Chapitre 10 - E.T. téléphone maison

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— Qui c’était ? lança Jack Hansen. 

Il porta une part de Pumpernickel à sa bouche, puis s’essuya les doigts sur sa chemise bûcheron usée par le temps. Il ne cessait de déambuler dans la grange, monté sur ressorts tel un enfant souffrant d’hyperactivité.  

— Les Kohler. Violette n’est pas rentrée, répondit Olga, d’un calme olympien.

Olga Hansen ne portait pas dans son cœur les Kohler. Leur petite famille bonne sur tout rapport l’ennuyait au plus haut point. Or, elle ne pouvait ignorer les regards portés sur cette adolescente trop sexy pour son âge mais trop innocente pour se glisser incognito dans la peau d’une adulte. Ils relevaient de l’indécence et ne lui disaient rien qui vaille. Les Kohler agissaient avec indifférence, comme si ce que faisait leur fille n’avait pas une once d’importance. Quelle famille saine d’esprit se comportait ainsi ?

— Mmh. Cette gamine est prête à tout pour attirer l’attention.

— Jack ! s’emporta Olga. Ce n’est qu’une enfant. 

Elle avait beau ne pas apprécier les Kohler, Violette ne méritait pas tant d'animosité Le respect était une valeur fondamentale qu’elle prônait. Et ce, même si cette adolescente aimait jouer les aguicheuses !

Jack entrouvrit le tiroir de la commode en orme. Il poussa un amas de courrier sans trouver ce qu’il cherchait. Olga pouvait lui dire ce qu’elle voulait, cela ne lui faisait ni chaud, ni froid. Et ce, depuis bien longtemps. Il jouait les couples modèles en société pour ménager les apparences. Mais, leur couple n’était que le reflet du Titanic. Il fallait être un véritable idiot pour apprécier les critiques abondantes d’Olga envers leurs voisins, Bitterburg et sa vie de femme au foyer. Elle lui pressait la tête comme un citron sans en avoir conscience. 

Dos contre le mur de la cuisine, Knut ferma les yeux. Ce qu’il venait d’entendre lui donnait la chair de poule. Et si Alo avait raison ? Violette était-elle en danger ? Ces Crops Circles avaient-ils un rapport avec sa disparition ? 

—  Tu as vu mes clefs ? s’impatienta Jack. Elles ne sont pas dans l’entrée, ni dans cette saleté de commode.

En parfaite ménagère dans sa robe à épaulettes mauve, la jolie blonde porta une couche de rouge à ses lèvres. Elle embrassa le miroir en métal sans quitter des yeux, un Jack au bord de la crise de nerfs. Olga ne l’avait pas vu dans un tel état depuis la naissance de Knut.

—  Tu les as certainement laissées sur le contact, lança Olga depuis le salon. Où comptes-tu aller ?

— Récupérer des chutes de bois à la scierie, répondit Jack. 

— Balivernes, pesta Knut depuis sa cachette, priant pour ne pas être entendu et recevoir une vilaine correction. 

La scierie n’offrait pas son matériel : fermeture définitive ou non. Le fils d’Arnold Hartmann, gérant de cette maudite boîte, le répétait à qui voulait l’entendre. Un moyen de faire un pied de nez aux habitants de Bitterburg qu’il jugeait responsable du triste sort de son entreprise. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette information n’était pas tombée dans l’oreille d’un sourd. 

Impossible que Jack Hansen vole quelques planches !  Alors où filait-il ? tergiversa Knut.

— Knut, un appel pour toi ! hurla Magnus depuis l’étage, une cigarette plaquée contre son oreille droite. 

Il se faufila dans le hall d’entrée à pas de loup. L’adolescent décrocha le combiné. 

— Knut ? Tu me reçois ? brailla une voix fluette. 

Alo perché sur le repose-pied tentait de maintenir son équilibre. Il maudissait l’inventeur du téléphone mural. 

— Cinq sur cinq, répondit Knut, tout en surveillant ses arrières. 

—  Violette est avec toi ?

Knut se racla la gorge. Le rouquin échappa de peu à la chute. 

— Les Kohler ont appelé…, marmonna Alo, submergé par l’angoisse.

— Ici aussi, le coupa Knut.

— Tu sais ce que ça signifie ? lança Alo, tremblant.

— Quoi ? 

Knut tenait fermement le téléphone de peur qu’il ne s’échappe. Alo n’avait rien d’un être aussi mystérieux. Ce rôle lui revenait !

— Que les extraterrestres existent !

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