Chapitre 6 - “Une amitié qui ne peut pas résister aux actes condamnables de l'ami n'est pas une amitié.”

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Knut Hansen n'avait pas perdu une miette des échanges entre le vieux Hank, cette journaliste à la langue aussi tranchante qu'une lame de rasoir et ces amateurs de surnaturel. Un instant même, il se demanda si Violette ne lui avait pas reniflé les cheveux. Cette situation lui semblait irréelle. Enfin il se passait quelque chose d'excitant à Bitterburg !

— Knut ! Par ici ! hurla Alo.

Habitants et touristes émergeaient de part et d'autre. Jamais Alo n'avait vu autant de monde mettre les pieds à Bitterburg. Et il comprenait pourquoi. Ce spectacle était des plus édifiants !

Laissant de côté ses nouvelles résolutions et détendue par le nombre incalculable de visiteurs, Violette agita son index et compta à voix haute.

— Cinq Crops Circles ! conclut-elle.

À l'annonce de ce chiffre, Alo manqua de s'écrouler sur son cul rebondit.

— Sa-per-li-po-pette ! articula-t-elle, abasourdie.

Comment pouvait-elle prendre ses distances à présent ? Il était clair que les garçons n'en resteraient pas là maintenant qu'ils avaient matière à approfondir leurs recherches.

— Vous avez vu ça ? lança Knut, ravantson enthousiasme.

Il voyait comment Violette les regardait : avec un soupçon d'embarras.

Aloysius photographia un par un ces étranges symboles.

— Comment avons-nous pu passer à côté de ça ? chuchota Poil de carotte.

Violette croisa les bras. Il recommençait. Elle détestait quand il s'enfermait dans son monde fictif pour perdre pied peu à peu.

Alo jeta un coup d'oeil vers Violette. Il savait qu'elle l'observait. Qu'elle était belle, postée là, au beau milieu du champ. Elle ressemblait trait pour trait à April Brown, personnage féminin de Critters, la poitrine en moins. Il avait enfin la sensation d'endosser le rôle d'un personnage de série B.

— C'est bien mieux qu'E.T., pas vrai ? poursuivit-il incapable de se taire.

— Vous croyez que les militaires vont rappliquer ? ajouta Violette, cherchant désespérement à mettre fin à ce qui l'attendait.

— Peut-être bien... Regardez, le Maire est déjà là, murmura Knut.

Le principal intéressé offrait des sourires et des poignées de mains à tous ceux qui croisaient sa route. Il se pavanait au bras de Rose Haas, son épouse. Cette dernière profita d'un moment de répit pour l'entraîner à l'écart de la foule.

— Tu as une idée de qui ça pourrait être ? marmonna-t-elle, priant pour ne pas être entendue.

Contrairement à Robert Haas, Rose appréciait la discrétion. Elle passait le plus clair de son temps à l'église ou dans son boudoir. Elle préférait le calme que lui procurait la lecture à l'agitation des dîners mondains.

Robert resta pensif. La ville n'était plus aussi attractive que par le passé. Ce fait divers ne pouvait donc pas mieux tomber. D'autant plus que ces journalistes attiraient très vite d'autres curieux.

— Je l'ignore Rose, ajouta-t-il, en grattant sa barbe poivre et sel.

Il refusait de confier ses pensées à sa femme de peur qu'elle ne le juge. Elle haïssait le monde dans lequel il évoluait, basé sur l'apparence, truffé de magouilles et mené de coups bas. Rose faisait l'autruche et s'était convaincue que son tendre mari était resté l'homme droit qui avait fait chavirer son coeur au bal des pompiers.

— La police a-t-elle été avertie ? lui demanda-t-elle, craignant néanmoins d'être déçue.

— Cela ne saurait tarder. Je ne pense pas que le vieux Hank supportera encore bien longtemps tout ce tapage.

Contacter les autorités lorsque la situation dégénérait ne relevait-il pas de la compétence du Maire ? Rose déglutit péniblement, contrariée par cette prise de conscience.

Depuis l'autre côté du champ, Violette fixait Robert Haas. Ce dernier se réjouissait à mesure que ces vautours de journalistes affluaient. L'adolescente avait remarqué que Bitterburg sombrait peu à peu. Ses parents en parlaient régulièrement. Encore plus depuis la fermeture de la scierie. Celle-ci signait la mort de l'activité locale.

— Vingt-deux heures devant chez moi, capish ? brailla Knut, l'extirpant de ses songes.

Il les salua puis disparut au milieu des plans.

— Viens Violette, souffla Alo.

Il se comportait comme si la ville était mise sur écoute.

— Nous n'avons pas une minute à perdre, enchaîna-t-il.

Bien que peu emballée par ce qui l'attendait, Violette ne put dissimuler un gloussement. Alo ne payait pas de mine dans son t-shirt à l'effigie d'AC/DC trop grand pour lui.

— Qu'y a-t-il de si drôle ? lui demanda-t-il mal à l'aise et quelque peu vexé.

— Rien du tout, rétorqua-t-elle. Roule champion !

Elle rit à nouveau jusqu'à ce que son coeur se serre. Combien de temps encore devrait-elle faire semblant ?

Alo haussa ses épaules frêles. Les filles pouvaient être ... si spéciales.

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