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« On me parle d’un temps mort /

D’un mauvais moment à passer /

Et tant d’autres choses encore /

Que j’n'ai pas envie d’écouter… »

Virginie Ledoyen & Pascal Obispo,

extrait de leur duo musical sur le titre Qu’on ne me parle plus de toi, écrit par Lionel Florence et composé par Pascal Obispo (1997).

Préfecture de Police du 16e arrondissement

rue du Bouquet Longchamp

Paris 16e

Le surlendemain

15:15

La photo fera le tour du monde. Paul en premier plan, avec Jérémie dans ses bras, et toi dans l’ombre, discrète, effacée derrière tes verres solaires. Un teint diaphane, une silhouette malingre, presque fantomatique, à la traîne. Le cliché s’affiche à la une des tabloïds internationaux qui pronostiquent à court ou moyen terme la séparation du quasi mythique couple Werner-Avryle. Le destin de la star la plus bankable du box-office hexagonal, nouvelle ambassadrice de la marque Gemey-Maybelline, et de l’essayiste controversé passionne le public. Surtout lorsque le vernis craque. C’est tellement plus rassurant pour le quidam de se dire que même les célébrités peuvent connaître des échecs sentimentaux.

Le kidnapping de votre gosse, quarante-huit heures plus tôt, par le groupuscule responsable de l’attentat du festival d’Avignon a sérieusement entaillé votre idylle, et ledit cliché, pris à la sortie du commissariat, en révèle bien davantage que des mots. On te dit déprimée, rongée par la culpabilité d’avoir été négligente envers ton môme. Les journalistes sont loin d’avoir saisi l’ampleur de ta détresse, plus grande, plus profonde qu’un banal et temporaire vague à l’âme. Tu ne feras aucune déclaration, tu n’as pas la force d’affronter la presse, tu n’as plus la force de rien.

Ces micros qui t’effraient tout à coup n’intimident pas du tout Paul. Il sait tourner les médias à son avantage et en faire bon usage.

J’ai été profondément affecté par l’enlèvement de Jérémie. C’est un acte inhumain. Parce qu’il est inhumain de se servir de mon fils pour tenter de me détruire. J’éprouve une profonde aversion pour ces personnes qui portent atteinte à l’innocence, à la dignité, à l’intégrité physique et morale des enfants au nom de la défense d’une cause, quelle qu’elle soit. Aujourd’hui, j’ai une pensée pour Philippe Garance, la jeune victime de l’attentat d’Avignon, perpétré par ces mêmes personnes, et pour ses parents, sa famille. Ils attendent un vrai procès, et comme moi, ils ont foi en la justice de leur pays pour sanctionner comme il convient de le faire ces délits, ces crimes.

Monsieur Werner, dans votre dernier ouvrage, vous vous positionnez ouvertement en faveur de la peine de mort. Pouvez-vous préciser à quel type de crime vous souhaiteriez la voir appliquer ?

Écoutez, Messieurs, je ne suis pas ici pour faire la promotion de mes écrits. J’ai accepté de répondre à certaines de vos questions, je crois que vous avez désormais matière à faire votre métier. Je n’ai plus rien à ajouter et vous prierai à présent de bien vouloir nous laisser, mon fils ayant été très éprouvé. Je vous remercie.

Pour la tenue de son rôle et sa prestation sans fausse note, le sachant par ailleurs commanditaire d’actions meurtrières n’épargnant ni femmes ni enfants, il mériterait presque un Oscar. C’est lui qui attire la lumière des projecteurs lorsque tu ne joues pas. Non, c’est sûr, il n’a rien d’autre à ajouter. Il suffit de lire entre les lignes pour deviner qu’il n’aspire plus qu’à une seule chose : te rayer de sa vie. Et de celle de Jérémie.

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