Chapitre 8 - La beauté de la jeunesse se trouve même chez les vaches.

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Joséphine Kohler, les bottes couvertes de boue, attendait le long de la voie communale. Trempée comme une canne, la frange aplatie par le crachin, elle songea à rebrousser chemin lorsque les phares, d'une voiture vert Anglais, l'ébouirent. Elle aurait pu la reconnaître entre mille.

La portière claqua.

Joséphine croisa les bras, furieuse. Sa jupe en tulle était bonne à jeter. Quel gâchis ! Et pour couronner le tout, elle était convaincue que son petit-ami venait de la trahir. Sinon, pour quelle autre raison serait-il en retard à leur rendez-vous ?

— Tu étais avec elle ? hurla-t-elle, les larmes aux yeux. Cette Constance Schmitt !

Son mascara avait coulé. Elle ressemblait désormais à un raton laveur ayant nagé un cent mètres tout habillé.

— Bébé... Je comprends que tu sois furax mais ..., bafouilla son interlocuteur, un blondinet tout juste majeur, bâti comme un rugbyman.

— Tu ignores à quel point ! le coupa-t-elle.

Elle rongea l'ongle de son pouce, retirant les dernières traces de son vernis pailleté.

Ne pleure pas, se persuada-t-elle. Il n'en vaut pas le coup.

Mais les larmes roulaient sur ses joues. Elle tenta de se ressaisir. Elle détestait faire éclater au grand jour sa vulnérabilité et encore plus lorsque celle-ci était liée à un garçon. Elle redressa ses épaules voûtées par la désillusion et le fixa intensément, sans baisser les yeux. Si elle le faisait, elle s'avoureait vaincue.

— Tu lui as dit ? lui demanda-t-elle, mains sur les hanches.

Le jeune homme porta son attention sur ses baskets. Il le faisait à chaque fois qu'il avait commis une bêtise.

— J'ai raison, c'est ça ? renchérit-elle, étouffant un sanglot.

Son coeur battait à tout rompre.

Constance avait été mise dans la confidence. Cela signifiait une chose : maintenant qu'elle connaissait son secret, Joséphine était fichue. Dès demain, la petite ville de Bitterburg jaserait derrière son dos. Comment avait-elle pu en arriver là ?

Le rugbyman s'assit sur le capot, penaud.

— On s'était mis d'accord pour garder cela secret, ajouta Joséphine, lèvres pincées.

Il resta de marbre.

— A quoi bon ? Tout le monde aurait fini par le savoir de toute façon, rétorqua-t-il, sans un remords.

Il glissa sa main dans ses cheveux blond foncé. L'obscurité accentuait son bronzage encore frais.

— Tu n'es qu'un idiot ! pesta Joséphine.

Les larmes roulèrent de plus belle sur ses joues rosies par l'humidité.

— Allez, lui dit-il doucement. Ne sois pas fâchée.

Elle lui tourna le dos. Et dire qu'elle s'était imaginé vieillir à ses côtés. Comme elle avait pu être stupide ! Elle n'avait plus aucun avenir à présent ...

— Je t'aime Jo.

Il savait l'effet que cela lui faisait quand il prononçait ces trois petits mots.

La jolie brune essuya ses larmes, déboussolée. Elle ne se laisserait pas berner si facilement.

— Rentrons, murmura-t-il.

Il s'approcha et posa sa main sur son épaule osseuse. Il sentait bon le tabac froid et le chewing-gum au citron.

Joséphine remonta la fermeture éclair de sa doudoune, mordillant sans relâche sa lèvre inférieure. Il ne lui restait qu'une chose à faire avant que la nouvelle ne s'ébruite : fuir.

Violette retint sa respiration. Elle n'avait pas perdu une miette des échanges entre sa soeur et ce type. Et dire qu'elle pensait que Jo passait le plus clair de son temps chez ses amies.

Mon oeil !

À la place, elle galochait ce sportif arrogant.

Violette recula. Les brindilles craquèrent sur son passage et une nuée de corbeaux s'envolèrent.

— Tu as entendu ? chuchota Joséphine, tandis que la Golf 1 Cabriolet démarrait sur les chapeaux de roues.

***

— Nuit étoilée ici le tonnerre gronde, à vous ?

Alo et Knut, emmitoufflés dans leur K-Way de fortune, poireautaient sous la pluie battante depuis deux longues heures. Trempés des pieds à la tête, leurs talkies-walkies à la main, ils grelottaient. De sacrés aventuriers !

— Rends-toi à l'évidence Al', elle ne viendra plus.

— Il y a quelque chose de pas net là-dessous.

— Elle doit dormir bien au chaud dans son lit, comme la moitié des habitants de cette ville, pendant qu'on se caille les miches, râla Knut. Qui voudrait affronter une tempête pareille ?

Alo se mura dans le silence. Jamais Violette n'avait manqué une seule de leurs sorties. Comment Knut pouvait-il rester aussi zen ?

— Qu'est-ce qu'on fait . s'impatienta Knut.

Ils auraient l'air fins avec une bonne fièvre ou la gastro.

Alo bougonna. Une chasse sans violette n'avait aucun sens.

— Vas-y toi si tu y tiens tant. Moi je rentre, lança Alo, amer.

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