Prologue

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À cette heure d'affluence, le rond-point des oliviers commence à s'engorger. Il est le passage obligé pour entrer dans cette petite petite ville du sud du Portugal. En deuxième position dans la file, j'observe le conducteur de la voiture rouge devant moi qui hésite, ce qui m'agace. Soudain, il s'élance, n'ayant sans doute pas vu le cheval. D'où je suis, j'imagine déjà la collision, elle semble inévitable. Le conducteur enfin remarque la carriole qui arrive, le tzigane, debout, tient les rênes à deux mains, les tend. Le véhicule derrière la carriole pile. Mais la voiture rouge reste une seconde de trop.

Le tzigane agite son fouet dont la lanière passe devant le museau du cheval. Elle fait une volte dans l'air. Puis il donne du mou aux rênes en lançant un Yahh ! Le fouet cette fois caresse les oreilles de l'animal qui réagit immédiatement. La carriole passe de justesse entre la voiture obstruant le passage et le bord interne du rond-point. Alors, se sachant tiré d'affaire, le gitan se retourne, fier, et invective le chauffeur de la voiture. Deux enfants, accoudés à la planche arrière du véhicule, se mettent aussi à lui crier dessus en riant. Une femme, assise sur le banc à côté de l'homme, sourit en le regardant.

Il est toujours debout, la chemise ouverte, et est secoué au rythme du trot du cheval. Il rit lui aussi et la famille continue son chemin, brinquebalée sur les pavés qui secouent la carriole aux roues de bois.

La voiture rouge bloque maintenant la circulation sur tout le rond-point : le conducteur a calé.

Je lâche un gros soupir. La frayeur d'une catastrophe qui m'avait semblé inéluctable s'estompe déjà. Seuls me restent à l'esprit les gestes gracieux et précis du meneur de cheval. Et sa fierté, aussi, entouré des siens et faisant fi des voitures et de ceux qui les conduisent si mal.

Je me rappelle alors un article lu il y a quelques semaines dans le journal, auquel je n'ai pas prêté grande attention sur le moment : À partir du 1er janvier 2016, les véhicules à traction animale seront interdits sur les routes du pays, toutes les routes.

Ils sont trop dangereux, dit-on.

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