totalement involontaire. Fraternel, il est le seul membre de la famille pour qui j'ai encore de l'affection et qui m'aime un tant soit peu.

Mais il doit également comprendre que si lui souffre de la fracture familiale, moi, je souffre du fait que tout le monde me tient pour unique responsable du moindre mal survenant. Ce que je refuse d'accepter parce que cette situation n'est juste pour personne.

Je ne désire qu'une chose, c'est que chaque individu assume ses torts en cas échéant, sans tenter de reporter à chaque fois la faute sur x ou y. Je ne crois pas, que se soit trop demander à chacun de faire face aux conséquences de ses actes.

Alors que je continue de cogiter sur les révélations qui s'enchaînent depuis mon retour. Mon portable tinte sur un texto de May que je me presse d'ouvrir.

Coucou ma belle. Comment vas-tu ? Pas de nouvelles de toi depuis ton départ. Tu es bien arrivé ?

En la lisant je me prends conscience que je n'ai pas pris le temps de l'appeler. Un oubli que je rectifie immédiatement.

Allô May ?Putain, ma chérie, enfin ... je suis si contente de t'entendre. J'ai cru avoir raté ton coup de fil.Non ma belle. Je suis désolée, c'est moi. J'ai complètement oublié de t'appeler. Que se passe-t-il Aélys ? Je peux deviner au son de ta voix que quelque chose ne va pas. Tu veux que je viennes ?Non May, je sais bien que tu es occupé à ton client. mais Arnaud est à Aix... Diana n'est pas ma mère et tout part en vrille parce que je ne sais pas quoi faire. Pardon ? Tu peux me répéter ça plus lentement. Il m'a semblé t'entendre prononcer Arnaud et Diana dans la même phrase. C'est une blague, hein ?

C'est avec la gorge complètement nouée, que je raconte tout à ma meilleure amie qui menace de tout plaquer pour venir me rejoindre. Je réussis à la convaincre non sans mal de rester à Paris. Or, avant que je ne puisse raccrocher, May m'explique très clairement qu'au moindre problème, elle rappliquera à Aix que je le veuille ou non.

Épuisée émotionnellement, je n'ose pas la contredire en lui assurant que je l'appellerais afin de la tenir informée des dernières nouvelles. Plus ou moins rassurée, celle-ci coupe la communication, me laissant le cœur au bord des lèvres.

Fatiguée, je refuse d'avaler une quelconque nourriture, préférant enfiler mon pyjama afin de m'endormir à l'aide d'un bon vieux somnifère.

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La nuit passante, j'émerge le lendemain difficilement du sommeil. Les rayons du soleil inondent ma chambre d'une lumière vive ce qui achève de me réveiller. Je grimace de regret, car j'aurais réellement voulu dormir encore un peu plus longtemps.

Or, impossible de paresser dans mon lit douillet puisse la lecture du testament a lieu aujourd'hui. J'aurais bien volontiers fait l'impasse sur le notaire, mais grâce aux instructions de Papi Lou, je suis coincé. Car bien sûr sachant pertinemment que je me défilerais, le vieux grincheux avait tout prévu.

Les yeux encore remplis de sommeil, je cherche le réveil numérique sur table de nuit afin de me faire une petite idée de l'heure. Quand je souffle de dépit en voyant qu'il est déjà neuf heures et que la matinée est déjà bien entamée. Ce qui me presse davantage, car je dois impérativement me lever et me préparer.

Même si je ne suis pas humeur pour un nouvel affrontement familial. Forcée de constater, que ma vie est devenue un véritable ascenseur émotionnel. Une réalité ou ce voyage m'a tout l'air d'être une malédiction me rappelant mon passé pour mieux perturber mon présent.

Une remise en question basée sur les certitudes d'une vie tout entière, sans que cela n'arrange en rien mon scepticisme. Ce qui fait sans doute de moi un être cynique, mais il faut dire que j'ai toutes les excuses du monde pour être devenue celle que je suis.

Il n'est cependant point utile de revenir sur ces raisons puisqu'elles me forcent à penser à mon ex. Un homme que malgré moi, j'ai constamment en tête. Au lieu de m'offrir des lettres, Papi Lou aurait dû me donner la recette pour guérir du premier amour. Bien qu'il n'ait pas réussi lui-même à se sortir ma grand-mère Cassandre de la tête.

Agacée par le tournant que prennent mes pensées, je saute du lit afin de me préparer pour la course à l'héritage. Un marathon normalement sans surprise, puisque vertu de la loi française sur la réserve héréditaire, un parent ne peut déshériter ses enfants.

Les dispositions prises par Papi Lou ne peuvent qu'être en accord avec ça. Personnellement, je me fous de l'argent. La seule chose que je souhaite, c'est que ce cirque finisse afin que je rentre à Paris au plus vite. Du reste, j'ai très envie à écourter mon séjour, ce qui je suis certaine, va énerver Léo.

Or, la moindre possibilité d'échappatoire représenterait pour moi une aubaine.

Allez quoi, depuis que je suis là, c'est le septième cercle des enfers.

Après un passage plus ou moins long dans la salle de bain et une séance maquillage sophistiqué, j'enfile une petite robe courte bohème chic au décolleté plongeant. Ce petit bijou blanc est une vraie provocation, mais je n'en ai cure.

J'assortis ma mise avec des escarpins Lancer 100 en cuir verni rouge de chez Jimmy Choo et un sac cabas Neverfull Louis-Vuitton. Ainsi prête, je descends afin d'être véhiculé par Léo chez maître Zeender le notaire de Papi Lou.

Il semble que je sois la seule petite fille conviée à cette lecture ce qui ne m'enchante pas vraiment. Me retrouver face aux cinq enfants légitimes alors que je ne suis que la fille de l'enfant illégitime, n'a rien de très glorieux. Et le fait de savoir que Diana, Françoise, Thierry et Ernest ne vont pas me faciliter la vie me contrarie davantage. Mais bien sûr tout ça, c'est sans compter la présence d'Arnaud Lévi Allarence.

L'unique personne dont la présence aurait pu m'apporter un certain réconfort ne doit pas grandement m'apprécier depuis le déjeuner avorté d'y hier. Roger, le père de Léo, aurait pu être encore le seul de mon côté sauf que maintenant, je n'y compte pas trop. Je suis tellement agité que je ne prends même pas la peine d'avaler quoi que ce soit. Je préfère largement être en avance pour ce rendez-vous de onze heures trente.

- Lys ?

Perdue dans mes pensées, la voix de Léo me fait sursauter et me prend complètement par surprise.

- Léo, dis-je.

Je me tourne dans sa direction en attente de ce qu'il va me dire. Il s'avance vers moi, me prend dans ses bras puis me chuchote.

- Quoiqu'il se passe aujourd'hui Lys, surtout, je t'en supplie, ne pas les laisser t'atteindre.

Avec amitié, j'étreins mon cousin pour le rassurer un peu. Notre effusion de tendresse écoulée, nous dirigeons vers la voiture.

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